Décidément, l'ancien locataire du palais Sekhoutouréya ne semble toujours pas s'être remis de ses émotions, depuis son éviction du pouvoir par le Conseil National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD). Après s'être muré dans un silence de cimetière, on a dorénavant affaire à un Alpha Condé en veine de confidence. Avec l'âme du combattant politique qu'on lui reconnaît, le champion du RPG essaie de s'accrocher à une branche, en se défaussant sur femmes, qu'il accuse de l'avoir poussé dans la tentation du troisième mandat. Ce mandat de trop, qui lui a été fatal. Un baroud de déshonneur dont il n'avait pas besoin.
Quand le pouvoir vous échappe, le revers
est difficile à supporter. Il s'agit là d'une vérité universelle. Le
traumatisme devient encore plus profond, si le monarque déchu est un friand de
l'exercice solitaire du pouvoir. Comme c'est le cas pour l'ex locataire du
palais présidentiel.
Que même ses amis des durs moments de
galère avaient du mal à reconnaître, durant son magistère. Tant l'homme avait,
selon eux, fini par céder aux sirènes de l'autocratie. C'est donc un
président qui, à force d'avoir les yeux en face des trous, a fini
par s'enliser dans les ornières. Comme le dit l'adage je cite : « plus
on suit ses passions, plus on se fourvoie ».
Alpha ne peut donc s'en prendre qu'à lui-même, pour
cette fin digne d'un personnage scorsesien. Mais l'opposant historique a
du mal à se résoudre à passer sous les fourches caudines d'une junte qu'il a
lui-même enfanté, réclamer sa démission. Après tout, quand il s'agit de
sauver la république, le sacrifice n'est jamais de trop. N'est-ce
pas Brutus, fils de César, qui prit sur lui de mettre fin aux jours de son
géniteur. Alpha Condé ne saurait l'ignorer, en tant que sorbonnard.
Maintenant que la messe est dite, le professeur
devrait plutôt ravaler son orgueil et sa fierté pour rendre officiellement
le tablier, comme le voudrait la préséance, au lieu de tenter de s'accrocher à
une branche. Ce qu'il serait d'ailleurs en train de faire.
Lui, qui jusque-là s'était claquemuré dans un silence
monacal, est désormais en veine de confidence. C'est du moins ce que révèle
Jeune Afrique. A qui il confie de but en blanc, avoir été contraint d'exercer
un troisième mandat par les femmes de Guinée, contre son gré. Quant au coup de
force perpétré par le CNRD, il y voit la main des forces réfractaires au
changement, qu'il était en train d'implémenter.
On le voit, c'est un président déchu, droit dans ses
bottes, qui dit préférer la mort que de déposer sa démission. Un baroud de
déshonneur pour un chef d'État dont le règne n'a été finalement marqué que par
des déconvenues.
Bien des gens pensent que ce serait tout
à son honneur, de faire profil bas, à l'allure où va le train de l'histoire. En
se remettant au bon dieu. Au lieu de se lancer dans un combat d'arrière-garde.
Après tout, l'histoire de la Guinée s'écrit dorénavant sans Alpha. Même la
communauté internationale s'y est résolue.
Mamadou Dian Baldé