Envers et contre tous, Alpha Condé a été déposé par ses forces spéciales. Qu’il soit aujourd’hui frappé d’estoc et de taille par une frange de l’opinion, n’a rien de nouveau sous les tropiques ; car les coups de force ordinairement sont applaudis et chantés parce qu’intervenant sciemment à des moments qui s’y prêtent. Alpha Condé ou IBK ont offert à leurs forces spéciales les arguments d’opérer le casse. Au Mali comme en Guinée, l’opposition politique ne s’en aucunement émue du coup de force.
C’est normal ! Cette attitude de validation systématique de l’intrusion de l’armée dans le champ politique trouvant une explication dans le fait que pour le personnel politique c’en est bien une occasion de conquérir le pouvoir et d’en exercer. Entre attendre sur la main courante pendant 6 ans et espérer que des militaires s’en iraient un peu plus tôt à la suite d'un putsch, le choix va de soi pour l’opposition politique. C'est comme s'en moquer de sa première chemise. Enchanter le CNRD aujourd’hui, cela fut aussi le cas en 2008.
Si on peut
donc trouver de bonne guerre que la plupart des partis encensent le CNRD, dans
la foulée, il serait cependant autant prudent de s’éviter de tomber dans la
nasse ! s’éviter le piège de l’euphorie suscitée par l’abrègement du pouvoir de
Condé. Ceci serait aussi une façon de s’écarter des erreurs du passé. En tout
cas le colonel lui promet qu’il n’en commettra point. Qu’il ne fera pas comme
Dadis en 2008, peut-on comprendre dans cette suite de mots. D’ailleurs, il
parle peu ou prou. Ceci n’est pas mal. En revanche, on ferait mieux aussi de
demander moins ou tout au moins ne pas trop demander à Mamady. Aussi
inconséquent que soit le personnel politique, le travail politique et
administratif lui en revient de principe. D’ailleurs, il est consacrée en
démocratie la gestion civile de l’armée.
Demander
aussi au CNRD de trouver des réponses politiques à toutes les problématiques
depuis que le colon est parti de chez nous, c’est lui en demander trop. C’est
lui exiger des objectifs de développement. Une telle entreprise requiert du
temps, de l’ingénierie et d’une stratégie programmatique ce qui n’est pas le
propre des militaires. Outre mesure, questionner la gouvernance ou faire la
justice sociale est en soi un excellent défi, seulement que cela commande
d’opérer des choix comme savoir s’il faut évaluer les 10 ans d’Alpha Condé ou
plutôt dresser l’autopsie de tous les régimes. Pour s’y prendre, suppose aussi
qu’il soit assigné à l’armée un supra-rôle de « chien de garde » de la
démocratie, de l’alternance et de l’orthodoxie nécessitant donc qu’elle soit
exempte de toute critique à moins qu’on s’accorde que l’armée a depuis redoré
son blason, qu’elle serait devenue une armée patriotique. Alors que nul ne
vienne nous dire prochainement qu’elle devrait reporter ce travail-là à un
gouvernement civil élu et légitimé par une élection libre, crédible,
transparente dont les résultats sont acceptés par tous.