L’Afrique de l’Ouest est en pleine tempête politique, suite au putsch survenu récemment au Niger. Où le président Mohamed Bazoum, démocratiquement élu en février 2021, a été renversé par des militaires, dirigé par le commandant de la garde présidentielle le général Abdourahmane Tchiani. Ce coup d’État, qui est le quatrième enregistré de manière consécutive dans la région, en moins de 3 ans, vient troubler la mare des chefs d’État de la Cédéao. Qui, pour mettre un frein à cet effet domino des putschs, n’auront d’autre alternative que d’intervenir militairement pour rétablir Bazoum dans ses fonctions.
Le cénacle des chefs d’État de la Communauté économique des
États de l’Afrique de l’Ouest a le mors aux dents, suite à l’éviction de leur
homologue nigérien de la scène politique, par une junte militaire, de manière
abrupte.
Ce cri de colère, ils l’ont réitéré ce dimanche, lors d’un
sommet extraordinaire qui s’est tenu à Abuja, autour du président en exercice
de l’organisation, le chairman Bola Tinubu. Tout en condamnant cet énième
putsch qui remet en cause la stabilité institutionnelle du Niger, les chefs
d’Etat ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes, pour réinstaller
le président déchu.
Passé ce délai, le recours à la force demeure l’option la
plus plausible parmi toutes celles préconisées par l’Organisation régionale. Et
c’est dans cette éventualité qu’un sommet des chefs d’état-major des armées de
la Cédéao a été convoqué à brûle-pourpoint.
Le sommet d’Abuja a été également l’occasion pour les
participants de durcir davantage le ton, avec la prise d’un chapelet de
sanctions à l’encontre du Niger et des putschistes.
Il s’agit entre autres de « la suspension de toutes les
transactions commerciales et financières entre les pays de l’UEMOA et le Niger
y compris celles portants sur les produits pétroliers, l’électricité, les biens
et services, le gel des avoirs financiers et monétaires de l’État du Niger à la
BCEAO et dans les banques commerciales des pays de l’UEMOA ».
Une mise au ban dont le but serait d’étrangler le pays, dont
la dépendance de l’appui extérieur pour sa survie est un secret de
polichinelle. Le Niger étant l’un des pays les plus pauvres du monde. Avec un «
Indice et indicateur de développement humain » qui le place au 189 sur 193
pays, selon un récent rapport du PNUD.
Cette réaction épidermique de la Cédéao à ce coup d’État ne
surprend guère l’opinion. Quand on sait que lors du récent sommet des chefs
d’État qui s’est tenu à Bissau le 9 juillet dernier, les présidents de la
région avaient mis en garde contre toute prise de pouvoir par la force. Raison
pour laquelle ce putsch est perçu par bien d’observateurs comme un pied de nez
voire un doigt d’honneur à la Cédéao. Qui n’a d’autre alternative que de laver
cet affront qui lui est fait.
En vue de mettre un frein à cet effet domino des coups
d’Etat, qui rappelle la « théorie des dominos », « théorie géopolitique énoncée
au XXe siècle, selon laquelle le basculement idéologique d'un pays en faveur du
communisme serait suivi du même changement dans les pays voisins selon un effet
domino ».
Avec la présence des éléments de Wagner dans certains pays
africains, notamment le Mali, la Centrafrique et accessoirement le Burkina
Faso, et le relent souverainiste qui entoure ces coups d’État, les enjeux
géopolitiques et géostratégiques de ces révolutions de palais ne peuvent que
sauter aux yeux.
Mamadou Dian Diallo