Le secrétaire général de la présidence de la République, le colonel Amara Camara a profité de sa récente sortie chez nos confrères de France 24, pour abattre les premières cartes de la junte guinéenne, en guise de réplique à la conférence des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Un sommet qui, il faut le rappeler, avait émis de sérieuses réserves sur le chronogramme de 36 mois adopté par le CNRD, comme durée de la transition. Un chronogramme que le porte-parole de la présidence s’est évertué à défendre, dans cette interview accordée à France 24, dans des termes pas mal embouchés, pour celui qui s’était illustré par le passé par la véhémence de ses propos.
Décidément, c’est comme si l’appel de la conférence des
chefs d’État était tombé dans l’oreille d’un sourd. C’est le moins qu’on puisse
dire, à entendre le colonel Amara Camara défendre bec et ongles le chronogramme
de 36 mois, adopté par le Conseil national de la transition (CNT), sur
proposition du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Arguant que ce calendrier résulterait d’un consensus général, fruit des
consultations nationales auxquelles les forces vives avaient largement
participé. Comme pour dire que cette durée de 36 mois, qui a bénéficié ensuite
de l’onction du CNT, ne saurait faire l’objet de retouches. En clair, le
porte-parole de la présidence, semble dire que les dés sont jetés, pour ce qui
est de ce chronogramme de 36 mois.
C’est donc une junte qui reste sur arçons, malgré l’appel de
la Cédéao, en faveur d’une modification de ce calendrier, que l’organisation
régionale juge assez long pour une transition.
Ce qui avait apporté de l’eau au moulin d’une frange des
forces vives, qui continue d’intenter un procès en illégitimité contre la junte
guinéenne. Des frondeurs qui menacent d’ailleurs de prendre la rue, si les
autorités de la transition ne faisaient pas machine arrière. En faisant une
nouvelle proposition de chronogramme plus réaliste, en lieu et place des 36
mois.
Pour le moment, le statu quo demeure. Reste à savoir, à
quand les indignés passeront ils à l’offensive, eux qui menacent de faire un
abordage contre le CNRD. La junte, de son côté, affiche l’air de quelqu’un qui
se sent bien dans ses baskets. Comme pour dire que Mohamed Ibn Chambas,
médiateur désigné par la Cédéao, pour rabibocher les camps antagonistes, a du
pain sur la planche.
Mamadou Dian Baldé