Les années viennent les unes après les autres et construisent ainsi la
légende des siècles. C’est ainsi que 2022 s’en est allée, cédant la place à
2023. A l’instar du reste du monde, l’Afrique continue de vivre et de subir ce
cycle sans fin des âges, avec ses joies et surtout ces peines.
C’est ainsi que les Africains ont
assisté, impuissants aux deux dernières prises de 2022. La défunte année, à son
crépuscule a, en effet, emporté avec elle plusieurs grands noms dont Pélé, ce
monstre sacré du sport, le plus grand footballeur de tous les temps, le roi du
ballon rond, mort à 82 ans et dont les obsèques sont prévues pour ce mardi.
Alors que tous croyaient l’année
2022 rassasiée, elle se montrera insatiable jusqu’au bout, ôtant à l’affection
des chrétiens catholiques, le Pape émérite Benoit XVI, ce 31 décembre. De son
vrai nom Joseph Ratzinger, surnommé «le grand inquisiteur», l’histoire
retiendra de ce pape émérite, décédé à 95 ans, est celui qui aura demandé
pardon pour les violences sexuelles commises par des clercs, même sur le
continent noir.
L’Afrique dans sa partie ouest,
est aussi, malheureusement, entrée en 2023, avec ses différentes transitions
politiques, nées des putschs militaires qui ont touché le Mali, la Guinée et le
Burkina Faso. Tout comme cette même zone continue d’être perturbée par
l’affaire dite des 49 militaires ivoiriens aux mains des autorités maliennes
qui, les accusant d’être des mercenaires viennent de les juger, leur collant
des peines très lourdes auxquelles l’opinion était loin de s’attendre. Les
trois soldates, pourtant libérées pour des «raisons humanitaires» par la junte
militaire au pouvoir à Bamako, ont écopé de la peine capitale par contumace,
pendant que les 46 autres ramassaient 20 années de réclusion criminelle.
Etonnant verdict puisqu’au regard
des derniers pourparlers, avec tous les signaux de bonne volonté manifestés
lors de la visite de la délégation ivoirienne en terre malienne, en fin
décembre, même les observateurs les plus sceptiques se mettaient à rêver
sérieusement que les militaires ivoiriens avaient toutes les chances de fêter
la nouvelle année en famille. Que nenni! Faut-il le reconnaitre, même s’il se
susurre qu’il pourrait accorder aux condamnés la grâce présidentielle, le
colonel Assimi Goita fait preuve d’une inflexibilité des plus déroutantes, au
mépris des relations séculaires de bonne entente entre les peuples maliens et
ivoiriens.
Son adresse à la nation malienne
à l’occasion de l’année nouvelle le laisse entendre de façon subliminale. Pas
d’allusion à «ses» prisonniers, alors que la situation empoisonne les relations
avec son voisin ivoirien. Autre discours du nouvel an, même affaire des
militaires ivoiriens, autre tonalité: le président Alassane Ouattara, lui,
semble afficher une sérénité qui tranche d’avec la réalité des faits puisqu’il
assure que les 46 militaires ivoiriens «regagneront bientôt la Côte d’Ivoire».
Alors? Qu’est-ce qui se trame de part et d’autre? Les jours à venir nous
renseigneront sans doute davantage.
Il faut juste souhaiter que la
raison habite les uns et les autres pour que cette affaire connaisse un
dénouement à même de ramener la concorde et la fraternité entre les Africains
qui ne doivent pas se tromper de combat. La seule lutte qui vaille aujourd’hui
la peine est celle contre les terroristes qui écument le Sahel, et de plus en
plus les pays du golfe de Guinée comme…la Côte d’Ivoire. Du reste, Abidjan
vient de boucler le procès des auteurs de la fusillade de la cité balnéaire de
Grand Bassam qui a fait, le 13 mars 2016, 19 morts et une trentaine de blessés.
En tout cas, les populations, elles, souhaitent pour cette partie du
continent africain qui subit les affres des tourments socio-politiques, la fin
des putschs militaires. Sans oublier ces troisièmes mandats et autres exercices
de contorsionniste qui, savamment, tordent le coup à la constitution pour
s’offrir le fauteuil présidentiel ad vitam aeternam.
Et si 2023 pouvait guérir l’Afrique de l’ouest de toutes ces tares? Nous aurons, alors, année gagnée!