Des personnes, des groupes de pression politiques et des leaders
d’opinion semblent vouloir limiter l’histoire de la Guinée à l’avènement au
pouvoir, en 2010, du Président Alpha Condé et aux années de sa Présidence.
Alors que depuis l’indépendance
de la Guinée en 1958, beaucoup de dirigeants se sont relayés dans l’appareil
d’Etat et les rouages de l’administration, et des régimes se sont succédé
aussi.
On aurait pu croire que c’est
parce que la personnalité de l’homme et ses prises de positions marquent une
rupture, que sa passion de la Guinée supplanterait celle les autres, mais, en
réalité, c’est une tentative de sous-estimer ses efforts et minimiser son
bilan.
Peine perdue, cependant. Car la
comparaison avec les autres, en soi, rétablit la vérité et la justice, et
surtout montre que la Guinée pleure autant ses années de retard qu’elle se
console avec l’élan de progrès amorcé. La frustration pour les années perdues,
la colère à cause des nombreuses occasions manquées, sont un héritage que le
Professeur Alpha Condé tente de solder en forçant la Guinée au progrès, en
exhortant le Guinéen au travail pour retrouver la confiance perdue et la fierté
oubliée.
Dans ce combat qui oppose les
habitudes chroniques du passé au défi de redresser les hommes et de changer la
société, l’allié demeure un peuple patient mais pas résigné, l’obstacle
permanent reste l’oligarchie politico-administrative sans cesse portée à la
démagogie et au clientélisme. Beaucoup de politiques parlent comme s’ils ne
sont comptables de rien, ou que s’il leur avait été donné encore d’être aux
affaires, ils pourraient faire ce qu’ils n’ont pas été capables de faire, ce
qu’ils ont déjà échoué à faire.
C’est comme si le statut actuel
d’opposants ou d’adversaires du régime, était une absolution pour tous les
crimes ou manquements passés, et un blanc-seing pour bercer le pays d’illusions
ou ameuter l’opinion avec des accusations systématiques contre celui qui tient
aujourd’hui les rênes du pays.
Puisqu’on aime parler de ce que
le Professeur Alpha Condé n’aurait pas fait ou réussi, pour tenter de cacher la
forêt de ses réalisations, qu’en a-t-il été avant lui et par le fait de qui ?
De 1958 à 2010, y-a-t-il eu plus
de bonheur et de prospérité que ces dix dernières années ? Ayant hérité de tous
les travers des régimes successifs, peut-on lui reprocher de chercher à y
apporter des solutions pragmatiques et révolutionnaires, même dans un
empressement patriotique et l’impatience de réussir ?
Avant lui, qu’a-t-on fait de nos
mines tant convoitées par certains et devenues l’obsession d’autres ? Que
valaient-elles ? Qu’ont-elles apporté ? N’a-t-il pas fallu attendre que le
Professeur Alpha Condé soit là pour que des barrages hydroélectriques comme
Kaleta, Souapiti, longtemps considérés par de nombreux Guinéens comme un pari
impossible, voient le jour ? N’en est-il pas de même pour tous les projets et
les ambitions portés par un homme qui est en avance sur son temps et sur ses
concitoyens ?
Que peut-on attendre de celui qui
n’a jamais rien fait , ou est-on légitimé à critiquer celui qui fait mieux que
tous, subit les erreurs de tous, qui s’emploie de toutes ses forces à corriger
les erreurs de ses prédécesseurs dans un esprit de sacrifice et de don de soi
extraordinaires ?
Le Professeur Alpha Condé peut
paraître rêver et isolé dans sa vision et ses ambitions dans une société restée
trop longtemps figée, avec des concitoyens qui, avant lui, s’étaient résignés à
l’ennui des pratiques routinières et avaient fini par s’accommoder de la
tyrannie et de la léthargie du ” système’’.
Lui, refuse la fatalité de
l’échec et la médiocrité de croire à un sort déjà scellé, au progrès possible
pour certains peuples et pas pour d’autres, en homme d’histoire et de tous les
défis traversant le temps, les préjugés et les épreuves. C’est son destin
personnel et celui de la Guinée, maintenant.
Tibou Kamara