Reportée pour cause de Covid-19, la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations se tiendra au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. Avec quelques favoris, mais aussi d’autres sélections capables de créer la surprise.
Djamel Belmadi n’a pas la réputation d’être un homme
excessivement superstitieux, ni de passer son temps à fouiller dans le passé
pour trouver les réponses du futur. Mais dans l’entourage du pragmatique
sélectionneur de l’Algérie, qui a remporté la Coupe d’Afrique des nations (CAN)
en 2019, d’autres se sont peut-être chargé de consulter les archives de la compétition
pour lui rappeler que seules trois sélections – le Ghana (en 1965), le Cameroun
(en 2002) et l’Égypte (en 2008 et en 2010) – ont été capables de conserver leur
titre.
L’Algérie est donc prévenue. Et elle ne peut par ailleurs
ignorer que seules deux équipes nord-africaines ont été couronnées dans la
partie subsaharienne du continent : le Maroc en Éthiopie en 1976 et l’Égypte au
Burkina Faso en 1998, puis au Ghana en 2008 et enfin en Angola en 2010.
L’Algérie favorite
Malgré tout, l’Algérie est considérée comme le favori
objectif de cette 33e édition de la CAN, tout simplement parce qu’elle n’a pas
affiché la moindre faiblesse depuis le titre obtenu au Caire en juillet 2019
face au Sénégal (1-0). Vahid Halilhodzic, le sélectionneur du Maroc, l’a dit
lui-même, en omettant soigneusement de citer le nom de l’équipe algérienne,
qu’il a entrainée de 2011 à 2014, pour des raisons surtout liées à une
realpolitik qui le dépasse un peu. Les Fennecs continuent en effet de bien
jouer, de marquer beaucoup de buts et de ne pas perdre, portés par une armada
d’individualités (Riyad Mahrez, Sofiane Feghouli, Islam Slimani et Baghdad
Bounedjah) et le charisme de leur sélectionneur, qui n’a jamais dérogé à ses
principes de jeu depuis la conquête de la CAN en Égypte.
Les Algériens, Djamel Belmadi en tête, assument ce statut de
favori, tout en sachant que la CAN est une compétition capable de réserver des
surprises de plus ou moins grande ampleur. Ils en sont la parfaite
illustration, puisqu’en 2019, les coéquipiers de Mahrez n’étaient pas cités
parmi les favoris, contrairement à l’Égypte, au Maroc, au Sénégal, au Cameroun
ou à la Côte d’Ivoire. On se souvient également que le Cameroun avait quitté le
Gabon lesté d’un trophée que personne – ou presque – n’avait songé à lui
attribuer lors des concours de pronostics, et que le Zambie avait dansé sur le
ventre des Eléphants ivoiriens en 2012.
Un effet Samuel Eto’o
?
Évidemment, on imagine davantage une pointure du continent
s’installer au sommet du football africain le 6 février prochain qu’un outsider
sorti de nulle part. On pense immédiatement au Cameroun, et pas seulement parce
qu’il jouera à domicile – un atout que seule l’Égypte a su concrétiser, en
2006. Les Lions indomptables viennent d’achever une année 2021 très correcte,
et sur le papier, ils ont une certaine allure. Les Camerounais misent aussi,
avec ce brin de superstition qui accompagne souvent les footballeurs, sur
l’effet Samuel Eto’o, élu le 11 décembre dernier président de la Fécafoot mais
surtout connu pour avoir remporté la CAN à deux reprises (en 2000 et en 2002).
Parmi les autres prétendants, puisque tous les grands
d’Afrique – à l’exception de l’Afrique du Sud et de la RDC (deux anciens
vainqueurs) – se sont qualifiés, le Sénégal, finaliste en 2019, l’Égypte, le
Maroc, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et éventuellement le Nigeria et le Ghana
sortent du lot, mais dans le désordre, puisque le concours de pronostics reste
à ce jour une science subjective.
Le Mali, le Burkina
Faso, le Gabon et la Guinée ont le profil pour bousculer l’ordre établi
Et puisque le football est le sport collectif qui sait
réserver les plus grosses surprises, il n’est pas si farfelu d’égrener la liste
de ceux qui pourraient, à l’instar des Zambiens en 2012, bousculer l’ordre
établi : le Mali, le Burkina Faso, le Gabon et la Guinée ont le profil. Les
deux premiers possèdent un collectif soudé et les autres disposent
d’individualités de classe international, Pierre-Emerick Aubameyang et Naby Keïta.
Le reste du plateau est composé d’habitués (Cap Vert,
Guinée-Bissau, Zimbabwe), de quelques revenants (Sierra Leone, Malawi, Soudan,
Éthiopie, Guinée équatoriale), d’une confirmation de 2019 (Mauritanie) et de
deux nouveaux, la Gambie et les Comores. Les ambitions de tout ce petit monde
sont évidemment très éloignées de celles des autres participants. Mais cette
CAN, décalée d’un an en raison de l’épidémie de Covid-19, aura connu une
préface agitée.
Préparations
perturbées
Le Cameroun, qui devait organiser la compétition en 2019 et
qui été plusieurs fois été poliment mais fermement invité par la Confédération
africaine de football (CAF) à accélérer la cadence des travaux, a parfois
tremblé face aux rumeurs d’annulation, de délocalisation (au Qatar ou en Algérie
notamment) ou de report, souhaité par Gianni Infantino, le président de la
FIFA. Malgré la pression exercée par certains clubs européens parmi les plus
puissants, inquiets à la perspective de voir partir pendant plusieurs semaines
leurs joueurs, qui ont tenté jusqu’au bout de faire capoter l’organisation du
tournoi, Yaoundé a tenu bon.
Mais cela a perturbé la préparation de plusieurs équipes,
obligées d’attendre le 3 janvier, et non le 27 décembre, pour disposer de tout
leur effectif. La pandémie de Covid-19 a fait le reste, en précipitant
l’annulation de plusieurs matches amicaux (Algérie-Gambie, Côte
d’Ivoire-Comores, Gambie-Syrie notamment) à cause d’un virus très présent au sein
de certaines délégations.
Enfin, quatre sélectionneurs, les Français Hubert Velud
(Soudan), Didier Six (Guinée), Corentin Martins (Mauritanie) et l’Allemand
Gernot Rohr (Nigeria), qui avaient pourtant qualifié leur équipe, ont été
limogés quelques semaines avant la CAN. Un avant-goût de ce qui se passera une
fois la compétition terminée, quand, comme en 2019, d’autres têtes tomberont…
Jeune Afrique