Pour passer la main à un régime civil, le Conseil national du rassemblement pour la démocratie (CNRD) a corsé l’addition, en fixant le coût du processus de transition à 6000 milliards de francs guinéens. De quoi donner des sueurs froides à la classe politique, qui sent ainsi une rouerie à plein nez dans ses comptes d’apothicaire, d’une junte ombrageuse. Comment réunir ce montant colossal, dans un contexte de conjoncture internationale ? Telle est la quadrature du cercle, que les parties prenantes au processus de transition devront dorénavant résoudre.
Le 05 septembre, date marquant le deuxième anniversaire de
l’avènement du Conseil national du rassemblement pour la démocratie (CNRD) au
pouvoir, suite à un coup d’État, approche à grands pas. Sans grandes avancées
dans le processus devant conduire le pays vers un retour à l’ordre
constitutionnel.
Un chronogramme a certes été fixé d’un commun accord avec la
Cédéao, pour une transition, dont la durée ne devrait pas excéder deux ans. Ce,
à compter de janvier 2023.
Mais comme l’a dit Molière, « le chemin est long du projet à
la chose ». D’autant que le nerf de la guerre, portant sur le financement du
processus de transition, a l’air d’une bouteille à l’encre. Car réunir la
rondelette somme de 6000 milliards de francs guinéens soit 600 millions d’euros
s’avère comme un véritable parcours du combattant.
Le gouvernement guinéen n’ayant à ce jour pu garnir la
cagnotte que de 40 millions d’euros. Ceci est perçu par maints observateurs
comme une goutte d’eau dans l’océan. Combler le gap des 560 millions d’euros ne
sera pas une sinécure.
Le Premier ministre Dr Bernard Goumou ne dira pas le
contraire. Même s’il feint d’être optimiste, en affirmant récemment que les
partenaires mettront la main à la poche pour renflouer la cagnotte électorale.
Un optimisme béat, aux yeux des détracteurs de la junte. Qui
refusent de bâtir des châteaux en Espagne. En se voulant plus réaliste, au
regard du contexte de crise internationale. Avec une économie mondiale affectée
par les contrecoups de la guerre russo-ukrainienne. Une guerre qui a éclaté, au
mauvais moment. Quand on sait que la reprise n’était pas encore au rendez-vous,
après les affres de la Covid19.
A l’allure où va le train de la transition, tout porterait à
croire qu’un glissement de calendrier n’est pas à exclure. A moins que la junte
ne veuille compter sur ses propres forces, en procédant à une réduction de la
voilure budgétaire, mâtinée d’une réorientation des dépenses électorales.
Il faut toutefois craindre que le CNRD ne fasse porter le
fardeau de cet effort de « guerre », au pauvre contribuable. Avec en sus un
élargissement de l’assiette fiscale.
Sinon vouloir compter sur la Cédéao pour nous tirer
d'affaires, alors qu’entre cette dernière et le pouvoir de Conakry, il y a
friture sur la ligne, c’est rêver debout. En définitive, le retard à l’allumage
de la mise en route du processus électoral, devant baliser la voie à un retour
des civils au pouvoir, saute aux yeux. Reste à savoir si c’est fait à dessein
juste pour jouir davantage de la transition, ou si la junte fait preuve de
bonne foi.
Mamadou Dian Baldé