En se rendant à Brazzaville pour les besoins de l’investiture du
président Denis Sassou Nguesso, le chef d’état guinéen Alpha Condé rendait la
monnaie à sa pièce au dirigeant congolais. Mais, pour certains de ses pairs
l’occasion de réconcilier les présidents des deux Guinée était trop belle pour
la laisser passer. Mais c’était sans compter avec Alpha Condé qui ne voulait
même pas voir Umaru Embalo en photo encore moins lui serrer la main. Le
protocole du président congolais a dû se raviser pour ne pas subir la colère de
Condé quand on a voulu le mettre après le « général ».
Le chef de l’État guinéen est
arrivé au Congo Brazzaville pour prendre part à l’investiture de son ami de plus
de 40 ans. Alpha Condé a séjourné dans la capitale Brazzaville depuis le jeudi
15 avril, ainsi que plusieurs dirigeants africains qui étaient également
invités pour prendre part à la cérémonie prestation de serment du chef d’État
congolais.
Dès la soirée de son arrivée, le
président congolais en compagnie de certains de ses pairs qui étaient présents
à Brazzaville, ont essayé d’amadouer Alpha Condé qui avait donné des gages
concernant le Sénégal, à revoir sa position avec le « général » de Bissau. A
peine l’affaire a été mise sur la table que le président Alpha Condé s’est
excusé au motif qu’il venait d’être informé de ce sujet et préférait en parlait
ultérieurement puisqu’il était à Brazzaville jusqu’au samedi. Malgré
l’insistance de son ami Ouattara et du président mauritanien soutenu par Denis
Sassou Nguesso, Condé restera de marbre.
Vendredi, jour de l’investiture
de Sassou Nguesso, un premier couac est noté quand le protocole a voulu mettre
côte à côte Alpha Condé et Umaru Embalo. Le président guinéen menace de
retourner dans sa suite
Il s’en est fallu de peu pour que
le Président Condé boycotte la cérémonie. Alors que les invités étaient
installés au fur et à mesure de leur arrivée par ordre protocolaire, le
Conseiller diplomatique de Alpha Condé sera avisé à la dernière minute d’une légère
modification sur l’agencement des places et qu’à la place Teodore Obiang
l’Équato -guinéen c’est Umaru Embalo qui serait le voisin immédiat de l’homme
fort de Conakry. Le protocole guinéen s’opposa catégoriquement à cette nouvelle
donne avant d’aviser le chef d’état.
Dans une colère noire, Alpha
Condé apostropha les responsables congolais en menaçant de reprendre l’avion
immédiatement si cet impair n’était pas réparé. Selon une source diplomatique,
n’eut été l’intervention de Teodore Obiang et Idriss Deby, Condé aurait
certainement raté la cérémonie. Et c’est en colère qu’il sera installé avant de
quitter ses pairs avant moment où la photo de famille était prise, rajoute la
source.
Nombreux étaient ceux qui avaient
tablé sur des réconciliations entre d’une part Macky Sall et Alpha Condé et
d’autre part Umaru Embalo et le dirigeant guinéen. Si les nuages noirs entre
les présidents sénégalais et guinéen commençaient à s’envoler après
l’intervention de plusieurs chefs d’état, il en est autrement en ce qui
concerne les rapports entre Umaru Embalo et Alpha Condé. Le fossé s’est agrandi
quand Condé avait émis le souhait de se représenter pour un troisième mandat à
la tête de son pays.
Après avoir félicité le président
Sassou Nguesso, Alpha Condé salue ses pairs et ignore la main tendue de Umaru
Embalo. Certains proches du président congolais relativisent et disent que le
Président Alpha Condé n’avait pas vu le « général »
Depuis 2018 alors que le
président Alpha Condé était désigné pour trouver un accord en Guinée Bissau et
aider à proposer un Premier ministre de consensus comme stipulé par les accords
de Conakry, le forcing de Umaru Embalo en remplacement de Baciro Dja, a été le
premier accroc entre les deux hommes. Car, pour Alpha Condé, le poste de Premier
ministre revenait de facto au PAIGC qui était majoritaire à l’assemblée
nationale. Mais le soutien de Macky Sall et d’autres chefs d’état de la CEDEAO,
ont fini par faire plier Condé.
La présidentielle de décembre
2019 et la « victoire » à l’arraché de Umaru Embalo encore soutenu et installé
par la CEDEAO alors que le processus électoral était pendant devant la Cour
Suprême, ont été encore pour beaucoup dans l’inimitié entre les deux hommes.
Mais, le summum sera atteint
quand lors d’un sommet virtuel de la CEDEAO, le « général » de Bissau prenant
la parole ne s’est pas gêné d’égratigner les présidents Alpha Condé et Alassane
Dramane
Ouattara qui postulaient pour un
troisième mandat. Selon Umaru Embalo, « Si ce qui se passe au Mali est un coup
d’état alors les troisièmes mandats sont légalement des coups d’état ».
Christian Bellino MEA @Atlanticactu.com –