La Secrétaire d’Etat française au développement, Chrysoula
Zacharopoulou, effectue une visite de quarante-huit heures, soit du 11 au 12
mai 2023, à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Elle mettra à
profit son séjour en terre ivoirienne pour s’entretenir avec le Premier
ministre, Patrick Achi et la ministre des Affaires étrangères, Kandia Camara.
Et ce n’est pas tout. Elle assistera également à la pose de la première
pierre d’un nouveau bâtiment de l’Académie internationale de lutte contre le
terrorisme. La question agricole sera aussi à l’ordre du jour. De véritables
ballets diplomatiques français en Côte d’Ivoire, pourrait-on dire, puisque
cette visite de la Secrétaire d’Etat française au développement, s’inscrit dans
le prolongement des précédentes visites ministérielles dont celle de la cheffe
de la diplomatie française, Catherine Colonna, en décembre dernier. C’est dire
si l’axe Abidjan-Paris se renforce davantage. Et c’est tant mieux si cela peut
contribuer à améliorer le quotidien des peuples ivoirien et français. Tout
laisse croire que la France cherche, à travers la multiplication des visites
ministérielles en Côte d’Ivoire, à consolider son pré-carré. On est d’autant
plus fondé à le penser que la France a beaucoup d’intérêts à défendre au pays
d’Houphouët Boigny. En effet, le pays d’Emmanuel
Macron y comptait, en 2020, 200 filiales et 600 entreprises dirigées ou créées
par des Français. Mieux, depuis 2016-2017, l’Hexagone qui a réussi à détrôner
le Royaume chérifien qui tenait le haut du pavé en termes d’investissements
étrangers en Côte d’Ivoire, s’est lancée dans une dynamique de renforcement de
son assise à travers l’accroissement du nombre de ses filiales et entreprises.
La Côte d’Ivoire est concernée par la ré-articulation de la Force
française Barkhane
Et l’Eburnie qui est gâtée par la
nature au regard des immenses richesses dont elle regorge, est devenue l’un des
plus grands partenaires de la France, deuxième en Afrique subsaharienne en
2021. C’est dire si la Côte d’Ivoire… vaut bien une messe. Cela dit, au-delà
des questions économiques, le renforcement des relations bilatérales avec la
Côte d’Ivoire, est un enjeu majeur pour l’Elysée. Ce n’est un secret pour
personne que le sentiment anti- français se développe de plus en plus sur le
continent noir au point que l’influence de l’ex-puissance coloniale se rétrécit
comme peau de chagrin dans ses anciennes colonies. Dans un tel contexte, la
France ne peut se permettre le luxe de badiner avec la défense de ses intérêts
au risque de perdre sa part de marchés en Afrique. Autant dire que la bataille
diplomatique qui se joue en Côte d’Ivoire, n’est ni plus ni moins qu’une
stratégie pour reconquérir les cœurs des Africains. Mais autant la Côte
d’Ivoire est un partenaire stratégique pour Paris, autant l’Hexagone est un
partenaire stratégique pour Abidjan, surtout en matière de lutte contre l’hydre
terroriste. L’implantation et l’accélération du développement de l’Académie
internationale de lutte contre le terrorisme, sont autant d’éléments pour
convaincre la Côte d’Ivoire que la France compte. Et le président Alassane
Ouattara que l’on accuse à tort ou à raison d’être un « valet local » de
l’impérialisme français, semble croire dur comme fer que le partenaire idéal
pour son pays en la matière, est bel et bien la France. C’est pourquoi, au
moment où dans certains pays africains, on crie ’’ France dégage’’, ce dernier
l’accueille à bras ouverts puisque son pays est concerné par la ré-articulation
de la Force française Barkhane. Pourvu que les fruits tiennent la promesse des
fleurs.
Le pays