Un nouveau Gabon est-il possible avec l’attelage ténors de
l’ex-opposition et anciens caciques du régime déchu à la tête des deux chambres
du futur Parlement de transition ? C’est la question que l’on pourrait se
poser. A côté de cela, un opposant à Ali Bongo, en l’occurrence Raymond Ndong
Sima, a été auparavant nommé Premier ministre du gouvernement de transition. Cet économiste de 68 ans a d’abord été Chef
du gouvernement d’Ali Bongo, de 2012 à 2014, avant de se présenter contre lui
aux présidentielles de 2016 et de 2023.
Dans la foulée, l’opposante Paulette Missambo et Jean-François Ndongou,
un cacique du régime déchu, sont respectivement nommés présidents du Sénat et
de l’Assemblée nationale, le 11 septembre dernier. Avec ces nominations, l’on constate qu’il y a
un souci de rassembler tous les Gabonais autour de l’intérêt commun,
c’est-à-dire remettre à flot le navire battant pavillon gabonais. Ce qui pourrait
augurer de bonnes perspectives. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces
actions du président du Comité pour la transition et la restauration des
institutions (CTRI), et président de la transition, Brice Clotaire Oligui
Nguema, présentent plusieurs avantages. Et c’est déjà bon à prendre. Car, cette
inclusion pourrait notamment réduire à sa plus simple expression, les
contestations corporatistes voire partisanes qui sont souvent nuisibles à la
bonne marche de la transition. Que ce soit dans l’ex-majorité ou dans
l’ex-opposition, on ne peut pas dire qu’il y manque des cadres compétents pour
faire du Gabon, un pays où il fait désormais bon vivre.
Le système Bongo doit être déraciné pour laisser la place à une
administration plus moderne
En tout cas, malgré ses ressources naturelles
immenses telles que le pétrole, le bois, l’or, le fer, le manganèse, le Gabon
fait partie des pays les plus pauvres au monde. Et c’est pourquoi le président
de la transition et ceux qu’il vient de nommer, sont attendus au pied du mur.
Les Gabonais ont assez souffert sous les règnes sans partage de Omar Bongo et
de son fils Ali. Cela dit, même si cette
inclusion suscite des espoirs, l’on est en droit de se poser la question de
savoir quelles peuvent en être les limites. Autrement dit, avec ces anciens
caciques du régime repositionnés, peut-on faire du neuf avec du vieux ? Pas si
sûr ! L’inclusion est une excellente chose, certes. Mais le Gabon n’est pas à
l’abri de dérapages sur fond de retour des vieilles pratiques. Et c’est
pourquoi il faut espérer que le gouvernement, les députés, les sénateurs et
tous ceux qui seront aux affaires, seront vraiment en mesure de procéder à des
réformes très profondes de sorte que « si le diable lui-même venait à gouverner
le Gabon, certaines procédures, certaines pratiques l’empêcheraient de faire ce
qu’il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple attend de lui », pour
paraphraser l’ancien président ghanéen, John Jerry Rawlings. Il y va de
l’intérêt du Gabon. En tout état de cause, le système Bongo doit être déraciné
pour laisser la place à une administration plus moderne et plus respectueuse du
bien commun. En un mot comme en mille, le Gabon doit être un pays totalement
refondé. C’est l’unique manière pour le président de la transition, le général
Brice Clotaire Oligui Nguema, d’entrer dans l’histoire.
Le pays