Chef de projet coopération
internationale auprès du Ministère français de la transition écologique et
solidaire, Mamady Dioubaté vient de
finir une mission en Guinée, son pays d’origine.
Alors qu’il s’apprête à prendre son vol pour Paris, il s’est prêté aux question
de Fim Fm Guinée. Lisez
M Mamady Dioubaté, bonjour !
M D : Bonjour !
Vous servez spécifiquement auprès de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. D’abord,
j’ai envie d’évoquer la nouvelle stratégie de la France en matière de
coopération …
Il y a plusieurs choses à retenir
mais, je vais être un peu court. En aout 2021, la France a voté au parlement la
nouvelle loi de programmation de développement solidaire et la lutte contre les
inégalités mondiales, qui ambitionne de rehausser l’aide publique au
développement à 0, 77% du PIB français qui est à ce jour de 0, 55%. Donc,
l’ambition est énorme. Il s’agit de repousser de plusieurs milliards
supplémentaires, l’aide public au développement. Donc, la France à une
stratégie portant sur l’eau et l’assainissement dans les pays en voie de
développement qui s’étend de 2020 à 2030 ; donc le pays s’est donner 10 ans
pour essayer d’améliorer les conditions de vie des populations notamment dans
les pays en transition et en voie de développement.
A propos, vous venez de boucler une mission en Guinée. De quoi il a été
question ?
C’était plutôt une mission technique auprès de
trois départements ministériels Guinéens : le Ministère de l’Enseignement
Pré-universitaire et de l’Alphabétisation, le Ministère du Développement durable
et le Ministère de l’Hydraulique et de l’Energie.
Comment le Ministère Français de la Transition écologique peut aider
ces différents départements ?
D’abord, il y a un volet qu’il ne
faut pas oublier spécifiquement, c’est que nous travaillons beaucoup dans le
domaine de l’eau et de l’assainissement un peu partout à travers le monde,
essentiellement en Afrique, en Asie du sud-Est et en Amérique latine. Donc, nous sommes en train de nous déployer
notamment dans le bassin du fleuve Sénégal dont la Guinée est membre tout comme
le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Donc, nous sommes venus en Guinée pour discuter avec les autorités, voire
déjà quels sont les besoins en matière d’eau et d’assainissement et il y en a
beaucoup. On a rencontré des directeurs
techniques, c’était très intéressant à les écouter afin de mettre ça dans un
rapport et en discuter une fois arrivé à Paris.
Les besoins sont nombreux, vous l’avez dit, mais quels sont les
prioritaires ?
Ça dépend des départements ministériels. Au Ministère de l’Enseignement pré-universitaire, on a discuté avec le directeur national de l’enseignement fondamental et le chef de cabinet du département qui nous ont parlé par exemple de l’approvisionnement des écoles en eau potable, qui leur semble être une priorité. Au Ministère du Développement durable, ils nous ont énuméré plusieurs priorités. Le directeur national de l’assainissement a notamment évoqué la mise en place des stations de traitement des eaux usées à Conakry et dans les grandes villes de l’intérieur du pays. Au niveau de l’Hydraulique, la préservation de la ressource en eau, souterraine et eau de surface, bref de la préservation des cours d’eau du pays se pose. Nous avons compris leurs besoins, c’est la gestion intégrée de la ressource en eau, portant sur l’hydrométrie, la météorologie, la pluviométrie etc.
Qu’est –ce qui vous a marqué en Guinée ?
Le cas Guinéen est, je ne dirai
pas particulier mais très singulier. Parce que quand on a rencontré ces
départements-là, on a constaté qu’il y’a une diversité d’acteurs mais, beaucoup
font à peu près la même chose surtout dans le domaine de l’eau et
l’assainissement. Cet aspect nous a tiqués. Sinon à part ça, la Guinée à
l’instar des autres pays de la sous-région souffre des mêmes difficultés. Et on
essayera quand même d’aider dans la mesure du possible à améliorer des
conditions de vie des populations à la base
Vous êtes Guinéen d’origine et voudrez certainement vous adressez aux
autorités de la transition et à la population…
Je m’adresserai bien plutôt à la population
(sourire) parce qu’étant d’origine Guinéenne, je suis un peu écœuré de voir
certaine situation notamment au sein des collectivités locales. Nous avons
rencontré l’Association nationale des Communes de Guinée qui nous a résumés des
réalités des 300 et quelques communes Guinéennes qui souffrent notamment dans
le domaine de l’eau et l’assainissement.
Comme j’ai tendance à le dire
très souvent, on ne reconnait un pays
qu’à travers ses communes. Quand on parle de Conakry, on parle forcément de
Matoto et les autres communes. Et c’est pareil partout dans le monde. Quand on
parle de la France, on parle de Paris ! Mais, Paris n’est pas géré par l’Etat
centrale, Paris est géré par des collectivités locales. Donc, les besoins de
l’ensemble des populations dépendent de la bonne gestion des collectivités
locales. Moi je pense que l’enjeu majeur de la décennie qui vient sera plutôt
centré sur le développement à la base et je crois beaucoup à cette idée de développement
à la base qui in fine monte vers le sommet, plutôt qu’à l’inverse. Je pense que
la Guinée est relativement sur une bonne voie mais, il y a certes des choses
qu’il faut améliorer.
Propos Recueillis par Gilles Mory Condé