C’est comme si les menaces de dissolution des formations politiques et autres mouvements frondeurs de la société civile, proférées récemment par le ministre Mory Condé, avaient secoué l’apathie des forces vives. Les poussant à sortir du bois pour faire face à leur destin. Comme quoi, avec le couteau sous la gorge, ces forces vives n’auraient d’autre alternative que de battre le pavé. En vue de conjurer le mauvais sort.
La rue a toujours été un exutoire de la colère pour des
opposants indignés. C’est l’une des vertus démocratiques. Surtout quand
certains contrepouvoirs accusent le pouvoir de vouloir leur mettre la camisole
de force.
C’est à cette épreuve de force entre une junte qui voudrait
laver plus blanc et des forces vives, pressées de retourner à un ordre
constitutionnel, qui leur fait la part belle dans la gestion de la cité.
Dans cette guerre d’intérêt, qui ne dit pas son nom, c’est
le peuple qui trinque. Ne sachant où donner de la tête entre ces deux camps
antagonistes, qui se tiennent par la barbichette.
Et c’est une autre guérilla urbaine que « les frères ennemis
» s’apprêtent à nous faire vivre le 9 mars prochain. Suite à un appel à
manifester, lancé par les forces vives, cornaquées par le FNDC dissous. La
particularité de cette manifestation sera la présence assumée cette fois des
alliances politiques comme l’ANAD et le RPG-ARC-En CIEL et Alliés, entre autres.
Ce qui n’était plus le cas précédemment, lors de la
manifestation du 16 février. Où c’est le FNDC qui servait de cheval de Troie à
ces alliances politiques, dont la pusillanimité avait choqué l’opinion.
Fini donc la fourberie, il va falloir désormais y aller
sabre au clair. Car le gouvernement de transition ne veut pas faire dans la
dentelle contre les structures politiques ou sociales qui se rendraient
responsables de troubles à l’ordre public.
Et le ministre de l’Administration du territoire et de la
décentralisation, Mory Condé n’a pas manqué d’agiter l’épouvantail de la
dissolution des entités qui franchiraient le Rubicon.
C’est sans doute pour conjurer le mauvais sort que l’aile
dure des forces a décidé de sortir du bois. Pour affronter son destin. A
travers une manifestation de rue, pour « exiger l’arrêt des harcèlements
judiciaires des acteurs de la société civile et des leaders politiques et dont
certains sont arbitrairement détenus sans jugement depuis de longs mois ».
Tout en demandant « l’application sans délai des décisions
du dernier sommet de la Cédéao, exigeant des autorités guinéennes
l’organisation d’un dialogue inclusif et crédible avec les forces vives de la
nation pour définir de manière consensuelle les conditions du retour à l’ordre
constitutionnel », entre autres.
Des forces vives accusées par leurs détracteurs de vouloir
tout simplement surfer sur les sanctions de la Cédéao, pour tirer leurs marrons
du feu.
Mamadou Dian Baldé