Les étoiles semblent s’être enfin alignées en faveur d’une sortie de crise. C’est le moins qu’on puisse affirmer, suite au dernier développement de la situation, qui laisse entrevoir une volonté des deux parties antagonistes à consentir des concessions, en vue de décrisper la tension politique. Les bons offices des médiateurs auront fortement pesé dans la balance. Et c’est donc à l’actif des guides religieux et des facilitatrices, si chaque camp s’est vu contraint de lâcher du lest, afin de donner une chance à cette énième médiation visant à rabibocher les parties en conflit.
Après avoir épuisé les charmes de la confrontation tous
azimuts, les forces vives et le pouvoir de Conakry seraient sur le point de
ranger les armes, au profit d’un dialogue franc et responsable.
Un pas vient en effet d’être franchi en faveur de la mise en
place d’un cadre, qui réunira l’aile dure des forces vives et la junte
guinéenne. Cette dernière ayant consenti à desserrer l’étau autour des
frondeurs. Tout en se gardant certes de s’immiscer dans le champ judiciaire.
L’exécutif saura certainement ménager la chèvre et le chou,
pour dégripper la machine de la médiation. En tant que clé de voûte des
institutions.
A noter que parmi les préalables posés comme mise en bouche
par les forces vives, figurent la levée imminente des poursuites judiciaires
contre certains acteurs politiques, poursuivis pour attroupement illégal. Le
retour sans encombre des leaders, contraints à un exil forcé. Dalein et Sidya
ayant quitté précipitamment le pays, après avoir senti le vent du boulet, suite
au passage du rouleau compresseur du patrimoine bâti-public à Dixinn et à la
minière.
Et depuis, ces figures de proue de la classe politique
guinéenne craignent de rentrer au bercail. Où la gestion des anciens dignitaires
des régimes précédents est en train d’être passée à la trappe.
La balle est donc dans le camp des autorités de la
transition, dont le porte-voix dans ces pourparlers n’est autre que le Premier
ministre Dr Bernard Goumou. Passé maître dans l’art de souffler le chaud et le
froid.
Les forces vives pour leur part, ont sans doute compris que
le moment est venu de saisir cette main tendue du gouvernement, pour vider
l’abcès. Étant dans une position de force, pour avoir réussi à faire plier la
junte, en jouant les croque-mitaines.
Une junte qui a prouvé ainsi sa phobie des manifestations de
rue. Une brèche dans laquelle les forces vives pourraient dorénavant
s’engouffrer, pour monter les enchères, au besoin.
D’autant qu’elles pourraient faire monter le levier de leurs
préalables, graduellement, l’opportunisme politique aidant. Le but final étant
de parvenir à un cadre de dialogue, placé sous la férule de la Cédéao. Une
option que le pouvoir de Conakry ne verrait pas d’un bon œil. Le Premier
ministre, a d’ailleurs déclaré récemment ne pas être un « employé » de
l’organisation sous régionale. Des propos visant à réveiller la fibre
patriotique, voire nationaliste, chez un peuple, mû par l’instinct
grégaire.
Mamadou Dian Baldé