Les récentes réprimandes du colonel Mamadi Doumbouya contre son gouvernement, pour son atonie, trahissent le semblant d’harmonie et de sérénité affecté par cette équipe de technocrates, depuis sa prise de fonction il y a cent jours. Cette sortie présidentielle ne pouvait que mettre de l’eau au moulin des contempteurs de ce gouvernement, qui vont jusqu’à qualifier Mohamed Béavogui de Premier ministre d’opérette. Incapable de saut qualitatif. Il n’y a pas toutefois de quoi noircir tout le tableau, à la faveur du bilan des cent jours du gouvernement. Bilan que de nombreux observateurs perçoivent d’ailleurs comme étant en demi-teinte.
Cent jours après sa composition, le gouvernement Béavogui
déroule son programme cahin-caha. Avec le rythme d’une machine grippée. Cette
situation d’ankylose aurait pu passer inaperçue, si le président de la
république n’avait pas en personne sonné l’hallali. En interpellant le Premier
ministre et ses ouailles à sortir de leur torpeur. Pour proposer ce, dans les
meilleurs délais un plan d’action opérationnel pour chacun des départements
ministériels. Plan d’action devant servir de fil conducteur à l’exécution des
projets ciblés, dans le cadre cette transition.
Le tâtonnement de ce gouvernement remet en cause le profil
technocratique des membres de l’attelage gouvernemental. Un casting qui avait,
au moment de sa composition, concentré les critiques d’une bonne frange de
l’opinion.
Le colonel Doumbouya avait réussi en effet à déjouer les
pronostics, en portant son choix sur un Premier ministre, en dehors des
officines politiques. Et en misant sur des cadres aux pedigrees de
technocrates. Tout en prenant le soin d’édulcorer le casting, par la présence
de quelques ministres issus du landerneau politique.
Une démarche qui tranche avec la plupart des gouvernements
issus des putschs, qui sont composés avec une forte dose d’hommes en kakis.
En décidant de confier le gouvernement à des technocrates,
le colonel Doumbouya, a voulu sans doute donner un blanc-seing à Béavogui et à
son équipe d’œuvrer à la bonne marche de la transition. En menant de front le
volet politique de la transition, relatif à l’organisation des futures
élections, et des projets de développement censés améliorer les conditions de
vie des populations.
Les fruits n’ont malheureusement pas passé la promesse des
fleurs, cent jours après la mise en place de gouvernement. La machine donnant
l’impression de patiner. Du coup, on a du mal à lire dans le brouillard
gouvernemental.
A dire vrai, pour le moment, le gouvernement de transition
continue d’être porté à bout de bras par le CNRD dont l’ombre tutélaire plane
sur toute la transition.
Cela ne devrait pas pour autant servir d’alibi au Premier
ministre pour dormir sur ses lauriers. En tant que chef d’orchestre, il lui
revient de ravigoter son équipe. Pour pousser les feux à vif.
Mamadou Dian Baldé