La réplique du gouvernement, à l’assaut perpétré contre la Maison centrale de Conakry, s’est faite de manière instantanée. Et quasiment à la mesure de l’affront fait à l’institution judiciaire par la bande à Verni Pivi. Qui, jusqu’à preuve du contraire est considéré à tort ou à raison comme le cerveau de cette opération d’exfiltration du capitaine Dadis Camara et trois de ses lieutenants, inculpés dans l’affaire du massacre du 28 septembre. Et c’est donc à juste raison que le gouvernement a, du tac au tac, actionné son bras séculier.
A travers le glaive vengeur du président de la transition,
qui a tranché dans la foulée, plusieurs têtes au sein de l’armée ainsi que dans
l’administration pénitentiaire. Des radiations survenues le lendemain du raid,
et qui n’ont pas épargné trois des officiers fugitifs. Comme pour dire que le
chef de l’exécutif est décidé à moraliser nos forces de défense et de sécurité.
Quoi qu’il en coûte.
Après l’assaut périlleux contre la prison civile de
Coronthie, l’heure est venue de solder les comptes. La finalité de tout ce
branle-bas, étant de trouver des réponses au florilège de questions que bien
des citoyens continuent de se poser, autour de cette opération. A savoir qui a
fait quoi ? S’agissait-il d’une exfiltration volontaire ou d’un enlèvement ? Et
quels étaient les desseins inavoués du commando ?
Autant de zones d’ombres que la justice devra éclairer dans
cette affaire du diable. Ce rôle régalien lui étant dévolu de facto.
Pendant que dame Thémis poursuit son tour de piste, sur fond
de poursuites judiciaires contre la cible du commando, le chef de l’exécutif
s’est fait entendre à son tour dans la soirée du dimanche, à travers une série
de décrets portant radiation de plusieurs éléments de l’armée, ainsi que des
membres de la garde pénitentiaire.
Les uns pour « faute lourde » et les autres pour
"manquement au service ». A l’allure où va le train, on est en droit de se
dire que la purge ne fait que commencer au sein des forces de défense et de
sécurité. Certains observateurs iraient jusqu’à prédire un effet boule de neige
sur l’administration centrale. Où on irait chercher des têtes à couper, pour
affermir davantage le pouvoir du prince. Une manière pour le pouvoir de Conakry
de resserrer les boulons, après cette attaque qui a révélé des failles dans le
maillage sécuritaire de la cité.
Et comme l’a écrit Corneille dans le Cid, je cite : « quand
le bras failli, on en punit la tête ».
Mamadou Dian Baldé