L’élection des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) n’a pas fini de faire parler d’elle. Pour la simple raison que c’est à une véritable foire d’empoigne que nous sommes en train d’assister au sein de la famille des robins. Sur fond de colère de certains magistrats qui dénoncent la violation de la loi par ceux qui devraient en être les gardiens. Une situation qui interpelle l’association des magistrats, dont le président du CA, Mohamed Diawara s’est fendu d’un communiqué, déplorant des manœuvres insidieuses, visant à violer la loi par des magistrats.
Dans la fièvre du renouvellement du CSM, des bruits avaient prêté des
démarches népotiques au garde des sceaux, qui aurait tenté de pistonné M.
Pierre Lamah. N’est-ce pas Akoumba Diallo ?
Oui Aboubacar. C’est ce qui se
disait dans la cité. Et face au tollé suscité par ce sujet lié au magistrat
Pierre Lamah, président du Tribunal de Commerce de Conakry, celui-ci a tenu à
apporter auprès du corps des magistrats, une clarification sur le débat autour
de la désignation du président du tribunal de première instance devant
représenter ses pairs au Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM).
Quels sont les arguments dont se prévaut ce magistrat, considéré comme
étant très proche du ministre de la Justice ?
Sur les faits, Pierre Lamah
estime avoir été seul et unique candidat qui a acté à un poste de président de
tribunal de première instance, à désigner par ses pairs. Il explique que ses
homologues Ibrahima Sory Tounkara et NFaly Sylla ont postulé pour les postes
des six magistrats à élire en assemblée générale des Cours d’appel. La date
limite du dépôt des candidatures était fixée donc au lundi 7 mars 2022 à 12h
00. Le jour de l'élection, un acte du ministre de la Justice portant liste des
candidats retenus à l'élection des membres du CSM est apparu à 10h sur la
plateforme. Ladite liste mentionnait au titre du poste d'un président de
tribunal de première instance à désigner par ses pairs, trois candidats
c'est-à-dire Tounkara, Sylla et Lamah.
Et c’est à partir de là que les problèmes ont surgi, selon M. Lamah…
À 17h, une nouvelle liste est
publiée sur la plateforme rectifiant la première et gardant toujours M. Lamah,
comme l'unique candidat au poste en jeu. « Mais entre-temps, les présidents des
tribunaux de première instance avaient procédé à l'élection qui a mis aux
prises les trois candidats et le Président Ibrahima Sory Tounkara est vainqueur
», rapporte M. Lamah qui ajoute « j'ai contesté cette élection et porté mon
recours devant le Collège électoral ».
1) Une personne peut-elle être
élue à un poste où elle n'est pas candidate ?
2) Un acte de candidature déclaré
verbalement le jour même de l'élection après expiration de la date limite du
dépôt des candidatures est-il valide et recevable ?
3) Un acte d'une autorité
comportant une erreur peut-il faire l'objet de rectification par son auteur ?
Pierre Lamah ne décolère pas,
pour avoir été la cible de propos homophobes. De quoi s’agit-il ?
M. Lamah qui s’est senti visé par des propos ethniques se demande, s’il
était juste de distiller dans l'opinion, auprès des collègues et même plus
grave dans les médias que le ministre de la Justice a falsifié les résultats de
l'élection pour imposer son parent Pierre Lamah au CSM?
Le Collège électoral n'est-il
composé que des membres de ma communauté "Guerzé"? Ai-je vraiment
besoin d'un coup de pouce du Ministre de la Justice pour me faire désigner au
CSM, alors que j'avais auparavant reçu de manière presque unanime les voix de
mes pairs y compris les Présidents Tounkara et Sylla? Je dis non.
En tant que candidat unique au
niveau des Présidents des tribunaux de première instance, ma désignation au CSM
n'était-elle pas devenue une simple formalité puisque n'ayant en face aucun
concurrent jusqu'à la date butoir de dépôt des candidatures, déplore le
magistrat.
Qui poursuit en disant : « Quoi
qu'il en soit, je me suis inscrit dans une démarche légaliste et loyale en
saisissant le Collège électoral et en évitant de proférer tout écart de langage
envers un collègue quand bien même j'en suis victime. »
Malgré ces incidents, M. Lamah se veut tout de même philosophe, à en
croire ses propos.
M. Lamah déclare vouloir être
respectueux de la décision du Collège électoral quelle que soit l'issue de son
recours en contestation contre l’élection de Tounkara et de Sylla au CSM. « Je
considère tout ça comme un incident de parcours qui ne doit gâcher nos rapports
encore que le CSM sera regorgé par nos distingués collègues élus, désignés et
de droit qui sauront faire le nécessaire dans l'intérêt bien compris d'une
Magistrature performante », a-t-il conclu.
C’est alors que tombe ce communiqué, de l’association des magistrats
présidé par le juge Mohamed Diawara, qui tout en félicitant les élus, a tenu à
remettre les pendules à l’heure ?
En attendant, un communiqué de
l’Association des magistrats de Guinée du 13 mars 2022 signé de Mohamed
Diawara, son président de conseil d’administration, prend bonne note de
l’élection et la désignation au conseil supérieur de la magistrature des
magistrats Yaya Boiro, Alpha Saliou Barry, Hassane II Diallo, Fallou Doumbouya,
Ibrahima Sory Tounkara, Algassimou Diallo, Mamadou Dian Bora Diallo, Joséphine
Loly Tinkiano, Lazare Mamady Bauret, Mohamed Kaba, Mohamed Lamine Diallo et
Elhadj Mahamoud Camara.
Et le refus des deux présidents des cours d’Appel de Kankan Conakry de
s’entendre sur l’unique poste qui leur est dévolu au sein du CSM, a été entre
autres, flétri par l’Association des magistrats ?
Tout à fait, le conseil
d’administration dit regretter que les 2 premiers présidents des cours d’Appel
de KanKan et Conakry n’aient pu s’entendre sur celui d’entre eux qui les
représentera au sein du conseil supérieur de la magistrature. De même, le
conseil d’administration note avec amertume que la situation des deux
procureurs généraux pose un problème fondamental de droit, lié à la règle selon
laquelle l’ancienneté de 10 ans révolus est le critère de désignation de celui
d’entre eux qui doit être membre du conseil supérieur de la magistrature.
Des comportements que l’Association des magistrats déplore amèrement…
Il est incompréhensible,
inconcevable et inadmissible, précise le conseil d’administration, que ceux qui
sont chargés de requérir l’application de la loi soient ceux qui, pour des
raisons personnelles, fassent des tractations insidieuses pour sa violation flagrante.
Enquête Mirador