Les 46 militaires ivoiriens que la junte militaire malienne détient
dans ses geôles depuis le dimanche 10 juillet, seront-ils enfin relâchés?
C’est, sans aucun doute, le souhait le plus ardent d’enfants ivoiriens qui
souffrent de l’absence forcée de leurs pères, partis en mission, mais qui se sont
retrouvés prisonniers des autorités de la transition malienne qui ont brandi
ces soldats comme des mercenaires. En plus de ces enfants qui seront comblés de
fêter la Nativité avec «papa», ça sera des familles entières qui seront
heureuses de retrouver leurs chefs, en ce crépuscule de 2022 et veille de la
nouvelle année 2023.
Assimi Goïta va-t-il se découvrir
une âme de «papa» Noël dont le premier cadeau sorti de sa hotte sera
la libération des militaires ivoiriens que les Ivoiriens considèrent comme des
otages du colonel malien? Ou alors, est-ce l’ultimatum lancé, le 4
décembre, par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest
(CEDEAO), lors de son dernier sommet des chefs de l’Etat, à Abuja qui fait ses
effets? En tout cas, comme dans un ras-le-bol face à cette situation qui a pris
des airs de tragi-comédie au scénario mal conçu, les têtes couronnées de
l’Afrique de l’ouest ont sommé le Mali des putschistes de mettre fin à la
captivité des 46 militaires ivoiriens, et ce au plus tard le 1er janvier 2023.
Sur les bords du Djoliba où il
s’est rendu ce jeudi, Robert Dussey, le missi dominici de Faure Gnassingbé, a
certainement porté, de vive voix à la junte militaire, le message de la CEDEAO.
Il faut dire que c’est le pouvoir double-putschiste de Bamako qui avait,
elle-même fait le choix du chef de l’Etat togolais comme son médiateur dans la
crise qui l’oppose à Abidjan. Après avoir observé, mais surtout essayé par le
biais de plusieurs des leurs de faire tomber la fièvre entre les deux voisins
et frères unis par l’histoire, la géographie et la culture, les chefs d’Etat de
la sous-région ont probablement décidé d’y aller franco, afin de rendre aux
leurs ces hommes incarcérés, injustement selon les autorités ivoiriennes.
Mais rien n’est encore définitivement
joué, car les options de la justice, de la politique et de la diplomatie se
côtoient toujours dans ce dossier qui ne cesse d’empoissonner les relations
séculaires entre la Côte d’Ivoire et le Mali dont les peuples ont toujours
commercé dans une fraternité appréciée. L’affaire a même fait des mécontents
loin des frontières des deux pays, ayant mis a mal la légendaire solidarité
africaine. Assimi Goïta qui, jusque là n’a cédé ni aux interventions des
politiques, ni à celles des religieux, encore moins aux supplications
d’artistes et de familles en détresse parce que souffrant de l’absence de fils
ou pères, reviendra-t-il à de meilleurs sentiments? Va-t-il comprendre que les
sanctions financières et commerciales prises en son temps par la CEDEAO ne sont
pas que du fait d’Alassane Ouattara, mais le tarif appliqué aux auteurs de
coups d’Etat, a fortiori des doubles putschistes?
De plus, vouloir se servir des
«otages» ivoiriens comme monnaie de change contre d’anciens caciques du régime
déchu de Ibrahim Boubacar Keïta qui se seraient réfugiés en Côte d’Ivoire, ne
fera que compliquer davantage les relations entre Ivoiriens et Maliens, les
seconds accusant de vouloir déstabiliser leur pouvoir. D’où il faut se réjouir
de cette demande de la junte malienne à la Côte d’Ivoire de l’accompagner.
Toute chose qui pourrait faire baisser entre les deux pays la tension, voire la
faire tomber. Et ce serait déjà ça de gagné!
Car, la lutte contre le
terrorisme et les autres défis de l’heure appellent davantage les pays de
l’Afrique de l’ouest à la cohésion qu’à la désunion! Le père Noël pourrait donc
venir plus tôt au Mali, si tant est que le colonel le veut!