A peine lancé, le dialogue politique en gestation, sous la conduite du Premier ministre Mohamed Béavogui, pourrait voler en éclat, avec le retrait annoncé d’une frange du « nec plus ultra » de la classe politique guinéenne. C’est le cas notamment de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad), qui ayant sans doute le nez creux, dit craindre que tout ce manège ne soit une simple entourloupette, destinée à enfumer la communauté internationale, dont les sanctions se font de plus menaçantes, à mesure que se profile à l’horizon le sommet des chefs d’État de la Cédéao, prévu pour le 3 juillet. Un avis partagé par son alter ego de la société civile, le Front national pour la défense de la constitution (Fndc), dont la trêve arrive à expiration ce jeudi.
L’espoir suscité par le discours compassé du Premier
ministre Mohamed Béavogui en faveur d’un cadre de dialogue inclusif, censé
servir d’adjuvant pour vider les contentieux autour de la gestion de la
transition, est en train de s’envoler comme plume au vent.
Au grand dam des fauteurs de paix, qui s’attendaient à ce
que ce cadre qui est en train d’être porté sur ses fonts baptismaux puisse
mettre un terme à la poussée de fièvre sur l’échiquier politique.
Le refus de l’Anad de se retrouver à la même table que des
formations politiques de faible envergure, et de se plier aux injonctions de
Mohamed Béavogui, dans sa quête de contribution de la part des parties
prenantes au processus, par le biais de mémorandum n’aura fait que jeter un froid
sur le projet de dialogue. Une position partagée par le Fndc qui reste ferme
sur ses arçons.
Ces frondeurs attendent en effet des gages de la part du
gouvernement, qui est soupçonné à tort ou à raison de vouloir jouer la montre.
Dans le seul but d’échapper au couperet de la Cédéao, lors de la réunion du 3
juillet. Où le sort de la Guinée sera de nouveau discuté par les dirigeants de
la région, en vue de passer les autorités de la transition sous les fourches
caudines de la Cédéao au cas où celles-ci ne seraient pas dans les clous.
Nous osons espérer que le Premier ministre saura user du
mantra qui sied pour ramener tous les acteurs clés autour de lui, dans le cadre
de ce dialogue. Surtout que ceux qui ont des à priori négatifs sur sa démarche
commencent à grincer des dents. De là à déterrer la hache de guerre, il n’y
aura qu’un pas que le Fndc pourra vite franchir. Quand on sait qu’au niveau de
l’état-major du front, les militants pro démocratie sont sur des charbons
ardents. Vu que la trêve arrive à expiration ce jeudi, sans que les lignes ne
bougent dans la satisfaction de leurs préalables. Certains fauteurs de paix
craignent que cette initiative gouvernementale ne finisse en carambouille.
Mamadou Dian Baldé