Le président de l’Union des forces démocratiques de guinée (UFDG) est toujours dans l’œil du cyclone judiciaire, notamment la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), qui ne démord pas. D’où cette commission rogatoire, dont la mise en place vient d’être annoncée par le ministre de la Justice et garde des sceaux, afin de recueillir le son de cloche de M. Cellou Dalein Diallo, du côté de Dakar, où il a trouvé refuge depuis son départ de la Guinée.
Une démarche qui suscite certes un élan de commisération
chez les militants et sympathisants de l’ancien Premier ministre. Mais qui peut
être perçue comme un moindre mal, dans ce dossier judiciaire relatif au bradage
d’un des appareils de la défunte compagnie aérienne Air Guinée, devenu inexorable
pour Dalein.
Décidément, la présence du leader de l’UFDG hors du pays,
depuis maintenant plusieurs mois, ne suffirait plus à le mettre hors de cause
dans l’affaire Air Guinée, remise au goût du jour par le parquet de la CRIEF.
Qui entend ainsi mettre le grappin sur le loup qui se cacherait dans cette
transaction, s’il y en a bien entendu. Ce que l’entourage du président de
l’UFDG dément, tout en qualifiant toute cette procédure de cabale, montée en
épingle juste pour barrer la voie du palais Sékhoutouréyah à leur « champion ».
Une manière, sans doute pour la junte, de mettre à exécution
le plan de velléités hégémoniques que ses contempteurs lui prêtent, à tort ou à
raison.
Une telle entreprise aussi machiavélique soit-elle, ne
pourrait réussir qu’en mettant hors course Dalein, en tant que tête de pont des
forces vives et maillon essentiel de la classe politique guinéenne.
C’est du moins la théorie servie par le camp du principal
opposant au pouvoir du CNRD. Qui croit dur comme fer que cette affaire s’est
dégonflée, partant de la version de l’homme d'affaires Mamadou Sylla, qui sur
toute la ligne, a tenu à disculper Dalein.
Même si le parquet de la CRIEF ne l’entend pas de cette
oreille. Et trouve qu’il y a bien matière à poursuite dans ce dossier relatif à
la vente d’un Boeing 737 sous la deuxième république. Quand Cellou était tout
puissant ministre des Transports et des travaux publics.
La commission rogatoire dont il s’agit sera conduite par un
magistrat sénégalais, qui pourra entendre le mis en cause. Sans aucun pouvoir
de coercition, apprend-on de source judiciaire.
C’est cette audition qui déterminera certainement la suite
de la procédure. A noter que sur les trois personnalités visées dans cette
affaire, deux seraient déjà inculpées par la CRIEF. Il s’agit d’Elhadj Mamadou
Sylla et de M. Cheick Amadou Camara, l’ancien ministre de l’Économie et des
finances.
C’est dire que cette affaire n’a nullement été classée par
M. Aly Touré, le procureur spécial de la CRIEF, contrairement à ce que certains
observateurs avaient pensé. Preuve que cette junte a de la suite dans les
idées. A Dalein d'y aller franco, s'il veut laver son honneur.
Mamadou Dian Baldé