Banques et Assurances : La BICIGUI bascule sous pavillon américain (Enquête FIM FM)

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  • 22 juin 2021 12:22

  • Economie

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Le processus de cession de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de Guinée (BICIGUI), l’un des fleurons bancaires de notre pays, est désormais irréversible. Cela ne serait plus qu’une question de jours pour voir basculer cette banque sous pavillon américain. Après avoir été happée par l’américain Lilium Capital, cabinet de conseil et d’investissement global, propriétaire de Vista Bank, implantée récemment en Guinée. Le montant de la transaction qui va sceller le retrait définitif du Groupe français BNP Paris de sa filiale établie en Guinée depuis 1985 serait de 22 millions de dollars us.

 

Nous essayerons surtout de comprendre à travers cette enquête les raisons qui ont poussé BNP Paribas au départ, alors que les comptes d’exploitation de sa filiale n’étaient pas si catastrophiques que ça. Dans la même foulée, nous ferons une enjambée du côté de la compagnie d’assurance UGAR ACTIVA-VIE, pour voir si la restructuration de cette entité a produit l’effet escompté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

 

Notre Dossier d’enquête…

 

La cession de la BICIGUI à un autre repreneur est un secret de polichinelle. Mais ce qu’on ne savait pas, c’est que ce fleuron du groupe BNP Paribas bascule désormais sous pavillon américain.

 

Après avoir réussi l’installation de Vista Bank, l’américain Lilium Capital, ce cabinet de conseil et d’investissement global dit de premier plan, focalisé sur les marchés frontières, qui explore des nouvelles sources de financement pourrait prendre, cela avant la fin de ce mois de juin, le contrôle de la BICIGUI qui est une filiale de la BNP Paribas. Il faut rappeler que la BICIGUI est la première banque privée installée en Guinée depuis le 11 novembre 1985 suivant les termes de l’ordonnance n° 256/12/1985.

 

A combien s’élève la transaction entre BNP Paribas et le nouveau repreneur ?

 

La reprise de la gestion de la BICIGUI est la suite d’un processus de transaction qui aura duré deux ans. Déjà, une source bancaire soutient qu’un projet d’accord sera examiné par une Assemblée Générale des actionnaires prévue ce 23 juin et qui sera suivie d’une « closing » de la transaction d’une valeur estimée à environ $22 millions US le 24. Ceci consacrera la sortie définitive de BNP Paribas des actifs de la BICIGUI. La BICIGUI n’était pourtant pas une banque en faillite. Quand on sait qu’elle a réalisé un bénéfice net de près de 42 milliards GNF, selon un rapport datant de 2019.

 

Qu’est-ce qui a précipité cette fermeture ?

 

Par ailleurs, la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de Guinée est une société anonyme à participation publique. En 2019 son capital social était de 100 milliards GNF conformément à la règlementation bancaire édictée par la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). La part de l’État guinéen est de 7,25 %. Selon un rapport consolidé de 2019, consulté auprès d’un des services du Ministère de l’Économie et des Finances, la BICIGUI avait fait un bénéfice net 41,72 milliards GNF et disposait d’un fonds propre de 224,91 milliards GNF. Toujours en 2018, la BICIGUI qui est sous la double tutelle technique et financière de la Banque centrale et du Ministère de l’Économie et des Finances employait 350 personnes subdivisées en 247 hommes et 103 femmes.

 

Peut-on donc dire que cette banque était dans les normes en termes de respect des principes régissant les activités bancaires en République de Guinée ?

 

La BICIGUI est non seulement régie par une loi communautaire, l’acte uniforme de l’OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et la règlementation bancaire en vigueur et par tous les textes ultérieurs complémentaires ou modificatifs. Mais la BICIGUI est en plus, placée sous la tutelle technique et financière de la Banque centrale de la République de Guinée et du Ministère de l’Économie et des Finances. La BICIGUI dispose de tous les organes de gouvernance par rapport à la règlementation, notamment le Conseil d’Administration, la Direction Générale et le Commissariat aux comptes.

 

Risques d’éventuels cas de compression des travailleurs sous cette nouvelle tutelle ?

 

Je n’y pense pas. Il faut noter que la BICIGUI est représentée sur toute l’étendue du   territoire national, elle disposait en 2019 dans son portefeuille de 30 agences qui sont toutes fonctionnelles avec un effectif total de 350 employés, bénéficiant d’une masse salariale annuelle de 28,69 milliards GNF pour toutes les catégories confondues.

La mission principale de la Banque est la réception des fonds des ménages, l’octroi des crédits et la gestion des moyens de paiement.

 

Certains observateurs trouvent d’ailleurs que la BICIGUI employait peu de travailleurs. Ça ne suppose pas une surexploitation du personnel fixe ?  

 

Comme rappeler plus haut, enfin d’exercice 2018, la BICIGUI a réalisé un résultat net de 41,72 milliards GNF. Les impôts et taxes dus à l’État s’élevaient à 3,13 milliards GNF.

Selon diverses sources, la BICIGUI verse régulièrement les dividendes à l’État et elle est en règle vis-à-vis de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Toutefois sa politique d’embauche mérite d’être revue car, 350 emplois fixes pour 30 agences et le siège semblent très bas…

 

Autre sujet de cette enquête, c’est le dossier de l’Union guinéenne d’assurances et de réassurances (UGAR-ACTIVA). Comment se porte cette société d’assurance qui a l’air d’avoir fait peau neuve ?

 

Il est utile d’aborder le cas de l’UGAR-ACTIVA, dotée d’un capital social de 10 milliards GNF. La part de l’État guinéen est évaluée à 34%, correspondants à 3,40 milliards GNF. UGAR avait fait notifier un résultat net de 7,59 milliards GNF pour une série de capitaux propres de 20,07 milliards GNF.

 

Peut-on parler d’innovation sous cette nouvelle déclinaison de UGAR Activa-vie ?

 

UGAR dispose d’un Conseil d’Administration et d’un commissaire aux comptes. Elle opère dans le secteur des assurances ; la Banque Centrale de la République de Guinée et le Ministère de l’Économie et des Finances sont la tutelle technique et financière.

L’UGAR est l’une des toutes premières structures d’assurances en Guinée. Sa démultiplication a entrainé la création de l’UGAR Activa-vie qui est spécialisée dans le domaine de l’assurance-vie.

 

Côté comptes, est-ce que les voyants d’Activa sont au vert. Si oui, à combien s’élève le chiffre du résultat des bénéfices réalisés ?

 

L’UGAR a pour mission la réalisation des opérations d’assurances et de réassurances sur toute l’étendue du territoire national. Au 31 décembre 2018, la société a réalisé un résultat net de 7, 59 milliards GNF contre 7, 29 milliards GNF en 2017, soit une progression légère de 4,19%. Cette faible amélioration du résultat net de l’exercice 2018, par rapport à celui de 2017, est moins concluante, pour atteindre un niveau de performance appréciable.

 

Peut-on parler tout de même d’une amélioration de l’activité de la société au regard de tous les montants faramineux que nous avons sous les yeux ?

 

Les capitaux propres de l’UGAR se sont accrus aussi de 19, 73 milliards en 2017 à 20, 07 milliards GNF en 2018, soit une hausse de 1,73%. L’amélioration de l’activité de l’UGAR est occasionnée en grande partie par une baisse des sinistres supportés en 2018 par rapport à l’année précédente. Cela lui a valu une réduction des primes émises qui passent de 41, 61 milliards GNF en 2017 à 40, 94 milliards GNF en 2018, soit une régression de -1,58%.

 

Qu’en est-il de la filiale Activa vie ? Quel est son capital et les parts de l’Etat guinéen dans ses actifs ?

 

En ce qui concerne la filiale Activa Vie qui est une société anonyme, filiale de la Société UGAR ACTIVA à participation publique, elle dispose d’un capital social de 10 milliards GNF, dont 34% de participation de l’État. Elle opère dans le domaine des assurances et est placée sous la tutelle technique et financière de la Banque Centrale de la République de Guinée et du Ministère de l’Économie et des finances.

 

La société Activa Vie dispose des organes de gouvernance, notamment le Conseil d’administration, la Direction Générale et d’un commissariat aux comptes.

Elle a pour mission la réalisation des opérations dans le cadre de l’assurance vie et de réassurance sur toute l’étendue du territoire national.

 

Cette enquête estime à coût de milliards les montants des sinistres remboursés par la société. Pourtant de manière générale, nos assureurs n’ont pas bonne presse aux yeux de l’opinion qui les accuse d’abandonner les assurés à leur sort en cas d’accident ou de sinistre ?

 

Au cours de l’exercice 2018, la Société UGAR ACTIVA vie a remboursé des sinistres dont le coût s’élève à 17,89 milliards GNF contre 14,34 milliards en 2017 soit une hausse de 24,75%. Les primes émises à cet effet sont passées de 58,41 milliards GNF en 2017 à 66,30 milliards GNF en 2018, soit un taux d’augmentation de 13,50% entre ces deux exercices. Activa Vie a clôturé l’exercice 2018 avec un résultat net positif de 1,51 milliards GNF contre celui de 2017 qui se chiffrait à 1,15 milliards GNF, soit une amélioration de 31,30%. Ses capitaux propres ont enregistré une augmentation très modérée entre ces deux périodes, de 13,58 milliards GNF en 2017 à 13,95 milliards GNF en 2018, soit une faible hausse de 2,72%.

 

ACTIVA VIE en règle vis-à-vis du fisc guinéen ?

 

Les impôts et taxes dus à l’État sont passées de 970 millions GNF en 2017 à 1,76 milliards GNF en 2018, soit une forte hausse de 82,37%. Enfin, ACTIVA VIE a réalisé un résultat appréciable et progressiste, mais elle doit veiller au règlement de ses impôts et taxes pour le respect des lois en vigueur.

 

Enquête FIM FM Guinée

 

 

 

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