Les biens confisqués par les États-Unis au vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue seront rendus aux Équato-Guinéens. Sous forme de médicaments et de doses de vaccins anti-Covid.
Aux confiscations internationales de biens jugés « mal
acquis » à des caciques de régimes approximativement démocratiques, l’opinion
africaine applaudit majoritairement, comme par réflexe. Mais rapidement se pose
la question du retour des fortunes gelées aux pays lésés. Il y a loin de la
coupe de la saisie occidentale aux lèvres du recouvrement populaire africain…
Le cas de la Guinée équatoriale – singulièrement celui de son vice-président –
cristallise les affaires dites des « biens mal acquis », tant le « fils de »
s’est vu confisquer de « jouets » au niveau international : hôtels
particuliers, voitures de course ou encore montres de luxe.
En juillet dernier, la Cour française de cassation
confirmait la condamnation de Teodoro Nguema Obiang Mangue à trois ans de
prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende, pour « blanchiment d’abus
de biens sociaux », « blanchiment de détournement de fonds publics » et «
blanchiment d’abus de confiance », le tout en rapport avec des détournements
présumés de fonds publics d’environ 150 millions d’euros, soit près de 100
milliards de francs CFA. En 2019, le vice-président avait dû renoncer à 25
voitures de luxe pour mettre fin à des poursuites en Suisse…
Que faire du butin ?
Aux États-Unis, pays de l’ultra-judiciarisation tout autant
que des arrangements judiciaires à l’amiable, « Teodorín » n’a pu mettre fin à
des poursuites pour corruption, en 2014, qu’en renonçant à quelque 26 millions
de dollars. Que faire de cette somme, lorsqu’on sait que le paternel du « mal
acquérant », le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, détient le record de
longévité au pouvoir en Afrique : 42 ans. Bien qu’un proverbe africain dise que
« si tu n’as pas la force de ton voleur, aide-le à porter le butin », le
gouvernement de la Guinée équatoriale n’est censément pas le partenaire indiqué
pour rendre les sommes à un peuple dont une partie vit sous le seuil de
pauvreté…
Pour ne pas être accusé de spoliation, le gouvernement
américain a donc annoncé, le 20 septembre, que l’argent provenant de la
liquidation des biens de Teodorín sera converti en médicaments – pour 6,35
millions de dollars, via l’ONG Medical Care Development International– et en
vaccins contre le coronavirus – pour 19,25 millions de dollars, via l’ONU. Pas
moins de 600 000 Équato-guinéens pourraient bénéficier de ces deux opérations.
Parmi les objets cédés par le vice-président en échange de
sa relaxe, figuraient une villa californienne, une Ferrari, mais aussi une
collection consacrée à Michael Jackson. Si Teodorín a pu conserver les gants
blancs incrustés de cristaux du « roi de la pop », il a dû se séparer d’un
blouson dédicacé et de six statues grandeur nature du chanteur. Il n’est, pour
autant, pas tout à fait fauché.
Avec Jeune Afrique