Porter un coup terrible à la finance comme à l’économie russe, pendant que Vladimir Poutine sera relégué au rang de « paria » sur la scène internationale : Joe Biden a défendu jeudi un arsenal de sanctions mises au point par les Etats-Unis et leurs alliés en réponse à l’invasion de l’Ukraine.
Ces représailles économiques et financières « dépassent tout
ce qui a jamais été fait », a soutenu le président américain lors d’une
allocution télévisée très attendue depuis la Maison Blanche.
Mais il a reconnu qu’il « faudrait du temps » pour évaluer
l’effet des sanctions américaines, qui contournent le secteur de l’énergie,
crucial pour la Russie.
Il a néanmoins assuré que face à ces mesures, accompagnées
d’annonces des Européens, des Britanniques et des Canadiens, son homologue
russe Vladimir Poutine allait devenir « un paria sur la scène internationale ».
L’offensive militaire russe « n’a jamais eu de réelle raison
de sécurité », a-t-il dénoncé. « Il s’est toujours agi d’agression pure, du
désir de Poutine de construire un empire, par tous les moyens nécessaires. »
Le démocrate de 79 ans a détaillé la réponse, surtout
économique, des Occidentaux.
Il a rappelé qu’il n’était pas question d’envoyer des
troupes américaines en Ukraine, qui n’est pas membre de l’Otan.
Joe Biden a en revanche promis une nouvelle fois de défendre
« le moindre pouce de territoire » de l’alliance militaire. Le Pentagone a
d’ailleurs annoncé dans la foulée l’envoi de quelque 7.000 soldats
supplémentaires en Allemagne.
– Banques, oligarques,
exportations –
Avec les sanctions annoncées jeudi, il s’agit de tarir à
court terme des flux de financement de la Russie et de compromettre à long
terme son développement technologique et militaire, tout en bousculant les
richissimes oligarques russes.
Désormais, les dix plus grandes institutions financières
russes se retrouvent visées par des sanctions, ce qui compromet leur accès aux
marchés financiers internationaux et aux transactions en dollars, la devise
reine de la mondialisation.
De quoi, selon Washington, provoquer une hémorragie de
capitaux et une flambée d’inflation.
Joe Biden a annoncé par ailleurs que plusieurs grandes
entreprises russes – 13 au total – ne pourraient plus désormais se financer sur
le marché financier américain, une sanction qui avait déjà été prise contre le
gouvernement russe lui-même.
Les Etats-Unis ont aussi rallongé la liste des oligarques
russes sanctionnés, afin de taper au portefeuille les grandes fortunes proches
de Vladimir Poutine, friandes d’investissements et de dépenses extravagantes à
l’étranger.
Enfin, Washington et ses alliés entendent restreindre de
manière drastique les importations de produits technologiques par la Russie, au
moment même où celle-ci, très dépendante de ses exportations d’hydrocarbures,
cherche à diversifier son économie.
« Plus de la moitié » des importations technologiques russes
seront bloquées, a promis Joe Biden, ce qui doit selon la Maison Blanche
compliquer le développement industriel et militaire de la Russie.
– Swift –
Il a toutefois précisé que ces lourdes représailles
financières ne s’appliqueraient pas au secteur des hydrocarbures, qui procure
d’abondants revenus à la Russie: « Nous avons précisément conçu (les mesures)
de manière à permettre aux paiements de continuer pour l’énergie ».
Washington craint de faire flamber encore davantage les
cours du pétrole et du gaz.
Le président américain a aussi été interrogé sans ménagement
par les journalistes sur les sanctions que les Occidentaux n’ont pas prises.
Il a assuré jeudi que couper la Russie du réseau
interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale, restait « une
option ». Mais il a précisé qu’une telle décision, réclamée par l’Ukraine,
n’était pas soutenue par les Européens.
Le président américain, qui a déjà évoqué publiquement la
possibilité de sanctionner Vladimir Poutine lui-même, a par ailleurs déclaré
que ce projet restait d’actualité. Mais sans expliquer pourquoi il n’était pas
déjà passé à l’acte.
Agence France Presse
(AFP)