Le procès de l'ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et d'une
dizaine d'anciens officiels militaires et gouvernementaux, ouvert mercredi, a
été ajourné. Il reprendra mardi 4 octobre mais, en attendant, pour de nombreux
Guinéens, l’ouverture de ce procès, 13 ans après les faits, est un événement
inédit. Un geste positif en matière de lutte contre l’impunité dans le pays.
Notamment pour ceux dont des proches, des amis, des collègues ont été victimes
des violences commises au stade de Conakry le 28 septembre 2009.
Installé devant sa petite
boutique de matériels sanitaires, Amara Kourouma discute avec ses clients du
procès sur les événements du 28 septembre 2009 : Amara Kourouma n’était pas au
tribunal mercredi, mais ce vendeur est bien fier de voir que de nouvelles infrastructures
ont été construites et qu’un tel procès puisse s’ouvre en Guinée et non à
l’étranger. « On est content de ça, parce que quand on arrive à juger ici,
c'est un grand pas pour nous. La justice, c'est pour tout le monde. »
Rond-point Bambeto, au cœur des
manifestations anti-3e mandat d’Alpha Condé. Ibrahima Minata Diallo dirige une
ONG dans le quartier. Pour lui, ce procès est un premier pas pour lutter contre
l’impunité.
« C'est vraiment un jour
historique pour la Guinée. La Guinée, c'est le pays qui a connu le plus
l'impunité dans la sous-région. Depuis 1958, pratiquement tous les régimes qui
se sont succédés ont été des régimes répressifs. On a connu le régime de Sékou
Touré. Cinquante mille personnes ont perdu leur vie au camp Boiro, mais ça n'a
jamais fait l'objet d'un procès. »
Le nez dans ses commandes de
meubles, Yamoussa Soumah, un jeune menuisier, croit que ce procès aura des
effets bénéfiques à moyen terme. « Ceux qui sont à la barre aujourd'hui, c'est
eux qui nous dirigeaient hier. Aujourd'hui, c'est à leur tour de rendre des
comptes. Et ceux qui vont venir dans le futur, on espère qu’eux aussi, ils vont
prendre exemple pour ne pas commettre les mêmes crimes vis-à-vis du peuple. »
Yamoussa a en bien conscience, ce
procès est parti pour durer plusieurs mois. Faute de temps, il compte visionner
les résumés de ce procès dans les médias.
RFi