Burkina: ça tue au Sahel, Barkhane plie bagage au Mali!

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  • 14 juin 2022 11:26

  • Politique

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Combien sont-ils les morts de Seytenga? 200 selon certains. Des centaines affirment d’autres. Une cinquantaine de cadavres retrouvés en plus des 11 gendarmes tués le jeudi, avance le gouvernement. Saura-t-on, un jour, avec certitude combien d’habitants ont été assassinés dans cette tuerie d’une rare ignominie, dans cette nuit cauchemardesque du 11 au 12 juin? Ce n’est plus un secret, même si le gouvernement éprouve des difficultés à parler de ce drame pour lequel il évoque un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts que le carnage était sans commune mesure à Seytenga. Tout compte fait, un mort de plus est un mort de trop et ce ne sont pas les décrets instituant des deuils nationaux qui arrêteront les forces du mal dans leur entreprise funeste.

A l’instar de celui de 72 heures qui vient d’être décrété par le gouvernement burkinabè et qui court de ce mardi à 00h au jeudi à 24h, les deuils nationaux semblent plutôt doper l’ardeur des terroristes qui tirent une satisfaction morbide de la tristesse qu’ils provoquent. Il est plus que jamais temps d’arrêter d’alimenter le livre Guinness des records des massacres terroristes dans le Sahel africain. En effet, après Solhan et ses 160 morts dans le Yagha, Seytenga dans la province voisine du Séno, dernier théâtre des massacres qui portent la griffe de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), se hisse sur la deuxième marche du podium des villes martyres. Comme singularité, gloire dont elle aurait voulu sans doute se passer, Seytenga porte le sceau de premier grand massacre de masse qu’étrenne le pouvoir de transition du lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba, l’actuel homme fort de Ouagadougou.

Paradoxe des paradoxes, ce sont ces attaques terroristes dont la fréquence est devenue alarmante au Burkina qui ont servi de déclencheur à la prise de pouvoir par les armes, le 24 janvier, aux nouveaux maîtres de Ouagadougou, après le règne non moins catastrophique de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré, incapable d’apporter une riposte adéquate à la menace terroriste qui détruisait inexorablement le Burkina. Quelles circonstances atténuantes pour la junte militaire, en dehors du temps qu’on pourrait juger court pour extirper le ver du fruit où il a eu sept bonnes années pour s’installer? Que manque-t-il aux Forces de défense et de la sécurité pour sortir le Burkina du gouffre sécuritaire?

«Allez-y dire au Premier ministre, allez-y dire au président du Faso que je commande des hommes d’honneur et j’ai besoin de moyens pour montrer de quoi ils sont capables». Certes, ces mots du chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, le colonel Evrard Somda, ne sont que ceux d’un contexte, celui d’une cérémonie d’hommage organisée ce mardi, au camp Paspanga, QG des pandores, à l’occasion de la sortie de l’album «Sacerdoce» de  l’artiste slameur gendarme Wé-Wé. Mais ce sont des paroles qui sonnent comme un cri du cœur et résument assez bien l’esprit valeureux, non pas que des «Evrard Boys», mais de tous les éléments de l’armée burkinabè qui peuvent peu et sont souvent contraints de toujours se défendre et mal, parce que très vite débordés par la puissance de feu d’un ennemi sournois.

Malheureusement pour les populations du Sahel et de l’Afrique de l’ouest, selon ce proverbe africain, c’est un seul âne qui a mangé la farine et la bouche de tous les autres ânes est devenue blanche. En effet, c’est alors que les pays africains frappés par le terrorisme ont davantage besoin d’unir leurs forces en s’appuyant également sur de solides et efficaces partenariats d’Etat à Etat avec les puissances du nord, que la junte malienne décide de se retirer du G5 Sahel qu’il avait constitué avec le Niger, le Burkina, la Mauritanie et le Tchad. Pire, les Maliens ont contraint Barkhane à se désarticuler au Mali pour se réarticuler ailleurs. Pas plus tard que ce lundi, l’armée française a remis, officiellement aux Forces armées du Mali, les clés de la base militaire de Ménaka, dans le nord-est du pays. Un symbole de plus qui illustre l’avant-dernière étape du retrait de Barkhane du Mali.

 Pourtant, la force française vouée aux gémonies, et accablée des sept péchés capitaux, est celle dont les éléments, en collaboration avec les armées locales étaient des épouvantails pour les terroristes, notamment ceux qui infestent la zone des Trois frontières. Une fois de plus, on ne peut qu’appeler à la mutualisation des forces et des stratégies, comme l’a souhaité le président nigérien, Mohamed Bazoum, dans le désormais célèbre «Appel de Téra» pour faire front commun contre l’hydre terroriste.

Sinon, comme un cancer incurable, les Seytenga du Burkina et les Moura du Mali, vont se métastaser, et finiront par mettre à genoux les pays de l’ouest africain. Et peut-être plus loin, si affinités!

ws

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