Le 27 juin, a démarré, dans la capitale guinéenne, le dialogue
politique entre les coalitions des partis politiques, les organisations de la
société civile, les syndicats et le gouvernement de transition guinéen.
Initialement prévu le vendredi dernier, ce dialogue tant attendu, avait été
reporté suite au refus de certains partis politiques d’y participer. Si cette
fois-ci semble la bonne, au regard du nombre et de la qualité des participants,
on note tout de même l’absence de l’ex-parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple guinéen (RPG) qui a décidé de
boycotter ce dialogue en signe de protestation contre la détention de certains
de ses cadres. A quelques jours de la tenue du Sommet de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui doit se pencher, le 3
juillet prochain, sur la situation dans les trois pays que sont la Guinée, le
Burkina et le Mali, on est tenté de dire que le démarrage de ce dialogue
politique n’est pas un fait de hasard. Loin s’en faut. Il s’agit d’un geste de
séduction à l’endroit de l’organisation ouest-africaine. Mais suffira-t-il à
lever l’épée de …la CEDEAO qui reste suspendue sur la tête du pays? Rien n’est
moins sûr. Cela dit, l’on ne peut que saluer la tenue de ce dialogue qui
devrait permettre de voir plus clair dans le jeu de la junte. Dans la même
dynamique, ce dialogue permet de satisfaire l’une des principales doléances de
la classe politique guinéenne qui, depuis l’avènement des militaires au
pouvoir, n’a eu de cesse de dire son souhait d’être associée au processus de
Transition.
La junte peut encore surprendre agréablement les Guinéens
Cela dit, ce dialogue
permettra-t-il d’aborder les vraies préoccupations du peuple guinéen ? Pas si
sûr. En tout cas, de nombreux acteurs ne cachent pas leur scepticisme. Mais si
Mamady Doumbouya veut continuer de bénéficier de la compréhension de ses
concitoyens et de la communauté internationale qui attendent un chronogramme
clair du processus électoral censé ramener l’ordre constitutionnel en Guinée,
il se doit de jouer franc jeu et éviter tout calcul politicien. En tous les
cas, si le nouveau maître de la Guinée veut éviter des sanctions de la CEDEAO
soutenue par l’Union africaine (UA) et l’ONU, il doit montrer patte blanche
même si l’on peut douter de l’efficacité de ces sanctions en Guinée qui
bénéficie d’un littoral et dont l’économie est très peu intégrée dans celle de
la communauté sous-régionale. Mais tout
cela relève, pour l’instant, de l’imaginaire et la junte peut encore surprendre
très agréablement les Guinéens et tous les partenaires techniques et financiers
du pays. Même si l’héroïsme est chose rare dans le landerneau politique en
Afrique, il existe des exemples qui peuvent inspirer Mamady Doumbouya comme
celui de Rawlings au Ghana ou encore celui de Salou Djibo au Niger. En tout état
de cause, s’il tient à rentrer dans l’histoire, il doit plutôt écouter le
peuple guinéen et non ses courtisans.
DZ