Le 15e sommet des Brics bat son plein à Johannesburg depuis ce mardi
22, et ce jusqu’au 24 août. De nombreux chefs d’Etat africains, soit trente, se
sont joints à leurs pairs d’autres continents pour donner de l’éclat, en
présentiel, à cette rencontre dont les précédentes ont subi les dures réalités
de la pandémie du Covid-19.
Mais deux « têtes couronnées »,
et pas des moindres sont contraints de suivre la réunion de loin. L’un, en
l’occurrence le Russe Vladimir Poutine, dans l’œil de la Cour pénale internationale
(CPI) qui lui a collé un mandat d’arrêt, est resté à la maison, et se contente
d’intervenir par visio-conférence, notamment pour dézinguer l’ONU et plus, si
la coordination de «sa » guerre en Ukraine lui en donne le temps. Sergueï
Lavrov, le chef de la diplomatie de l’ours russe de Kremlin, portera bien la
voix de son patron, en terre sud-africaine que celui-ci a tenté en vain de
fouler à l’occasion de ce sommet. L’autre président, le Français Emmanuel
Macron suivra, depuis les bords de la Seine, car n’ayant pas été invité à
Joburg, cette nouvelle percée sur le continent noir, du Brésil, de la Russie,
de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, réunis sous la bannière des
Brics. Pourtant, tous les deux auraient bien voulu jouer les stars, comme ils en
ont l’habitude, au pays de Nelson Mandela !
Ces absences digérées sans grands
efforts, les Brics dont la Chine constitue actuellement la tête de proue, se
sont véritablement attaqués aux défis économiques du monde qui se voient
désormais imposer de nouveaux paradigmes, passage du Covid-19, entre autres,
oblige. Mais ce raout économique qui cache mal des visions politiques, dans un
monde de crises et de conflits divers, servira également, selon les mots sans
fard du Brésilien Lula, à renforcer les liens entre les Brics et le continent
noir. Une Afrique devenue la terre de toutes les convoitises, tant pour la
jeunesse de sa population et ses richesses naturelles dont l’or, le pétrole, le
gaz, l’uranium, le cobalt, pour ne citer que ça, que pour son ralliement
souvent nécessaire, pour ne pas dire décisif, à l’ONU où chaque pays dispose
d’une voix lors des votes !
Sans oublier que le marché
africain, fort de sa cinquantaine de pays, est reconnu comme société de
consommation légendaire des produits finis déversés par l’Occident, sur un
continent qui avait été dépouillé au préalable de ses matières premières. De
plus, nombre de dirigeants africains, friands du «tout nouveau, tout beau», et
poussés par le vent du changement et de la fameuse «diversification» des partenaires
qui les fait quitter la tutelle d’anciens maîtres pour celle de nouveaux,
paradoxalement au nom de la «souveraineté non marchandable», n’ont d’yeux que
pour les Brics.
Ainsi donc, ils sont nombreux,
les Africains, décidés à apporter de nouvelles briques aux Brics, qui, s’ils
parviennent à ouvrir à tous ceux qui frappent à la porte, devront peut-être se
trouver un autre nom. Sauf qu’il y aura, sans doute, en ce qui concerne
l’Afrique, beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ! En tout cas, au titre des pays
africains qui pourraient rejoindre l’Afrique du Sud de Cyril Ramaphosa aux
Brics, se positionnent l’Algérie et l’Egypte. Quid des autres candidats dont
certains ne peuvent même pas, pour diverses raisons, se mettre au diapason des
règles des organisations sous-régionales et continentale, dont ils font partie
? Que sont-ils proposer aux Brics dont ils attendront, en retour, beaucoup,
notamment les aides au développement et les prêts qui ne seront pas soumis aux
critères de bonne gouvernance et de respect des droits de l’Homme ?