Le bilan provisoire est lourd. Quatre-vingts personnes, dont 65 civils et 15 gendarmes, ont été tuées ce mercredi dans une attaque menée par des djihadistes présumés contre un convoi militaire, escortant des civils, dans le nord du Burkina Faso, a annoncé le gouvernement burkinabè. « Un convoi mixte composé de civils, d'éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) et de volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a été la cible d'une attaque terroriste à 25 km de Gorgadji (Nord), au cours de laquelle trente civils, quatorze soldats et trois VDP ont été tués », avait annoncé un peu plus tôt le ministère burkinabè de la Communication.
Deuil national de
trois jours
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a décrété
un deuil national de trois jours à compter de jeudi pour rendre hommage aux
quarante-sept personnes tuées, indique un décret officiel. « Le président du
Faso, président du conseil des ministres décrète un deuil national de 72
heures, allant du jeudi 19 août à minuit au samedi 21 août à minuit, est
observé sur toute l'étendue du territoire national, en mémoire des victimes de
l'attaque perpétrée par des individus armés non identifiés, contre un convoi
mixte sur l'axe Gorgadji-Arbinda, dans le Soum le 18 août », souligne le
décret. « Durant cette période, les drapeaux sont mis en berne sur tous les
édifices publics et dans les représentations du Burkina Faso à l'étranger [?]
les réjouissances populaires, les manifestations à caractère récréatif sont
interdites », selon le texte.
La commune de Gorgadji, théâtre de l'attaque meurtrière, est
située dans la province du Séno, dans le nord du Burkina Faso, zone dite « des
trois frontières », à cheval sur le Mali et le Niger. La zone des trois
frontières est la région la plus touchée par les violences. Les morts, civils
comme militaires, s'y comptent par milliers.
L'attaque, qui a également fait dix-neuf blessés, a eu lieu
« alors que les forces de sécurité et les VDP étaient en mission de
sécurisation des civils en partance pour Arbinda », selon le gouvernement. «
Pendant la riposte les FDS et les VDP ont abattu cinquante-huit terroristes et
de nombreux autres ont été blessés et ont pris la fuite », selon la même
source, précisant que des « opérations de secours et de terrain se poursuivent
».
Les attaques des
groupes armées n'ont pas cessé
Pour rappel, cette attaque est la troisième d'une série qui
a fait à chaque fois plus d'une dizaine de morts en deux semaines contre des
soldats engagés dans la lutte antidjihadiste dans le nord et le nord-ouest du
Burkina Faso. Le 4 août, trente personnes, dont quinze soldats, onze civils et
quatre supplétifs de l'armée, ont été tuées dans des attaques dans le nord du
Burkina Faso, près de la frontière du Niger.
Le 9 août, douze soldats ont été tués et huit blessés lors
d'une attaque dans le nord-ouest du Burkina Faso, près de la frontière du Mali.
Et mercredi, cinq supplétifs civils ont été tués dans une attaque dans le nord
du pays. Le Burkina Faso est en proie depuis 2015 à des attaques djihadistes
régulières et meurtrières, en particulier dans les régions du nord et de l'est,
comme ses voisins le Mali et le Niger.
Le départ annoncé de Barkhane vient renforcer un peu plus le
sentiment d'une situation qui paraît inextricable, alors que le Mali et le
Niger viennent également une nouvelle fois de payer le prix du sang avec la
mort de centaines de civils. Ces attaques, souvent couplées à des embuscades et
attribuées aux groupes djihadistes affiliés au groupe État islamique (EI) et à
Al-Qaïda, ont fait plus de 1 500 morts et contraint plus de 1,3 million de
personnes à fuir leurs foyers.
Par Le Point Afrique
(Avec AFP)