Encore des morts, soit au moins cinq, dont quatre enfants. Des dégâts
matériels importants. Des quartiers entiers inondés. Un bilan loin d’être
exhaustif, mais qui sont la preuve de la trop grande générosité des cieux en
cette saison des pluies en Côte d’Ivoire. En effet, Abidjan s’est couchée au
sec et s’est réveillée les pieds dans l’eau, la faute aux précipitations de
cette nuit du lundi au mardi. Du reste, elles ont duré toute la journée de ce
mardi, avant de reprendre le soir, et ont été plus violentes que cette pluie
torrentielle de la semaine dernière qui a provoqué six morts dans un éboulement
survenu au quartier Mossikrô d’Abidjan.
Les rares répits que cette pluie
sans fin offrait aux habitants, c’était juste le temps de sauver ce qui pouvait
encore l’être. Car, nombre d’entre les sinistrés, qui vivent ou non dans des
quartiers précaires, n’ont pas eu le temps de prendre place dans l’arche de
Noé, ce navire construit, selon la Bible, sur l’ordre de Dieu afin de sauver
Noé, sa famille, ainsi qu’un couple de toutes les espèces animales, et les
mettre ainsi à l’abri du Déluge en préparation. C’est ainsi qu’a pu s’opérer la
perpétuation de l’Humanité, à en croire le livre de la Genèse du chapitre 6 au
chapitre 9.
Au diapason de la fête de la
musique initiée en 1982 par Jack Lang, alors ministre français de la Culture,
habitué d’Abidjan, les seules notes qui ont véritablement résonné ce 21 juin
dans le district autonome, furent non pas les crépitements de tambours mais le
son bien rythmé des gouttes parfois petites, le plus souvent drues de ces
larmes qui tombaient du ciel, sur les toits des Ivoiriens. Autour de 200 mm de
précipitations dans la seule nuit du lundi au mardi! Sans oublier les
grondements non de tams-tams, mais du tonnerre et des éclairs zébrant par
intermittence l’obscurité, comme dans une boîte de nuit à ciel ouvert! Et c’est
ainsi que l’eau qui est dite être la vie, peut également devenir mort.
En tout cas, le visage
cataclysmique que présentaient certains quartiers d’Abidjan montre, à
suffisance, que les Ivoiriens n’avaient pas le cœur à la fête de la musique ce
21 juin. La faute à l’énorme quantité d’eau déversée sur cette ville aux mille
charmes dont ceux musicaux du Zouglou, du Gbégbé, du Couper Décaler, du
Ziglibiti, du Zogodan, pour ne citer que ces rythmes vieux ou actuels. Tout a
été orchestré par dame nature qui s’est déchaînée dans des phases endiablées de
murs qui s’écroulent, de poteaux électriques qui prennent feu, de routes
coupées comme par magie en deux, de maisons qui se remplissent d’eau à double
hauteur d’homme, etc.
Le plus dur pour certaines
familles ivoiriennes, ce ne sera certainement pas d’avoir été privées de la
fête de la musique, mais de trouver maintenant un toit pour dormir. Certes les
zones inondables ont reçu comme à l’accoutumée, leur lot de victimes, mais même
des quartiers qui d’habitude ne sont pas victimes de la furie des eaux, ont été
touchés, parce que l’eau a rencontré des obstacles sur sa route classique, du
fait de nouvelles constructions de bâtiments et autres infrastructures
routières, mais aussi des caniveaux bouchés par les déchets domestiques. Comme
quoi, beaucoup d’eau a coulé sous et sur les ponts, et c’est peu de le dire!
WS