Demandons pas trop au CNRD ! (La Chronique de Kabinet Fofana)

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  • 18 septembre 2021 08:54

  • Politique

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Envers et contre tous, Alpha Condé a été déposé par ses forces spéciales. Qu’il soit aujourd’hui frappé d’estoc et de taille par une frange de l’opinion, n’a rien de nouveau sous les tropiques ; car les coups de force ordinairement sont applaudis et chantés parce qu’intervenant sciemment à des moments qui s’y prêtent. Alpha Condé ou IBK ont offert à leurs forces spéciales les arguments d’opérer le casse. Au Mali comme en Guinée, l’opposition politique ne s’en aucunement émue du coup de force.

C’est normal ! Cette attitude de validation systématique de l’intrusion de l’armée dans le champ politique trouvant une explication dans le fait que pour le personnel politique c’en est bien une occasion de conquérir le pouvoir et d’en exercer. Entre attendre sur la main courante pendant 6 ans et espérer que des militaires s’en iraient un peu plus tôt à la suite d'un putsch, le choix va de soi pour l’opposition politique. C'est comme s'en moquer de sa première chemise. Enchanter le CNRD aujourd’hui, cela fut aussi le cas en 2008.

Si on peut donc trouver de bonne guerre que la plupart des partis encensent le CNRD, dans la foulée, il serait cependant autant prudent de s’éviter de tomber dans la nasse ! s’éviter le piège de l’euphorie suscitée par l’abrègement du pouvoir de Condé. Ceci serait aussi une façon de s’écarter des erreurs du passé. En tout cas le colonel lui promet qu’il n’en commettra point. Qu’il ne fera pas comme Dadis en 2008, peut-on comprendre dans cette suite de mots. D’ailleurs, il parle peu ou prou. Ceci n’est pas mal. En revanche, on ferait mieux aussi de demander moins ou tout au moins ne pas trop demander à Mamady. Aussi inconséquent que soit le personnel politique, le travail politique et administratif lui en revient de principe. D’ailleurs, il est consacrée en démocratie la gestion civile de l’armée.

Demander aussi au CNRD de trouver des réponses politiques à toutes les problématiques depuis que le colon est parti de chez nous, c’est lui en demander trop. C’est lui exiger des objectifs de développement. Une telle entreprise requiert du temps, de l’ingénierie et d’une stratégie programmatique ce qui n’est pas le propre des militaires. Outre mesure, questionner la gouvernance ou faire la justice sociale est en soi un excellent défi, seulement que cela commande d’opérer des choix comme savoir s’il faut évaluer les 10 ans d’Alpha Condé ou plutôt dresser l’autopsie de tous les régimes. Pour s’y prendre, suppose aussi qu’il soit assigné à l’armée un supra-rôle de « chien de garde » de la démocratie, de l’alternance et de l’orthodoxie nécessitant donc qu’elle soit exempte de toute critique à moins qu’on s’accorde que l’armée a depuis redoré son blason, qu’elle serait devenue une armée patriotique. Alors que nul ne vienne nous dire prochainement qu’elle devrait reporter ce travail-là à un gouvernement civil élu et légitimé par une élection libre, crédible, transparente dont les résultats sont acceptés par tous.

 

 

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