Le président déchu Alpha Condé vient de bénéficier d’un second sauf-conduit de la junte, dans le cadre d’un voyage médical devant le conduire en Turquie. C’est la preuve que l’ancien chef d’État ne serait pas au meilleur de sa forme. Lui qui venait de rentrer au bercail, il y a de cela un mois à peine. Après un séjour médical effectué aux Emirats Arabes Unies, dont l’autorisation avait aussi été quémandée le genou à terre, par l’ancien président et ses proches. Pour maints observateurs, Alpha Condé paierait ainsi la rançon amère de la défaite, après une ascension glorieuse, suivie d’une chute brutale.

Depuis le 5 septembre 2020, l’ancien locataire du palais Sékhoutouréah a tout d’un personnage d’une tragédie grecque. En effet, après une ascension glorieuse, marquée par une décennie de règne sans partage d’un pouvoir dont il a joui jusqu’à soif, Alpha Condé est tombé de son piédestal, comme un fruit mûr. Et depuis cette chute brutale, l’ancien monarque exécutif est sous les fourches caudines d’une junte militaire, qui tente de remettre le pays à l’endroit.

Bien que déclaré libre de ses mouvements, les proches de l’ancien président pensent qu’il serait plutôt en liberté surveillée. L’ouverture d’une information judiciaire contre le président et de près d’une trentaine de cadres issus de son régime, pour les crimes de sang commis sous son règne, n’aura fait que compliquer la donne pour lui. Ce qui justifierait d’ailleurs toute la peine du monde qu’il a eue à obtenir ce sauf-conduit, pour se rendre en Turquie. Une autorisation de voyage médicale arrachée au forceps.

Alpha se retrouve ainsi dans la posture de l’arroseur arrosé. Quand on sait que jusqu’à sa chute, certains de ses opposants étaient empêchés de quitter le pays pour des raisons de santé.

Preuve que les voies du seigneur sont insondables, c’est le président qui se voit désormais restreint dans ses libertés de mouvement. Tenu qu’il est, d’implorer la clémence du CNRD, à chaque fois qu’il a besoin de mettre le nez dehors.

Pour cette fois, comme lors de son premier voyage, la junte invoque des raisons humanitaires pour justifier sa magnanimité. Ce que les victimes de son régime et leurs proches voient d’un mauvais œil. Craignant que l’ancien président ne puisse échapper à la justice, en prenant simplement la poudre d’escampette. Vu que son hôte, Recep Tayyip Erdogan est quelqu’un dont il serait très proche. Tout ceci ne serait que pure conjecture. Quand on sait que les autorités de la transition disposent suffisamment de moyens de coercition contre Ankara, dont l’intérêt pour la Guinée en termes d’affaires, est sans cesse grandissant ces dernières années.

Mamadou Dian Baldé