Alpha ou le syndrome de Stockholm (l’Edito de Mamadou Dian Baldé)

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  • 27 mai 2021 15:10

  • Politique

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« J’ai pris la Guinée, là où Sékou Touré l’a laissée ». Cette petite phrase lapidaire lâchée par Alpha Condé, dans un de ses discours, une fois installé sous les lambris dorés du palais présidentiel, n’était pas qu’une formule creuse. Car, le chef de l’État s’est mué depuis, en véritable chantre du premier président guinéen, Sékou Touré, dont il magnifie les hauts faits au gré de ses sorties.

Comme à l’occasion de la commémoration ce 25 mai, du 58ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), actuelle Union Africaine (UA).

C’est dans un élan « nationaliste », à faire pâlir d’envie les nostalgiques de la première république, qu’Alpha a rappelé le rôle joué par la Guinée, en tant que porte-étendard de la lutte de libération dans les colonies françaises. Un leadership que le pays de Sékou Touré a réussi à imposer au-delà de la zone francophone. En témoigne l’implication de notre pays dans les guerres de libération des colonies portugaises de l’Angola, la Guinée-Bissau entre autres.

Le chef de l’Etat a, dans la même foulée, cantonné la France dans le rôle du méchant loup, qui voulait coûte que coûte déstabiliser le régime de Conakry. Dont acte. 

Au juger, cette abjuration du président vis-à-vis de son prédécesseur, pourrait paraître comme étant une manifestation du syndrome de Stockholm. Ce phénomène psychologique qui amène la victime à tomber sous le charme de son bourreau. Même si certains observateurs n’hésitent pas à qualifier la démarche d’Alpha, d’opportunisme politique. Car chez le président « tout est politique ». C’était d’ailleurs là, l’un des slogans du mouvement de Mai 68 en France.

Ne dit-on pas que les apparences sont souvent trompeuses.   

Voir aujourd’hui donc l’auteur de l’ouvrage pamphlétaire intitulé « Guinée : Albanie d’Afrique ou néo colonie américaine », ouvrage paru en 1972, revêtir la tunique de panégyriste disert de Sékou Touré. Qui l’eut cru que cela pouvait arriver un jour ? Étant donné que l’opposant Alpha Condé fut condamné par contumace, après l’agression du 22 novembre 70.

Preuve que la période de plomb de la première république est loin derrière nous. Le camp Boiro, un lointain souvenir.

Rappelons tout de même que sous la première république, entre Sékou Touré, le responsable suprême de la révolution, et Alpha Condé, alors opposant, c’était comme chien et chat. Leur idylle n’ayant duré que le temps d’un éclair. D’où cet exil forcé au bord de la Seine, jusqu’à la disparition de Sékou Touré le 26 mars1984.

Un chemin de croix que le nid douillet du palais semble avoir fait oublier au président.

 Mamadou Dian Baldé

  

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