Détenus politiques : Le libre arbitre d’Alpha contre l’obstination de Mamadou Sylla

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  • 02 août 2021 14:14

  • Politique

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Quitte à paraître peu crédible, le chef de file de l’opposition tient à se couvrir des lauriers de cette évolution. En témoigne la dernière lettre de Mamadou Sylla au président de la République. Pourtant, le président Alpha Condé a écrit son scénario, de sorte que cette libération de détenus politiques ne se justifie que par son seul libre arbitre. C’est le sens de l’éditorial de Talibé Barry.

Cette lettre de Mamadou Sylla, qui a certes le flair d’un félin politique, s’apparente tout de même, à s’y méprendre, à un bien maigre lot de consolation. En rappelant dans cette missive datée du 30 juillet, avoir déjà adressé des mémos au président Alpha Condé, en vue de cette libération, le chef de file de l’opposition admet aussi, que malgré le climat enthousiaste de sa rencontre avec Alpha Condé à Sekhoutoureah, son cabinet avait échoué à faire plier le champion du RPG. Le bataillon de Mamadou Sylla avait dû alors ravaler son amour-propre, pour se contenter d’une visite aux détenus politiques à la Maison centrale de Conakry.

La ligne dure adoptée, quelques semaines après, par le président de l’UDG contre le régime Condé, traduisait éloquemment le goût fielleux de cet échec. Même si la réplique cinglante du camp présidentiel avait valu à Mamadou Sylla son élimination du cérémonial d’accueil à l’aéroport de Conakry.

A travers sa lettre au chef de l’Etat, Mamadou Sylla tente donc de soigner ses meurtrissures nées du fiasco de sa démarche urbi et orbi en faveur de la libération des détenus politiques.

Pourtant, on n’a guère besoin d’être un prestidigitateur pour comprendre que le président Alpha Condé avait réglé comme du papier à musique le processus de libération de ces détenus. Pour qu’en définitive, il soit le seul à en récolter le bénéfice politique. Puisque la justice a condamné, seule sa grâce pouvait sortir Grenade et compagnie des affres de la prison. Une décision qu’il a d’ailleurs prise sur la foi d’excuses publiques des concernés.

Et puis, en détention prolongée depuis près de neuf mois, sans la perspective de l’ouverture d’un procès, il fallait aussi la magnanimité présidentielle pour que quatre responsables de l’UFDG rentrent à la maison. La semi-liberté accordée à Chérif Bah et Cie par le directeur de l’administration pénitentiaire, avec la discrète mais inéluctable instruction ou bénédiction présidentielle, cette semi-liberté donc s’inscrit manifestement dans la logique de laisser voir la haute et lourde main présidentielle derrière cette libération, fut-elle conditionnelle.

Autrement dit, pas question de faire élargir ces responsables de l’UFDG dans le sillage des mémos du chef de file de l’opposition. Mieux, il fallait aussi opter pour une mesure de l’administration pénitentiaire, au lieu d’une liberté conditionnelle accordée par un juge, puisque cela sonnerait comme l’aboutissement des efforts des avocats de ces détenus politiques. Et le tour est joué.

Au final, l’ombre tutélaire et la volonté personnelle de notre hyper-président aura été suffisamment affirmés voire martelée.

Autant dire que Mamadou Sylla et son cabinet peuvent bien se targuer d’avoir tordu la main au Fama national. Mais, nul n’est dupe sous les tropiques des ex-Rivières du sud.

En liberté ou en détention, notre docte Professeur-Président a infailliblement droit de vie et de mort sur chaque Guinéen, établi sur la moindre portion des 246 Km2 du territoire national.

 Ainsi va le bled et ainsi le veut le pouvoir absolu. Et finalement, ainsi semble nous y condamner le pouvoir à vie consacré par le référendum du 22 mars 2020. Et ce n’est pas le colosse de Dixinn-Bora qui me dira le contraire.

 

Talibé Barry

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