Après Kiev, la délégation africaine met le cap sur Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) où elle est attendue samedi par Vladimir Poutine, au lendemain du rejet par Volodymyr Zelensky de son offre de médiation.
La délégation menée par le président sud-africain Cyril
Ramaphosa a proposé vendredi sa médiation de paix dans le conflit, estimant
depuis la capitale ukrainienne qu'il devait y avoir « une désescalade des
deux côtés ».
Elle s'est vu opposer une fin de non-recevoir de la part du
chef de l'Etat ukrainien, qui a dénoncé « une tromperie » de Moscou
en pleine contre-offensive de ses forces armées.
« Permettre une négociation avec la Russie maintenant,
quand l'occupant est sur notre terre, signifie geler la guerre, geler la
douleur et la souffrance », a tranché M. Zelensky lors d'une conférence de
presse conjointe avec les dirigeants africains.
L'Otan a salué cette médiation, tout en avertissant que
seule une solution « juste » reconnaissant l'agression russe
fonctionnerait.
Avant même l'arrivée sur ses terres des dirigeants
africains, Vladimir Poutine s'est quant à lui dit convaincu que la
contre-offensive de Kiev n'avait "aucune chance" de réussir, et que
les pays occidentaux seraient bien obligés de revenir vers lui, à ses
conditions. « Et nous verrons à quel moment et de quoi nous pourrons
parler avec eux », a-t-il lancé.
- « Honte pour
le peuple juif » -
Accusant à nouveau l'Ukraine d'être aux mains de néonazis
pour y justifier son opération militaire, le président russe a qualifié
vendredi à Saint-Pétersbourg son homologue ukrainien, de confession juive, de
"honte pour le peuple juif".
« J'ai beaucoup d'amis juifs depuis l'enfance. Et ils
disent que Zelensky n'est pas juif, mais une honte pour le peuple juif. Ce
n'est pas une blague », a-t-il dit lors d'un forum économique, auquel
l'AFP n'a pas pu assister faute d'avoir été accréditée, mais qui a été
retransmis en direct à la télévision russe.
La délégation africaine était arrivée dans la matinée à
Kiev. Peu après, la région de la capitale a été visée par une attaque de
missiles russes qui a déclenché des sirènes anti-aériennes suivies
d'explosions, et fait au moins sept blessés selon la police ukrainienne.
Le chef de la diplomatie ukrainienne a aussitôt qualifié ces
frappes russes de « message à l'Afrique ». « La Russie veut plus
de guerre, pas de paix », a tweeté Dmytro Kouleba.
Vendredi, la délégation africaine avait commencé son étape
en Ukraine par une visite à Boutcha, cette banlieue de Kiev où l'armée russe
est accusée d'avoir massacré des civils.
Cette délégation comprend quatre présidents : Cyril
Ramaphosa (Afrique du Sud), Macky Sall (Sénégal), Hakainde Hichilema (Zambie)
et Azali Assoumani (Comores), qui dirige l'Union africaine, ainsi que des
représentants congolais, ougandais et égyptien.
L'Afrique est durement touchée par l'augmentation des prix
des denrées alimentaires et les conséquences de la guerre sur le commerce
mondial. L'Afrique du Sud refuse cependant de condamner la Russie pour son
agression, et est critiquée pour sa proximité avec le Kremlin.
La Russie de son côté s'efforce d'attirer dans son camp les
dirigeants africains en affirmant se dresser en rempart contre l'impérialisme
et en accusant l'Occident de bloquer avec ses sanctions les exportations de
céréales et des engrais russes essentielles à l'Afrique.
Parallèlement, M. Poutine a annoncé vendredi avoir transféré
au Bélarusse de premières armes nucléaires, concrétisant le déploiement annoncé
en mars par Moscou.
- « Relatif
succès » des opérations -
Moscou ne cesse de marteler que l'offensive en cours de
l'Ukraine sur les positions occupées par les Russes est un échec. Kiev assure
de son côté avoir libéré une poignée de localités et une centaine de kilomètres
carrés, essentiellement sur le front sud.
« Les forces ukrainiennes continuent de mener des
opérations tant offensives que défensives avec un relatif succès », a
déclaré vendredi soir Ganna Maliar, vice-ministre de la Défense. A Bakhmout
notamment, cette ville de l'est qui a fait l'objet d'une bataille acharnée, « nos
troupes mènent des offensives, prenant des hauteurs dominantes et des zones
boisées pour progressivement repousser l'ennemi », a-t-elle dit.
Des informations impossibles à vérifier de source
indépendante dans les conditions de la guerre.
Selon les analystes militaires, l'Ukraine n'a pas encore
lancé le gros de ses forces dans sa contre-offensive, et teste encore
actuellement le front pour en déterminer les points faibles de la défense
russe.
Agence France Presse
(AFP)