Robert Beugré Mambé est le nouveau Premier ministre de Côte d’Ivoire!
Wakat Séra avait, en effet, prévu pour ce lundi la nomination du remplaçant de
Patrick Achi qui avait démissionné, de même que son gouvernement, le 6 octobre,
aux lendemains des élections municipales et régionales. Mais votre quotidien
ignorait que sa phrase «sauf si le chef sort de son «borsalino», son homme
secret qui prendra les clés du Premier ministère», était prémonitoire! A
l’instar d’un meneur de jeu aux dribbles déroutants, virtuose du ballon
rond dont auront certainement besoin les Eléphants ivoiriens lors de la CAN
2023 qu’ils accueilleront du 13 janvier au 11 février 2024, leur premier
capitaine officiel, a mis dans le vent tous les pronostiqueurs chevronnés qui
reconduisaient Patrick Achi dans ses fonctions de chef du gouvernement ou
annonçaient le fidèle chef de cabinet, Fidèle Sarassoro au poste.
La veille de la nomination,
jusqu’aux alentours de 22h, selon une source, le Premier ministre sortant
tenait encore la corde. Mais, ce lundi, c’est, à la surprise générale de ses
propres membres plus que dubitatifs que la plate-forme très introduite de la
Société Civile des Opinions ouvertes et Publiques (SCOOP), présidée par
Dominique Delafosse, a lâché la bombe. Alors que tous pensaient à une info «à
deux balles», le communiqué officiel de la présidence a mis tout le monde
d’accord: le désormais ancien ministre gouverneur du district autonome
d’Abidjan et maire de la commune de Songon, Robert Beugré Mambé, cadre du
Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est bel
et bien le tout nouveau Premier ministre, soit le sixième dans l’ordre,
d’Alassane Ouattara.
Robert Beugré Mambé tourne
surtout la page Patrick Achi et fait douter les détracteurs d’Alassane Ouattara
qui le taxaient de transformer le pouvoir, notamment les postes de décision, en
propriété régionale du Nord. L’ancien patron de la Commission électorale
indépendante et maître de l’organisation réussie des 8es jeux de la
Francophonie que la Côte d’Ivoire a abrité en 2017 est certes un ancien du
Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) comme son mentor, Alassane Ouattara,
mais est loin du Nord. Cet Ebrié pur sang, de l’ethnie autochtone d’Abidjan,
technocrate mais aussi politicien hors-pair, qui porte bien sur ses cheveux
blancs la casquette de Numéro 3 du parti au pouvoir, n’est donc pas né de la
dernière pluie politique.
Du haut de ses 71 ans il pourra
bien servir d’étoile du berger aux jeunes loups qui devraient intégrer son
équipe, car il est temps que la politique ivoirienne fasse couler dans ses
veines, du sang neuf. Des ministres qui comprennent les enjeux de leur temps et
vivent véritablement le quotidien de galère de leurs congénères, la Côte
d’Ivoire en a plus que besoin, surtout en cette veille d’année d’élection
présidentielle.
La présidentielle de 2025,
parlons-en, car elle suscite déjà bien des spéculations et des débats dans tous
les camps politiques. Alassane Ouattara s’alignera-t-il dans les
starting-blocks pour défendre son fauteuil ? Il ne sera pas disqualifié, si il
y va au nom de l’actuelle constitution qui a mis à plat tous les anciens
mandats. Le président de la république, selon la constitution du 8 novembre
2016 qui fonde la 3e République, amendée en mars 2020 et modifiée par voie
parlementaire en 2020, est autorisé à se présenter pour un deuxième mandat.
Mais, car il y a toujours un mais, cette loi fondamentale semble avoir tété taillée
sur mesure lors de sa modification, ce qui donne raison à ceux qui affirment
que Alassane Ouattara est déjà en plein 3e mandat anticonstitutionnel.
Comme quoi, la bataille pour la présidentielle de 2025, vers laquelle lorgne toujours l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, sera bien mouvementée. Le nouveau Premier ministre saura-t-il faire passer l’épreuve comme ce bon attiéké fabriqué par ses parents Ebrié? En tout cas, son huile et son cube…., ingrédients indispensables pour savourer cette spécialité ivoirienne à base de manioc, sont attendus!
WS