Quelque prématurée que soit la position de Cellou Dalein Diallo en faveur de la Constitution de 2010, nul doute qu’il partage cette préférence avec le FNDC. Tant les opposants au projet anti-démocratique d’Alpha Condé auront payé un lourd tribut à l’avènement de la Constitution du 22 mars 2020. Autant dire que Cellou Dalein tente peut-être ainsi de couper l’herbe sous les pieds de l’ex-majorité présidentielle sur le choix du texte qui devra servir de base à la future constitution guinéenne.
Cellou Dalein Diallo, le ci-devant président de l’UFDG, a
déclenché la polémique sur la future constitution guinéenne. A travers de
propos confiés à Jeune Afrique et réitérés chez nos confrères de Djoma dans l’émission
« On refait le monde ». « Je
milite pour la remise en vigueur de la constitution de 2010 », a martelé l’ex
principal et irréductible du président déchu Alpha Condé.
Une constitution qu’il trouve consensuelle, représentant
ainsi une avancée démocratique. Qui, ajoute Cellou Dalein Diallo, peut-être
adoptée par référendum pendant ou après cette transition. Nul n’ignore au
passage la centaine de morts enregistrée par les opposants à la nouvelle
constitution d’Alpha Condé, en mars 2020.
Toutefois, cette sortie médiatique jugée prématurée, a
aussitôt eu le don d’enflammer la toile et les médias.
D’autant que les propos du président de l’ANAD, tombent
moins de 3 semaines après le putsch qui a écourté le 3ème mandat d’Alpha
Condé. Alors que la feuille de route de la transition reste encore une
inconnue, Cellou Dalein Diallo devait-il déjà démasquer ses batteries ses
batteries constitutionnelles ? Le sujet peut certes sembler inopportun et
hâtif, mais il a le mérite de poser un postulat qui donne déjà à s’interroger
sur le chantier et le contenu même de la future constitution. La question du
texte suprême qui gouvernera la conduite de la transition et sans lequel texte,
il ne saurait y avoir ni réforme institutionnelle et ni élections, cette
question, est en définitive incontournable.
Dès lors, faudra-t-il faire abstraction totale des textes
constitutionnels déjà pratiqués en Guinée, et en écrire ligne après ligne une
nouvelle ? Ou bien la logique réaliste voudrait-elle que l’on s’appuie sur
un texte existant, qu’il faudra affiner, améliorer ou amender ? A la
recherche de ce document de base, faut-il alors miser sur la Constitution de
2010 ou celle de 2020 ?
Au-delà de la kyrielle d’interrogations sur l’opportunité d’une
telle sortie du mammouth politique de Dixinn-port, Cellou Dalein nous invite
déjà à penser à la démarche qui conduirait à cette constitution. Autrement dit, faudra-t-il la faire adopter
par référendum en convoquant les guinéens aux urnes pour les amener à voter « Oui »
ou « Non » ? Ou bien, la transition pourrait se contenter d’une
adoption via une assemblée constituante comme le fut le cas en 2010 ? Si
la première hypothèse l’emporte, le coût de la transition, en termes de budget
des élections, devra intégrer la facture de l’organisation d’un référendum.
Même si certains jugent qu’un référendum constitutionnel est loin d’être la
panacée, l’enjeu portant notamment sur la volonté et l’obligation politique de
respecter les lois de la République. Avec en prime, la Constitution, qui est la
matrice de l’arsenal juridique du pays. Par contre, les adeptes d’une adoption
par le futur organe législatif de la transition, y voient un moyen d’économiser
les subsides de l’Etat en cette période de vaches maigres, durant laquelle le
pays pourrait être privé de financement extérieur.
En attendant, sur la question du texte constitutionnel de
base, tout porte déjà à croire que les passions pourraient se déchainer entre
les opposants farouches et les promoteurs invétérés du 22 mars 2020. Mettant ainsi
face-à-face les membres du FNDC au moment du référendum et l’ancienne mouvance
présidentielle.
Ce qui pourrait amener à penser que Cellou Dalein se soit
prononcé maintenant, pour couper l’herbe sous les pieds de la mouvance
arc-en-cieliste sur cette question.
Talibé Barry