Le directeur d’EDG, Bangaly Maty, lors d’une conférence le 22 octobre a
fait savoir qu’EDG produit environ 2.466 GWH pour ses 620.000 clients environs.
Le prix de vente du kilowattheure, dit-il est de 680 francs guinéens alors
qu’il est produit à 2.100 francs guinéens. Il a reconnu un ajustement
tarifaire (jamais rendu public auparavant) pour atteindre un équilibre
financier. « Soit l’Etat continue de subventionner ou les abonnés
paient le tarif normal ».
En effet, la situation financière
de la société EDG inquiète le gouvernement qui essaye de trouver des solutions.
Que devons-nous retenir de cette situation ?
BILAN de EDG AU 31 DÉCEMBRE 2020
(à préciser que ce bilan n’est pas encore audité)
Le total BILAN se chiffre 4145
milliards de francs guinéens. 608 mille abonnés. 823 MW installé pour une
puissance de 2466 GWH
Les immobilisations sont
constituées du patrimoine d’EDG dont la valorisation est incertaine. La Banque
Mondiale a financé un projet de d’inventaire et de valorisation à travers le
PRSE. Ce projet est toujours en cours avec un consortium des cabinets : RSM,
NATRAY et BDO ;
Le poste Clients est
essentiellement constitué de créances clients qui sont des impayés de factures
clients, une hausse de 991 MdsF en 2020 contre 644 MdsF en 2019, se justifie
par :
o L’augmentation de la
facturation liée à la demande ;
o Le report des échéances de
paiement des factures recommandé par l’Etat dans le cadre du programme de
riposte contre l’épidémie de COVID 19 ;
o Le non-paiement par les clients
des factures émises au pic de l’épidémie ;
o Le décalage des paiements des factures
de l’Administration pour lequel des discussions sont en cours ;
Les stocks sont essentiellement
constitués de pièces de rechange, de consommables ainsi que des combustibles de
production. Toutefois ces stocks doivent faire l’objet d’une revalorisation
compte tenu des risques élevés d’obsolescence de certains articles à faible
taux de rotation ;
Les autres créances sont
constituées principalement de la TVA et des préfinancements de projets.
La trésorerie « actif″ est
composée des soldes débiteurs de banque et de caisse, cette hausse est
confortée par la prise en charge par l’état des clients vulnérables et les
hôtels ce qui a permis d’enregistrer des entrées de fonds considérables, et
dans le même temps la limitation des décaissements, ceci étant elle reste tout
de même temporaire car des règlements de fournisseurs sont à prévoir.
Le capital social est constitué
d’écart de réévaluation, des primes d’apport, des reports à nouveau et
également des subventions d’investissement. La hausse de 1 419 MdsF des
capitaux propres (+79% en 2020 par rapport à 2019) est essentiellement due à la
reconversion de la provision – Achat énergie KALETA – de 2 406 MdsF en capitaux
propres.
Les Dettes à Moyen et long Termes
de 641 MdsF se composent des emprunts contractés auprès d’Institutions (AFD,
BEI, BAD, BID) pour le financement de divers projets ainsi que la dette
crédit-bail (GAETA) pour l’acquisition du siège d’EDG ;
La baisse considérable des dettes
fournisseurs se justifie par le reclassement en capitaux propres de la dette
Achat Energie Kaleta.
La trésorerie Passif est
constituée de soldes créditeurs des banques, situation due au compte attente de
trésorerie, des moyens de paiement en circulation passé dans nos livres et non
ceux des banques. L’un des objectifs stratégiques de la compagnie demeure la
réduction de la subvention d’exploitation.
ÉVOLUTION DU PRIX DE VENTE
14% de l’énergie est consommée
par les gros clients (MT et BT) qui représentent 35% du chiffre d’affaires ;
6% de l’énergie est consommée par
l’Administration qui représente 21% du chiffre d’affaires.
Le prix de vente de l’énergie
représente moins du tiers du coût de revient. Par conséquent, structurellement
chaque KWh produit ou nouveau client au réseau représente un déficit
commercial.
DES SOLUTIONS ENVISAGÉES :
La réduction des coûts
d’exploitation : a. La révision des contrats d’achat d’énergie, notamment les
clauses Take or Pay ; b. La réduction des pertes techniques (gestion des
variations de fréquence, réduction de l’énergie non distribuée, réduction des
temps équivalents de coupure) ;
L’amélioration du rendement des
centrales thermiques.
3. La révision à la hausse des
tarifs des clients domestiques, pour inciter les consommateurs à l’économie
d’énergie ;
4. La vente d’énergie aux miniers à des prix
négociés.
LES SUBVENTIONS ET GARANTIE DE
L’ÉTAT EN FAVEUR DE EDG EN 2021
En 2021 tout comme en 2020 dans
la Loi de finances, les dépense en faveur de la société Electricité de Guinée
se situent à 2 401 milliards dont une subvention d’exploitation d’un montant de
2 014 milliards dans le cadre des contrats relatifs à la fourniture de fuel, à
l’achat d’énergie, à la maintenance et à la couverture des charges
d’exploitation.
Il y a aussi une subvention hors
exploitation sous forme de garantie financière pour un montant total de 42,5
millions de dollars, soit 386,75 milliards GNF en faveur de la société de
gestion de Kaléta (SOGEKA).
Au vu de ce précède, nous faisons
les observations suivantes :
1- les 5000 milliards GNF de
subvention et garantie nous paraissent incompréhensibles car le total bilan de
2020 est de 4145 milliards avec une subvention de l’État autour de 2000
milliards. D’autant plus que la convention liant EDG à la société de gestion de
Kaleta SOGEKA ne prévoit qu’une augmentation de 1.5 par an jusqu’en 2025.
2- Quel est l’avis du régulateur
sur les tarifs appliqués aux consommateurs ? Cela implique de voir en amont le
coût d’achat de l’énergie aux producteurs indépendants.
3- L’augmentation du tarif de
l’électricité des ménages en période de crise est politiquement incorrecte. Sur
le principe le Ministre n’a pas tout à fait tort mais le taux de 50 % est
élevé. D’où la décision du conseil de ne pas retenir cette option.
4- Il est évident que tôt ou tard
les ménages devront payer un peu plus car dans le cadre de la mission –
virtuelle – dirigée par Clara Mira du Fonds monétaire international (FMI) en
Guinée Conakry du 14 au 28 avril 2021, l’institution a recommandé au
gouvernement guinéen de “poursuivre les réformes dans le domaine de qualité des
dépenses en améliorant la gestion des investissements publics et la gestion des
finances publiques, de manière à réduire progressivement les subventions pour
l’électricité et en mettant en œuvre le système d’ajustement automatique des
prix des produits pétroliers à la pompe”, selon le communiqué officiel de fin
de cette mission.
“Ces réformes doivent faire
l’objet d’une bonne évaluation du calendrier de leur mise en œuvre sous tendu
par une bonne politique de communication”, a souligné le FMI.
L’institution financière
conseille au gouvernement d’orienter les économies qui seront réalisées grâce à
ces réformes dans les filets de sécurité sociale (dispositifs qui ont vocation
à aider les ménages les plus pauvres par des transferts monétaires ou des aides
en nature, des allocations vieillesse, entre autres).
Mohamed CAMARA, Associé Gérant
Cabinet Conseil MOCAM CONSULTING