« J’ai pris la Guinée, là où Sékou Touré l’a laissée ». Cette petite phrase lapidaire lâchée par Alpha Condé, dans un de ses discours, une fois installé sous les lambris dorés du palais présidentiel, n’était pas qu’une formule creuse. Car, le chef de l’État s’est mué depuis, en véritable chantre du premier président guinéen, Sékou Touré, dont il magnifie les hauts faits au gré de ses sorties.
Comme à
l’occasion de la commémoration ce 25 mai, du 58ème anniversaire de la création
de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), actuelle Union Africaine (UA).
C’est dans
un élan « nationaliste », à faire pâlir d’envie les nostalgiques de la première
république, qu’Alpha a rappelé le rôle joué par la Guinée, en tant que
porte-étendard de la lutte de libération dans les colonies françaises. Un
leadership que le pays de Sékou Touré a réussi à imposer au-delà de la zone
francophone. En témoigne l’implication de notre pays dans les guerres de
libération des colonies portugaises de l’Angola, la Guinée-Bissau entre autres.
Le chef de
l’Etat a, dans la même foulée, cantonné la France dans le rôle du méchant loup,
qui voulait coûte que coûte déstabiliser le régime de Conakry. Dont acte.
Au juger,
cette abjuration du président vis-à-vis de son prédécesseur, pourrait paraître
comme étant une manifestation du syndrome de Stockholm. Ce phénomène
psychologique qui amène la victime à tomber sous le charme de son bourreau.
Même si certains observateurs n’hésitent pas à qualifier la démarche d’Alpha,
d’opportunisme politique. Car chez le président « tout est politique ». C’était
d’ailleurs là, l’un des slogans du mouvement de Mai 68 en France.
Ne dit-on pas que les apparences sont
souvent trompeuses.
Voir
aujourd’hui donc l’auteur de l’ouvrage pamphlétaire intitulé « Guinée : Albanie
d’Afrique ou néo colonie américaine », ouvrage paru en 1972, revêtir la tunique
de panégyriste disert de Sékou Touré. Qui l’eut cru que cela pouvait arriver un
jour ? Étant donné que l’opposant Alpha Condé fut condamné par contumace, après
l’agression du 22 novembre 70.
Preuve que
la période de plomb de la première république est loin derrière nous. Le camp
Boiro, un lointain souvenir.
Rappelons
tout de même que sous la première république, entre Sékou Touré, le responsable
suprême de la révolution, et Alpha Condé, alors opposant, c’était comme chien
et chat. Leur idylle n’ayant duré que le temps d’un éclair. D’où cet exil forcé
au bord de la Seine, jusqu’à la disparition de Sékou Touré le 26 mars1984.
Un chemin de
croix que le nid douillet du palais semble avoir fait oublier au président.
Mamadou
Dian Baldé