La 8ème conférence annuelle de l’Association panafricaine de lutte antivectorielle (Panafrican mosquito control association) réunit jusqu’à jeudi 29 septembre dans la capitale rwandaise quelque 500 scientifiques de plus de 50 pays du continent pour éradiquer le paludisme, la maladie qui tue en Afrique plus qu'ailleurs. Une conférence qui intervient alors que les appels à mobiliser les financements promis par le Fonds mondial se multiplient.
« Ma passion pour la recherche sur les moustiques vient du
fait que mon pays, le Kenya, est parmi les plus touchés par le paludisme »,
explique à RFI Duncan Kobye Athinya, spécialiste des insectes, et participant à
la 8ème conférence annuelle de l’Association panafricaine de lutte
anti-vectorielle qui s'est ouverte lundi 26 septembre à Kigali.
Ce scientifique kényan a vu les dégâts causés par la maladie
chez lui et plaide pour davantage de collaboration pour y mettre fin. « Nous
devons tous travailler ensemble de sorte que les maladies à transmission
vectorielle, parfois appelées les maladies des pauvres, soient réellement
éliminées du continent africain », a-t-il déclaré. « Par exemple en assurant une
collecte uniforme des données, poursuit-il. En effet, avec une meilleure
harmonisation, les données collectées dans diverses parties de l’Afrique
subsaharienne pourront être comparées et des scénarios créés pour trouver les
meilleures solutions pour éradiquer le paludisme. »
Responsable technique chez le fabricant de moustiquaires
Vestergaard, Athinya est néanmoins conscient de défis. La pandémie de Covid-19
a notamment ralenti les progrès accomplis au cours de deux dernières décennies.
« C’est peu probable que nous arrivions à atteindre l’objectif (de 2030) pour
éradiquer le paludisme, mais ça ne veut pas dire que rien n’a été fait. »
Le palu « tue un
enfant dans le monde chaque minute »
Seulement, il faut aller plus loin. « Il nous faut des
plateformes. Comme cette conférence de l’Association panafricaine de lutte
anti-vectorielle. La plupart des pays du continent sont présents pour partager
leurs idées », avec à la clé des partenariats signés à la fin du sommet.
Cette huitième édition intervient une semaine après le
sommet des Nations unies à New York, où le Fonds mondial a levé 14,2 milliards
de dollars pour lutter contre cette pandémie mais aussi contre la tuberculose
et le sida.
C’est quatre milliards de moins qu’attendu, selon la
porte-parole de l’ONG Speak Up Africa, Maelle Ba. « C’est vrai que nous
attendions que les 18 milliards de dollars soient mobilisés. Malheureusement,
ils ne l'ont pas été » a-t-elle réagi.
Dans une tribune publiée vendredi, son organisation de
plaidoyer présente au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Sénégal, a
interpellé les dirigeants à New York pour leur demander de redoubler d’efforts
afin de mettre fin au paludisme qui, selon Maelle Ba, « tue un enfant dans le
monde chaque minute », 96% d’entre eux se trouvant en Afrique. « Nos dirigeants
en Afrique doivent prioriser cette maladie, on attend plus d’investissement au
niveau de l’Afrique dans la lutte contre le paludisme », a-t-elle déclarée à
RFI.
Si la société civile s’attend à plus d’investissement, les
chercheurs comme Duncan Kobye Athinya, veulent plus de collaboration.
Manque de
coordination derrière le retour d’Ebola ?
Mais il y a un problème. Les différents pays africains ont
encore du mal à partager leurs connaissances pour s’attaquer aux problèmes de
santé. D’après un rapport de Thomson Reuters, sur les six pays les plus
performants en matière de recherche, aucun ne comptait un pays africain parmi
ses principaux partenaires.
Une absence de coordination que certains pointent comme
étant responsable de la flambée de cas d’Ebola en Ouganda. Même si pour Athinya
ce n’est pas si simple : « La transmission de ce type de maladies suit des
modèles très complexes que les gens ne pourraient pas comprendre. »
L'épidémie d'Ebola de 2014-15 a causé une perte estimée à
plus de 2 milliards de dollars pour les économies déjà durement touchées de la
Guinée, du Liberia et du Sierra Leone. Certains observateurs estiment que la
crise aurait pu être évitée si les données avaient été partagées.
« Ne jouons pas au jeu dangereux des reproches lorsqu’il y a
une épidémie » estime pour sa part Athinya. « Continuons à être responsables et
à faire de notre mieux. »
Source : Radio France
Internationale