Crise nigérienne : La Cédéao et la « théorie des dominos » (Éditorial)

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  • 31 juillet 2023 08:50

  • Politique

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L’Afrique de l’Ouest est en pleine tempête politique, suite au putsch survenu récemment au Niger. Où le président Mohamed Bazoum, démocratiquement élu en février 2021, a été renversé par des militaires, dirigé par le commandant de la garde présidentielle le général Abdourahmane Tchiani. Ce coup d’État, qui est le quatrième enregistré de manière consécutive dans la région, en moins de 3 ans, vient troubler la mare des chefs d’État de la Cédéao. Qui, pour mettre un frein à cet effet domino des putschs, n’auront d’autre alternative que d’intervenir militairement pour rétablir Bazoum dans ses fonctions.

Le cénacle des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a le mors aux dents, suite à l’éviction de leur homologue nigérien de la scène politique, par une junte militaire, de manière abrupte.

Ce cri de colère, ils l’ont réitéré ce dimanche, lors d’un sommet extraordinaire qui s’est tenu à Abuja, autour du président en exercice de l’organisation, le chairman Bola Tinubu. Tout en condamnant cet énième putsch qui remet en cause la stabilité institutionnelle du Niger, les chefs d’Etat ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes, pour réinstaller le président déchu.

Passé ce délai, le recours à la force demeure l’option la plus plausible parmi toutes celles préconisées par l’Organisation régionale. Et c’est dans cette éventualité qu’un sommet des chefs d’état-major des armées de la Cédéao a été convoqué à brûle-pourpoint.

Le sommet d’Abuja a été également l’occasion pour les participants de durcir davantage le ton, avec la prise d’un chapelet de sanctions à l’encontre du Niger et des putschistes.

Il s’agit entre autres de « la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les pays de l’UEMOA et le Niger y compris celles portants sur les produits pétroliers, l’électricité, les biens et services, le gel des avoirs financiers et monétaires de l’État du Niger à la BCEAO et dans les banques commerciales des pays de l’UEMOA ».

Une mise au ban dont le but serait d’étrangler le pays, dont la dépendance de l’appui extérieur pour sa survie est un secret de polichinelle. Le Niger étant l’un des pays les plus pauvres du monde. Avec un « Indice et indicateur de développement humain » qui le place au 189 sur 193 pays, selon un récent rapport du PNUD.

Cette réaction épidermique de la Cédéao à ce coup d’État ne surprend guère l’opinion. Quand on sait que lors du récent sommet des chefs d’État qui s’est tenu à Bissau le 9 juillet dernier, les présidents de la région avaient mis en garde contre toute prise de pouvoir par la force. Raison pour laquelle ce putsch est perçu par bien d’observateurs comme un pied de nez voire un doigt d’honneur à la Cédéao. Qui n’a d’autre alternative que de laver cet affront qui lui est fait.

En vue de mettre un frein à cet effet domino des coups d’Etat, qui rappelle la « théorie des dominos », « théorie géopolitique énoncée au XXe siècle, selon laquelle le basculement idéologique d'un pays en faveur du communisme serait suivi du même changement dans les pays voisins selon un effet domino ».

Avec la présence des éléments de Wagner dans certains pays africains, notamment le Mali, la Centrafrique et accessoirement le Burkina Faso, et le relent souverainiste qui entoure ces coups d’État, les enjeux géopolitiques et géostratégiques de ces révolutions de palais ne peuvent que sauter aux yeux.

Mamadou Dian Diallo

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