Alors qu’ils attendent avec impatience les IXes Jeux de la Francophonie
que « Kin la belle » s’apprête à accueillir du 28 juillet au 8 août, les
Congolais assistent à un autre jeu, bien macabre, qui consiste à semer la
psychose dans le camp d’en face et affaiblir un leader de parti politique
adverse, en éliminant un de ses fidèles lieutenants. C’est ce qui semble se passer actuellement en
République démocratique du Congo ! La victime n’est autre que le député
Chérubin Okende, dont le corps a été retrouvé, ce jeudi, criblé de balles.
L’annonce de la disparition subite de l’ancien ministre et qui est considéré
comme une grande figure du microcosme politique de la RD Congo a suscité
l’émoi, tant au sein du pouvoir, de l’opposition que des populations.
Mais, c’est surtout une mort qui
laisse inconsolable une autre personnalité d’envergure de l’opposition
congolaise, Moïse Katumbi Chapwe. Chérubin était un des proches des proches du
président du parti Ensemble pour la République, et aussi du célèbre club de
football, le TP Mazembé. D’ailleurs, c’est sous sa casquette de dirigeant
sportif qu’il se trouvait à Abidjan, pour l’Assemblée générale de la
Confédération africaine de football (CAF) que le puissant homme d’affaires
congolais a été informé de ce qu’il a aussitôt qualifié d’« assassinat
politique», écourtant dans la lancée, son séjour ivoirien.
Que s’est-il donc passé pour que
de disparition mystérieuse dans l’après-midi du mercredi, on parle de la mort
de Chérubin Okende ce jeudi ? En tout cas, à l’instar de Moïse Katumbi, qui a
comparé cette mort à celle de Floribert Chebeya, militant congolais des droits
de l’Homme, assassiné le 2 juin 2010, des membres de l’opposition, entre
larmes, colère et inquiétudes, ont crié à « l’assassinat d’un opposant qui gêne
». Même le pouvoir s’est dit consterné par le triste évènement. Le chef de
l’Etat, Félix Tshisekedi et son gouvernement, condamnant un « acte odieux » ont
instruit la justice et la police afin que la lumière soit faite sur ce crime.
Car l’acte criminel ne souffre pas du moindre doute, une balle ayant traversé
la tête de l’ancien vice-président de la société civile du Congo (Socico).
Du candidat malheureux à la
présidentielle de 2018, Martin Fayulu à l’ancien Premier ministre de Joseph
Kabila, Matata Ponyo Mapong, en passant par le président de l’Association
africaine des droits de l’Homme, Jean Claude Katende, tout comme les
ambassadeurs de la Belgique, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union
européenne, tous ont élevé la voix contre cette mort horrifiante. Un assassinat
visiblement de trop, dans une RD Congo où le président Félix Tschisekedi,
opposant et fils d’opposant historique, avant de prendre le pouvoir dans la
contestation de son principal challenger, Martin Fayulu donné vainqueur des
élections par l’Eglise catholique congolaise à l’époque, est vivement critiqué
par ses opposants, sa société civile et une bonne partie du peuple.
En tout cas, cet assassinat
risque d’être l’étincelle qui pourrait mettre le feu aux poudres, si ça se trouve,
dans un contexte socio-politique hautement inflammable en RD Congo. C’est sans
mettre de gants que Bienvenu Matumo de la Lucha évoque « un crime d’Etat » dans
« une dictature sanguinaire qui tue et assassine toute voix opposante et dissidente
». Si la vérité est encore loin d’être connue sur cette mort dont les mobiles
restent également inconnus, il faut juste espérer qu’elle ne reste impunie
comme l’ont été des crimes du genre, en RD Congo et dans d’autres pays sous les
tropiques.
Il faut le dire de go, que ce soit un assassinat politique ou un acte crapuleux d’un individu, c’est un mauvais coup dont se serait bien passé, le pouvoir décrié et désormais impopulaire de Felix Tshisekedi, qui, comme d’autres opposants africains ont profondément déçu le peuple qui voyait en eux, des parangons de vertu.
WS