Une mauvaise nouvelle qui ne manquera certainement pas de troubler le
sommeil des populations locales de Tombouctou. « La perle du
désert » comme on la surnomme, est désormais sous blocus imposé par le
Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda (Jnim). Dans les
faits, y sont interdits d’entrée, les camions de marchandises en provenance de
l’Algérie, de la Mauritanie et de la région malienne de Mema, plus au Sud. Et
ce n’est qu’une étape, laquelle pourrait, hélas, franchir un palier :
celui du casus belli. Du moins, si la menace du commandant du Jnim pour la
région de Tombouctou, de mobiliser ses troupes autour de la ville pour
« une guerre totale » contre l’Etat malien, venait à être mise à
exécution. C’est que ce combattant ne décolère pas contre ce qu’il considère
être « l’appel » de Bamako, au groupe paramilitaire russe (Wagner),
« comme elle avait fait appel à Barkhane et à Takuba [des forces
militaires française et européenne qui ont depuis quitté le Mali, NDLR] ».
Bien que les autorités locales tentent de rassurer, et que, pour l’heure, rien
ne manque encore dans cette grande cité mythique, il faut craindre que les
jours à venir soient pénibles à vivre pour les Tombouctiens. Face à un tel
présage, quelles dispositions prendra Bamako ? Au-delà des craintes d’une
asphyxie économique de Tombouctou, en raison du blocus qui vient de lui être
imposé, il y a plus à redouter que le calme qui y règne, malgré tout, ne soit
celui qui précède la tempête… de feu.
Pour Tombouctou et Ber qui constituent aujourd’hui un concentré de
tensions, Bamako se doit de trouver le diluant approprié
En tout cas, on ne
peut pas dire que les propos du commandant du Jnim, aient manqué de clarté.
Tant et si bien que des habitants de la ville ne se sont pas fait prier pour
faire leurs balluchons aux fins de parer à toute éventualité. C’est que,
pour tout dire, ça sent le roussi ! Et pour ne rien arranger, à ce climat
délétère vient s’ajouter un contexte de tensions à Ber, (ville située à une
soixantaine de km de la « ville aux 333 saints »), entre l’armée
malienne et les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad
(CMA) ; ces derniers étant vent debout contre l’occupation par
l’armée malienne, des camps militaires nouvellement rétrocédés par la MINUSMA,
aux autorités maliennes de transition, dans les zones qu’ils occupent.
Sur un ton guerrier, les ex-rebelles se disent prêts « à déloger les
soldats maliens du camp de Ber », et manifestent leur hostilité à tout
déploiement des Forces armées maliennes (Fama) dans les zones sous leur
contrôle, « si ces déploiements ne sont pas réalisés dans le cadre de
l’accord de paix ». Autant dire que pour Tombouctou et Ber qui constituent
aujourd’hui un concentré de tensions, Bamako se doit de trouver, à tout prix,
le diluant approprié avant qu’il ne soit trop tard.