Demain se prépare aujourd’hui! Visiblement un dicton dont fait sien le
président ivoirien Alassane Ouattara, en acceptant ce mercredi, la démission de
son Premier ministre Patrick Achi. Occasion pour le chef de l’Etat de féliciter
M. Achi, locataire officiel de la primature depuis un peu plus d’un an, après
avoir assuré l’intérim de son prédécesseur, Hamed Bakayoko, malade à l’époque
et emporté par la suite par un «cancer foudroyant», le 10 mars 2021.
Confirmé au poste dans le même mois de mars, le 6e PM de Alassane Ouattara,
après Guillaume Soro, Jeannot Kouadio-Ahoussou, Daniel Kablan Duncan, Amadou
Gon Coulibaly et Hamed Bakayoyo, pourrait bien être reconduit et prendre le
gouvernail d’une barque gouvernementale qui naviguera désormais avec moins
d’occupants que les 41 du gouvernement démissionnaire. Car l’homme fort
d’Abidjan, à son 3e et peut-être dernier mandat, compte resserrer l’exécutif.
L’initiative du dégraissage du
pachyderme ne peut être que saluée par les tenants purs et durs de la réduction
du train de vie de l’Etat, et tant est qu’elle réponde, comme l’a justifié le
chef de l’Etat, à «la conjoncture économique mondiale actuelle». Sauf qu’à ce
niveau, cela pourrait bien être un dessein politique bien camouflé. L’on sera
peu surpris de voir sortir du laboratoire présidentiel, un ou deux ministères
géants dont les détenteurs, seront, évidemment, des proches parmi les plus
proches, de Alassane Ouattara, histoire de préparer un ou deux dauphins qu’il
faut commencer à mettre au-devant des choses et leur donner le poids qu’il
faut, 2025 paraissant si loin, mais étant si proche.
L’autre scénario possible est de
recaser Patrick Achi à la tête du Sénat dont on sait le président, Jeannot
Kouadio-Ahoussou, diminué par la maladie, ou de dépoussiérer, schéma encore
plus plausible, le «tabouret» de vice-président, resté inoccupé depuis la
démission de Daniel Kablan Duncan, en juillet 2020. En rappel, à ce poste,
après son passage comme Premier ministre, le militant du Parti démocratique de
Côte d’Ivoire (PDCI) s’était spécialisé dans l’inauguration des chrysanthèmes,
espérant en vain, être le candidat à la présidentielle désigné par Alassane
Ouattara. Ce dernier lui avait préféré, en son temps, son «fils» Feu Amadou Gon
Coulibaly.
Qui donc pour remplacer Patrick
Achi? L’un des moins régulièrement cités dans le casting, Tiémoko Meyliet Koné,
le gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO)?
Abdourahmane Cissé, le Secrétaire général de la présidence? Ou alors le fidèle
Fidèle Sarassoro, le directeur de cabinet de Alassane Ouattara? A moins que, le
président ivoirien sorte la surprise du chef, de nulle part.
De toute façon, le successeur de
Patrick Achi, si ce n’est lui-même, ne restera pas longtemps dans le borsalino,
chapeau que ADO adore arborer de temps à autre, comme au temps de la campagne
présidentielle. Il devra être dévoilé dans moins d’une semaine, lors du Congrès
du parlement, que le chef de l’Etat a, lui-même convoqué pour le mardi 19
avril. Opportunité pour Alassane Ouattara d’adresser, devant les députés et les
sénateurs, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, son message
sur l’état de la nation. Ce rituel annuel, est, du reste, reconnu comme tribune
pour le président ivoirien de faire des annonces politiques d’envergure.
Donc, comme on le dit dans les
rues d’Abidjan, «tout près n’est pas loin».
W S