Un tribunal birman a condamné, lundi 6 décembre, l'ex-cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19. Poursuivie par la junte militaire, elle doit encore répondre d'autres accusations. Amnesty International dénonce l'armée birmane, coupable d’« asphyxier les libertés ».
Aung San Suu
Kyi, prix Nobel de la paix en 1991 et renversée par l'armée de Birmanie en
février, « a été condamnée à deux ans de prison en vertu de la section 505(b)
et à deux ans de prison en vertu de la loi sur les catastrophes naturelles », a
déclaré à l'AFP Zaw Min Tun, porte-parole de la junte, lundi 6 décembre.
L'ancien
président Win Myint a été condamné à la même peine, a-t-il dit, ajoutant qu'ils
ne seraient pas conduits en prison pour le moment. « Ils devront faire face à
d'autres accusations depuis les lieux où ils séjournent actuellement » dans la
capitale Naypyidaw, a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
Aung San Suu
Kyi est détenue depuis que les généraux ont renversé son gouvernement aux
premières heures du 1er février, mettant ainsi fin à une brève parenthèse
démocratique en Birmanie. La junte a régulièrement accumulé les chefs
d'accusation contre elle, dont la violation de la loi sur les secrets officiels,
la corruption et la fraude électorale. Au total, 11 accusations diverses pèsent
sur Aung San Suu Kyi. Elle risque des dizaines d'années de prison si elle est
reconnue coupable de tous les chefs d'accusation.
Les
journalistes n'ont pas le droit d'assister aux débats du tribunal spécial
construit par les militaires, et les avocats d'Aung San Suu Kyi se sont
récemment vu interdire de parler aux médias. Selon une ONG locale de défense
des droits, plus de 1 300 personnes ont été tuées et plus de 10 000 ont été
arrêtées dans le cadre de la répression de la dissidence depuis le coup d'État.
En réponse à
la condamnation d'Aung San Suu Kyi, l'ONG Amnesty International a réagi à ces
premières condamnations dans un communiqué : « Les lourdes peines prononcées
contre Aung San Suu Kyi sur ces fausses accusations sont le dernier exemple de
la détermination de l'armée à éliminer toute opposition et à asphyxier les
libertés. »
D’après les
activistes birmans, la junte fait durer le procès et multiplie les accusations
contre Aung San Suu Kyi dans le but de l’exclure de toute vie politique à
l’avenir, indique Juliette Verlin depuis Rangoun. Celle qu’on appelle La Dame a
aujourd’hui 76 ans, et pour les Birmans, il est peu probable qu’elle retrouve
un jour la liberté.
(Avec AFP)