Le processus de cession de la Banque
Internationale pour le Commerce et l’Industrie de Guinée (BICIGUI), l’un des
fleurons bancaires de notre pays, est désormais irréversible. Cela ne serait plus qu’une question de
jours pour voir basculer cette banque sous pavillon américain. Après avoir été
happée par l’américain Lilium Capital, cabinet de conseil et d’investissement
global, propriétaire de Vista Bank, implantée récemment en Guinée. Le montant
de la transaction qui va sceller le retrait définitif du Groupe français BNP
Paris de sa filiale établie en Guinée depuis 1985 serait de 22 millions de
dollars us.
Nous essayerons surtout de comprendre à travers cette
enquête les raisons qui ont poussé BNP Paribas au départ, alors que les comptes
d’exploitation de sa filiale n’étaient pas si catastrophiques que ça. Dans la
même foulée, nous ferons une enjambée du côté de la compagnie d’assurance UGAR
ACTIVA-VIE, pour voir si la restructuration de cette entité a produit l’effet
escompté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Notre
Dossier d’enquête…
La cession de la BICIGUI à un autre repreneur
est un secret de polichinelle. Mais ce qu’on ne savait pas, c’est que ce
fleuron du groupe BNP Paribas bascule désormais sous pavillon américain.
Après avoir réussi l’installation de Vista
Bank, l’américain Lilium Capital, ce cabinet de conseil et d’investissement
global dit de premier plan, focalisé sur les marchés frontières, qui explore
des nouvelles sources de financement pourrait prendre, cela avant la fin de ce
mois de juin, le contrôle de la BICIGUI qui est une filiale de la BNP Paribas.
Il faut rappeler que la BICIGUI est la première banque privée installée en
Guinée depuis le 11 novembre 1985 suivant les termes de l’ordonnance n°
256/12/1985.
A combien s’élève la
transaction entre BNP Paribas et le nouveau repreneur ?
La reprise de la gestion de la BICIGUI est la
suite d’un processus de transaction qui aura duré deux ans. Déjà, une source
bancaire soutient qu’un projet d’accord sera examiné par une Assemblée Générale
des actionnaires prévue ce 23 juin et qui sera suivie d’une « closing » de la
transaction d’une valeur estimée à environ $22 millions US le 24. Ceci
consacrera la sortie définitive de BNP Paribas des actifs de la BICIGUI. La BICIGUI n’était
pourtant pas une banque en faillite. Quand on sait qu’elle a réalisé un
bénéfice net de près de 42 milliards GNF, selon un rapport datant de 2019.
Qu’est-ce qui a précipité
cette fermeture ?
Par ailleurs, la Banque Internationale pour le
Commerce et l’Industrie de Guinée est une société anonyme à participation publique.
En 2019 son capital social était de 100 milliards GNF conformément à la
règlementation bancaire édictée par la Banque Centrale de la République de
Guinée (BCRG). La part de l’État guinéen est de 7,25 %. Selon un rapport
consolidé de 2019, consulté auprès d’un des services du Ministère de l’Économie
et des Finances, la BICIGUI avait fait un bénéfice net 41,72 milliards GNF et
disposait d’un fonds propre de 224,91 milliards GNF. Toujours en 2018, la
BICIGUI qui est sous la double tutelle technique et financière de la Banque
centrale et du Ministère de l’Économie et des Finances employait 350 personnes
subdivisées en 247 hommes et 103 femmes.
Peut-on donc dire que cette
banque était dans les normes en termes de respect des principes régissant les
activités bancaires en République de Guinée ?
La BICIGUI est non seulement régie par une loi
communautaire, l’acte uniforme de l’OHADA relatif au droit des sociétés
commerciales et la règlementation bancaire en vigueur et par tous les textes
ultérieurs complémentaires ou modificatifs. Mais la BICIGUI est en plus, placée
sous la tutelle technique et financière de la Banque centrale de la République
de Guinée et du Ministère de l’Économie et des Finances. La BICIGUI dispose de tous
les organes de gouvernance par rapport à la règlementation, notamment le
Conseil d’Administration, la Direction Générale et le Commissariat aux comptes.
Risques d’éventuels cas de
compression des travailleurs sous cette nouvelle tutelle ?
Je n’y pense pas. Il faut noter que la BICIGUI
est représentée sur toute l’étendue du
territoire national, elle disposait en 2019 dans son portefeuille de 30
agences qui sont toutes fonctionnelles avec un effectif total de 350 employés,
bénéficiant d’une masse salariale annuelle de 28,69 milliards GNF pour toutes
les catégories confondues.
La mission principale de la Banque est la
réception des fonds des ménages, l’octroi des crédits et la gestion des moyens
de paiement.
Certains
observateurs trouvent d’ailleurs que la BICIGUI employait peu de travailleurs. Ça
ne suppose pas une
surexploitation du personnel fixe ?
Comme rappeler plus haut, enfin d’exercice
2018, la BICIGUI a réalisé un résultat net de 41,72 milliards GNF. Les impôts
et taxes dus à l’État s’élevaient à 3,13 milliards GNF.
Selon diverses sources, la BICIGUI verse
régulièrement les dividendes à l’État et elle est en règle vis-à-vis de la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Toutefois sa politique d’embauche mérite
d’être revue car, 350 emplois fixes pour 30 agences et le siège semblent très
bas…
Autre sujet de cette enquête, c’est le dossier de l’Union guinéenne d’assurances et de réassurances (UGAR-ACTIVA).
Comment se porte cette société d’assurance qui a l’air d’avoir fait peau neuve
?
Il est utile d’aborder le cas de l’UGAR-ACTIVA, dotée d’un
capital social de 10 milliards GNF. La part de l’État guinéen est évaluée à 34%, correspondants à 3,40
milliards GNF. UGAR avait fait notifier un résultat net de 7,59 milliards GNF
pour une série de capitaux propres de 20,07 milliards GNF.
Peut-on
parler d’innovation sous cette nouvelle déclinaison de UGAR Activa-vie ?
UGAR dispose d’un Conseil d’Administration et
d’un commissaire aux comptes. Elle opère dans le secteur des assurances ; la Banque Centrale de la
République de Guinée et le Ministère de l’Économie et des Finances sont la
tutelle technique et financière.
L’UGAR est l’une des toutes premières
structures d’assurances en Guinée. Sa démultiplication a entrainé la création
de l’UGAR Activa-vie qui est spécialisée dans le domaine de l’assurance-vie.
Côté
comptes, est-ce que les voyants d’Activa sont au vert. Si oui, à combien
s’élève le chiffre du résultat des bénéfices réalisés ?
L’UGAR a pour mission la réalisation des
opérations d’assurances et de réassurances sur toute l’étendue du territoire national.
Au 31 décembre 2018, la société a réalisé un résultat net de 7, 59 milliards
GNF contre 7, 29 milliards GNF en 2017, soit une progression légère de 4,19%.
Cette faible amélioration du résultat net de l’exercice 2018, par rapport à
celui de 2017, est moins concluante, pour atteindre un niveau de performance
appréciable.
Peut-on parler tout de même d’une amélioration de l’activité de la société au
regard de tous les montants faramineux que nous avons sous
les yeux ?
Les capitaux propres de l’UGAR se sont accrus
aussi de 19, 73 milliards en 2017 à 20, 07 milliards GNF en 2018, soit une
hausse de 1,73%. L’amélioration de l’activité de l’UGAR est occasionnée en grande partie
par une baisse des sinistres supportés en 2018 par rapport à l’année
précédente. Cela lui a valu une réduction des primes émises qui passent de 41,
61 milliards GNF en 2017 à 40, 94 milliards GNF
en 2018, soit une régression de -1,58%.
Qu’en
est-il de la filiale Activa vie ? Quel est son
capital et les parts de l’Etat guinéen dans ses actifs ?
En ce qui concerne la filiale Activa Vie qui
est une société anonyme, filiale de la Société UGAR ACTIVA à participation
publique, elle dispose
d’un capital social de 10 milliards GNF, dont 34% de participation de l’État.
Elle opère dans le domaine des assurances et est placée sous la tutelle
technique et financière de la Banque Centrale de la République de Guinée et du Ministère de l’Économie et
des finances.
La société Activa Vie dispose des organes de
gouvernance, notamment le Conseil d’administration, la Direction Générale et
d’un commissariat aux comptes.
Elle a pour mission la réalisation des
opérations dans le cadre de l’assurance vie et de réassurance sur toute
l’étendue du territoire national.
Cette
enquête estime à coût de milliards les montants des sinistres remboursés par la
société. Pourtant de manière générale, nos assureurs n’ont pas bonne presse aux
yeux de l’opinion qui les accuse d’abandonner les assurés à leur sort en cas
d’accident ou de sinistre ?
Au cours de l’exercice 2018, la Société UGAR
ACTIVA vie a remboursé des sinistres dont le coût s’élève à 17,89 milliards GNF
contre 14,34 milliards en 2017 soit une hausse de 24,75%. Les primes émises à
cet effet sont passées de 58,41 milliards GNF en 2017 à 66,30 milliards GNF en 2018, soit un taux d’augmentation de 13,50% entre ces
deux exercices. Activa Vie a clôturé l’exercice 2018 avec un résultat net positif de 1,51
milliards GNF contre
celui de 2017 qui se chiffrait à 1,15 milliards GNF, soit une amélioration de 31,30%. Ses capitaux propres
ont enregistré une augmentation très modérée entre ces deux périodes, de 13,58
milliards GNF en
2017 à 13,95 milliards GNF en 2018,
soit une faible hausse de 2,72%.
ACTIVA
VIE en règle vis-à-vis du fisc guinéen ?
Les impôts et taxes dus à l’État sont passées
de 970 millions GNF en 2017 à 1,76 milliards GNF en 2018, soit une forte hausse de 82,37%. Enfin, ACTIVA VIE a réalisé un résultat appréciable
et progressiste, mais elle doit veiller au règlement de ses impôts et taxes
pour le respect des lois en vigueur.
Enquête FIM FM Guinée