Le Burkina Faso vient de traverser les 10 jours, sans doute les plus
meurtriers de son histoire, depuis la chute du pouvoir de Roch Marc Christian
Kaboré et l’irruption sur la scène politique, du Lieutenant-colonel Paul-Henri
Sandaogo Damiba et de ses hommes qui ont forcé les grilles du palais
présidentiel de Kosyam, un certain lundi 24 janvier. Certes, le putsch qui
a permis à la soldatesque de chasser le gouvernement précédent et le chef de
l’Etat, qui n’ont pas «assuré», comme on le dit dans les rues d’Abidjan, a été
applaudi par des populations excédées par l’inaction de dirigeants qui ne
proposaient aucune solution contre la menace terroriste.
Mais les militaires savaient bien
qu’ils ne jouiraient d’aucun état de grâce, le pays étant devenu presque
totalement rouge sur les cartes sécuritaires des différentes chancelleries
étrangères qui le déconseillent à leurs ressortissants qui voudraient s’y
aventurer et conseillent une prudence de sioux à ceux qui y vivent.
Le «Pays des hommes intègres», à
l’accoutumée si tranquille, et qui faisait pâlir de jalousie ses voisins, pour
sa quiétude est devenu si dangereux qu’il occupe, selon certaines statistiques,
la première marche du podium des pays les plus touchés par le terrorisme dans
l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Les dernières
comptabilités macabres qui ne font qu’enfler, suite aux attaques terroristes
qui ont endeuillé, ces derniers jours, les populations civiles et militaires,
ne font malheureusement que confirmer cette prouesse dont les Burkinabè
auraient bien voulu se passer.
Certes, le vers est bien dans le
fruit, pour ne pas dire que les terroristes occupent un terrain où ils se sont
enkystés sans rencontrer une grande résistance, malgré le courage et le
patriotisme des Forces de défense et de sécurité (FDS) et leurs supplétifs, les
Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). L’objectif des forces du mal,
de se sanctuariser dans cette région du nord burkinabè où ils font la loi, est,
on ne peut plus clair. Les terroristes ont fait l’option de couper ces villes
et villages qu’ils assiègent, de tout moyen de communication, d’électricité et
d’eau.
Quelle est la stratégie la plus
urgente à mettre en place pour neutraliser les terroristes et autres
trafiquants de tous ordres qui tuent et chassent les populations dont les plus
chanceuses sont contraintes à la fuite, abandonnant derrière elles, terres,
récoltes, bétails et autres biens? Les méninges des colonels et autres généraux
en charge de la protection des Burkinabè et de la défense du territoire
national sont, sans doute, en plein bouillonnement pour extirper les
assaillants des populations auxquelles ils se sont collés comme arbre et
écorce. La victoire ne sera certainement pas facile dans cette guerre
asymétrique qui endeuille au quotidien les Burkinabè.
Mais une chose est certaine, les
partenaires classiques du Burkina en matière de développement et surtout dans
le domaine militaire, doivent prendre le plus vite possible, si cela n’est déjà
fait, la mesure du danger imminent d’asphyxie qui guette les Burkinabè enlacés
de toutes parts. Ce n’est un secret pour personne, le redéploiement certes
annoncé, mais précipité par les militaires au pouvoir au Mali, ne fait que
rendre complexe l’équation dans un Sahel où l’appui des forces occidentales,
notamment des troupes françaises de Barkhane, servait de garrot à l’hémorragie
djihadiste.
En tout cas, la tergiversation n’est plus de mise, le temps n’étant plus, depuis longtemps, un allié, ni pour le Burkina, le Niger, le Tchad, le Mali ou les autres pays du Golfe de Guinée qui sont désormais dans l’œil du cyclone terroriste. Il faut surtout éviter de chasser les terroristes d’un pays pour les envoyer chez le voisin d’où il reviendra plus fort pour continuer ses activités néfastes. Il y a donc péril en la demeure et c’est en synergie que les armées nationales africaines et les Etats occidentaux qui disposent de la logistique adéquate, surtout celle aérienne, peuvent détruire l’hydre terroriste.
W S