Le 5 juillet 2022, les leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), M. Oumar Sylla « alias Foniké Menguè », M. Alpha Midiaou Bah « alias Djanii Alfa » et M. Mamadou Billo Bah, respectivement Coordinateur national, Responsable de la citoyenneté et Responsable de la mobilisation et des antennes du Mouvement, ont été arrêtés par la Brigade de répression et du banditisme (BRB), dans une scène d’une violence inouïe.
Ces leaders du FNDC ne seraient ni plus ni moins suspectés
d’avoir discrédité la justice guinéenne dans des publications sur les réseaux
sociaux.
Face au choc et à l’indignation qu’ont suscités les images
de leur arrestation dans l’opinion nationale et internationale, les services du
parquet général ont tenté, dans un communiqué publié ce mercredi 06 juillet
2022, de justifier ces allégations abusives et la procédure arbitraire au moyen
d’arguments juridiques alambiqués visant à couvrir l’action des agents des
forces de sécurité ayant infligé des traitements inhumains et dégradants aux
responsables du FNDC.
Les soussignés invitent le procureur général à prendre,
contre ces agents des forces de l’ordre, des sanctions à la hauteur de leurs
manquements.
Les soussignés demandent aux autorités guinéennes de
procéder à la libération immédiate et sans conditions de ces trois activistes
dans les plus brefs délais.
Ils rappellent que, depuis plusieurs mois, le FNDC n’a eu de
cesser d’adopter une démarche constructive avec les autorités temporairement au
pouvoir pour aider à la transition démocratique. Ils ont également placé leur
confiance dans le système judiciaire pour voir juger les exactions commises par
le régime d’Alpha Condé.
Ce n’est que récemment que le FNDC a appelé à la
mobilisation publique devant le constat sans appel de l’impasse dans laquelle
se trouvait le pays. Cet appel se borne à faire usage de droits collectifs
parfaitement élémentaires. Il s’est pourtant heurté à l’édiction
d’interdictions de manifestation portant une atteinte manifestement
disproportionnée à ces mêmes droits.
La liberté d’expression, la liberté d’association, sont des
droits fondamentaux qui doivent être protégés par tout régime attaché à des
idéaux démocratiques. Il ne peut être porté à ces droits que dans des
circonstances exceptionnelles. Ces circonstances sont ici totalement
inexistantes.
Les soussignés attirent l’attention de la communauté
internationale sur la dégradation manifeste de l’état des droits civiques en
Guinée, que signent ces arrestations. Ces arrestations arbitraires renouent
avec des pratiques que la société civile guinéenne pensait à tort révolues.
Elles marquent également un paradoxe avec la volonté d’indépendance affichée
par le parquet, notamment illustrée par les poursuites contre les crimes de
sang commises sous le régime d’Alpha Condé, et une criminalisation inacceptable
du FNDC, acteur démocratique de premier plan en Guinée.
Il est indispensable qu’une réaction intervienne. Les
soussignés disposent de tous les éléments laissant craindre qu’elles ne soient
que le signe avant-coureur d’un accaparement sans retour du pouvoir.
Les soussignés en appellent notamment à la CEDEAO, à l’UA et
au Haut-Commissariat des Nations Unies pour prendre toutes les initiatives qui
s’imposent face à cette situation d’une extraordinaire gravité.
Paris, le 06 juillet
2022
William BOURDON
Vincent BRENGARTH