La sortie musclée du principal opposant au régime de Conakry ce weekend, à la faveur d’une visioconférence, appelant à une nouvelle coalition des forces vives de la nation contre la « dictature », pourrait sonner la fin de la « trêve des confiseurs ». Le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) n’a d’ailleurs pas tardé à s’engouffrer dans cette brèche ouverte par Mamadou Cellou Dalein Diallo, pour annoncer la reprise imminente de ses activités. Coïncidence ou pas ? Tout porte-à-croire que les deux anciens alliés d’hier pourraient tout bonnement revenir à leur ancienne idylle.
Pour laver sans doute le nouvel affront qui vient de lui
être fait par le pouvoir, en le privant de voyage, pour la seconde fois, le
leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) est sorti de ses
gonds. Cellou pour qui l’escrime politique n’a plus de secret, a profité de la
première assemblée générale virtuelle de son parti, tenue le samedi 20 mars, pour ameuter ses troupes.
L’occasion était opportune pour sonner le tocsin, et caricaturer le pouvoir
de Conakry sous les traits d’un régime,
partagé entre dictature et kleptocratie.
Dans cette épreuve de force entre les deux maillons forts de
l’échiquier politique guinéen, le chef de l’opposition est décidé à tenir de
nouveau la barbichette à Alpha Condé. Plus question de continuer à avaler des
couleuvres.
Des inconditionnels de Cellou répètent à qui veut l’entendre
que la coupe est assez pleine. A la
détention prolongée de ses principaux lieutenants, vient s’ajouter l’interdiction
de sortir du territoire national qui lui pèse désormais. Se trouvant dos au
mur, Dalein veut donc sortir de sa torpeur et faire feu de tout. Car en
réalité, il s’agit dorénavant d’une lutte pour la survie politique.
D’où cet appel lancé
en faveur de la mise sur pied d’une coalition composée de partis politiques et
de la société civile. Afin de créer une synergie d’actions pour tenir la dragée
haute au gouvernement.
Cet appel de détresse pour « sauver la démocratie »,
est perçu comme un message subliminal
adressé au FNDC. Cette coalition hétéroclite de partis politiques et de
mouvements de la société qui fut le porte-étendard de la lutte contre le
troisième mandat d’Alpha Condé.
A l’allure où vont les choses, l’UFDG et le FNDC pourraient
revenir à leur ancienne idylle. Une idylle rompue à la faveur de la
présidentielle du 18 octobre à laquelle Dalein avait pris part, sans l’onction
du front. Voulant à tout prix vaincre les signes indiens de la défaite. Une
aventure qui s’est soldée malheureusement par une énième déconvenue électorale.
Malgré ce psychodrame, qui à l’époque avait fait jaser dans
le landerneau politique, bien des gens pensent que le FNDC pourrait saisir la main tendue de Cellou. Ce dernier étant le
plus gros pourvoyeur de militants à la plateforme, qui a besoin de bras dans
son combat. On en est certes pour le moment au stade des déclarations
d’intention. Avec d’un côté le leader de l’UFDG qui appelle à ferrailler contre
l’exécutif, et de l’autre, le FNDC qui voudrait
renaître de ses cendres, après avoir été contrainte à la pause. Face à
la charge à la hussarde du régime lors du double-scrutin du 22 mars.
C’est serait de bonne guerre que l’UFDG et le FND puissent retrouver leurs marques, pour
redonner du souffle à notre démocratie. Quoi de plus normal.
Car comme le disait François Mitterrand, « il n’y a de
démocratie que là où il ya contre-pouvoir ».
Mamadou Dian Baldé