La cacophonie créée par Ousmane Gaoual, Chérif Bah et Cellou Baldé, à travers leur fameuse tribune, sape indéniablement le moral de l’UFDG. Mais, à y voir de plus près, l’on s’aperçoit que la guerre d’usure endurée depuis six mois par le parti de Cellou Dalein Diallo, au sujet de ses détenus, crée autant, sinon plus d’ennuis au pouvoir de Conakry. Alors, le pouvoir chercherait-il à se débarrasser d’une patate devenue trop chaude entre ses mains ? C’est du moins la quintessence de cet éditorial de Talibé Barry.
Entre le régime Condé et l’UFDG, pour qui le dossier des
détenus politiques devient-t-il finalement une patate chaude ? Une
question truculente qui, visiblement, empoisonne le climat politique au sein du
principal parti d’opposition en Guinée.
Sur la question, un premier niveau d’analyse laisse
apparaître une formation politique secouée par la tribune Chérif Bah-Ousmane
Gaoual-Cellou Baldé, qui font un appel du pied au pouvoir de Conakry. Bien que
convaincus de leur innocence, ils espèrent ainsi attirer l’attention des
autorités politiques et judicaires et de la communauté internationale sur le
fait que leur situation représente un obstacle à l’apaisement dans le pays.
La réaction presque de pied à pied de la Direction nationale
de l’UFDG à cette tribune, montre l’embarras dans lequel ses trois
co-signataires ont plongé le parti de Cellou Dalein Diallo. Au regard de sa
ligne dure vis-à-vis du régime en place, qui a réprimé sans ménagement le
parti, ses responsables et ses militants, la réaction ferme de l’UFDG n’est pas
surprenante.
Même si le parti exprime sa compassion à leur égard, il reste
cependant intraitable sur toute idée de dialogue avec les autorités actuelles.
Une position officielle qui ne devrait surprendre personne, d’autant que le
parti se serait fait hara-kiri en embouchant la même trompette que ses trois
responsables embastillés à la maison centrale de Conakry. Histoire de ne pas
perdre la face, malgré la rude épreuve qu’il traverse et les incertitudes qui
planent sur son avenir.
Toutefois, il serait politiquement myope de tomber dans l’émotion,
en voyant ce dossier des détenus politiques comme un caillou dans les seules
chaussures de l’UFDG.
Car, cette affaire fait partie des motifs qui placent
aujourd’hui une trentaine de personnalités étatiques guinéennes dans le viseur
de l’Union européenne. Lesquelles risquent gros, si elles étaient touchées par
une interdiction de voyage et un gel de leurs avoirs dans les pays de l’UE.
Cette détention provisoire prolongée, au rythme d’une procédure judiciaire
jugée politiquement téléguidée, ne sont donc pas du goût des chancelleries
occidentales et des organisations de défense des droits de l’homme.
Conakry est presque donc au ban de la communauté internationale,
après un 3ème mandat obtenu au forceps, avec son cortège de morts, de
destructions et de prisonniers politiques. Le dossier des détenus politiques, vu
sous l’angle d’une patate chaude pour le pouvoir d’Alpha Condé, amène certains
observateurs à penser que la tribune co-signée et son ampleur actuelle,
relèvent d’un simple jeu de manipulation orchestré par le gouvernement guinéen.
En clair, le pouvoir chercherait une porte de sortie d’une
affaire devenue un engrenage politique, le mettant en mal avec une communauté internationale
qui n’est pas prête à le caresser dans le sens du poil. Les réactions
favorables du Premier ministre et de Tibou Kamara, à cette tribune en diraient
longtemps sur l’opportunité qui leur serait ainsi offerte par Chérif Bah,
Ousmane Gaoual Diallo et Cellou Baldé.
Du coup, il ne serait pas naïf de se demander si la guerre
d’usure à laquelle est soumise l’UFDG sur le dossier de ses détenus, ne
pourrait pas créer plus d’ennuis au régime Condé. Qui, à son tour, joue son
va-tout pour que le parti de Cellou Dalein y laisse quelques plumes, en se
fissurant ou en perdant certains de ses cadres.
Talibé Barry