Le Premier Ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana, a présenté sa Déclaration de politique générale du Gouvernement, ce mercredi, 7 avril, devant les députés réunis à l'Assemblée nationale. Ci-joint l'intégralité de cette Déclaration...
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les
Présidents des Institutions Républicaines, Honorables Députés,
Monsieur le Ministre d’Etat
Représentant de Son Excellence Monsieur le Président de la République auprès
des Institutions Républicaines,
Mesdames et Messieurs les Membres
du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Membres
du Corps Diplomatique et Représentants des Institutions Internationales,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Président de la
République m’a fait l’insigne honneur de me reconduire dans mes fonctions,
ainsi que la majorité des membres de l’équipe gouvernementale que je dirige.
Au nom de tout le Gouvernement,
je voudrais lui exprimer la gratitude d’avoir l’occasion de servir encore notre
pays à un moment crucial de son histoire et à cette époque de tous les défis
pour l’humanité.
Je mesure, avec tous les
ministres, la responsabilité de réussir notre mission individuelle et
collective pour le bonheur de nos concitoyens, afin de montrer le bon exemple
aux générations futures appelées à prendre notre relève.
Tous ici, nous sommes soucieux de
l’héritage que nous voulons laisser dans l’histoire qui n’a pas de limite dans
le temps. Notre avenir dont chacun d’entre nous, est l’architecte est notre
promesse d’aujourd’hui et notre espoir pour demain.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale, Honorables Députés,
Il y a un peu moins de trois
ans, j’étais dans l’enceinte de cette auguste Assemblée, devant la
Représentation nationale, pour faire la déclaration de politique générale du
Gouvernement.
Le contexte d’alors était marqué,
sur le plan intérieur, par des tensions et convulsions sur fond de grèves
syndicales, de manifestations politiques à répétition, et une insécurité forte
pesant sur la quiétude des citoyens et sur le cours normal des activités
économiques.
L’autorité de l’État était
bafouée et son fonctionnement normal gravement perturbé.
Nous avons su trouver une issue
aux grèves récurrentes, notamment celles des enseignants. L’esprit de
responsabilité et la collaboration des partenaires sociaux ont permis à nos
enfants de retrouver le chemin de l’école.
Nous avons ramené la quiétude dans
la cité grâce à la mise en place d’un dispositif sécuritaire renforcé. Les
points d’appui (PA) ont contribué à rétablir l’autorité de l’État et mettre un
frein à la vague de violences qui endeuillaient tant de familles.
J’insiste sur ce point car je veux
que ce soit très clair : la sécurité des Guinéens n’est pas négociable. Les
Guinéennes et les Guinéens ont le droit de vivre sans craindre pour leur vie,
ni pour leurs biens. J’en ferai toujours, je le dis bien toujours, une priorité
de mon Gouvernement.
La situation politique et sociale
a certes notablement évolué, mais les enjeux d’alors et ceux d’aujourd’hui
restent les mêmes, avec plus ou moins d’acuité selon les sujets.
Je sais, bien que nous nous
réjouissions tous de vivre dans un pays plus sûr qui concilie l’impératif de la
liberté et le devoir de la responsabilité, des voix s’élèvent pour évoquer des
restrictions des droits des citoyens, voire le recul de notre démocratie.
C’est une caricature et un
mauvais procès qui est fait à notre pays. C’est aussi mal connaître le parcours
personnel et l’histoire politique du Président Alpha CONDE.
La question qui mérite d’être
posée et que l’on occulte trop souvent et qui nous interpelle tous est la
suivante : peut-on exercer des droits reconnus et des libertés fondamentales
dans la défiance permanente des Institutions et dans une société de violences
et de désordre ?
Nous voulons un pays de liberté
et un Etat de droit, mais nous aspirons aussi à une société de responsabilité
dans laquelle chacun connait ses droits et devoirs, respecte les lois de la
République, les Institutions et l’ordre constitutionnel.
Ici comme ailleurs, n’est-ce pas
la norme et le principe ? La liberté dans la responsabilité et la sécurité pour
tous est une responsabilité qui incombe à tous les Etats et Gouvernements du
monde, de même la marque de toutes les nations démocratiques.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Ma présence devant vous, élus du
peuple, est l’occasion d’évoquer le chemin parcouru, avant d’esquisser de
nouveaux horizons, et de tracer les perspectives porteuses de nouvelles
espérances pour notre cher pays.
Bilan de la politique sociale
Au plan économique, nous avons su
conduire avec succès, à son terme, le programme économique et financier du
Gouvernement appuyé par la Facilité élargie de crédit du Fonds monétaire
international, avec la conclusion des 5ème et 6ème revue en décembre
dernier.
Je me réjouis d’autant plus de ce
succès qu’il intervient malgré les contraintes inhérentes à la Facilité élargie
de crédit (FEC).
Où en sommes-nous ?
En dépit d’un contexte mondial de
crise, notre économie s’est révélée résiliente grâce au plan de riposte du
Gouvernement. Elle connait un rythme de croissance des plus élevés en Afrique
subsaharienne avec un taux de
5,2% en 2020 et une estimation
d’environ 6% cette année.
L’enjeu est désormais de rendre
ces performances inclusives et durables.
C’est justement le mandat que
j’ai reçu avec le Gouvernement que je dirige de Monsieur le Président de la
République. Le Président m’a chargé de conduire une politique sociale forte,
articulée sur la dynamique du partage de la prospérité économique.
Au cœur de ce mandat, notre
volonté est de rendre la vie de nos concitoyens meilleure. Au quotidien, de
façon tangible, chaque Guinéen doit ressentir – concrètement – les effets des
performances économiques réalisées par notre pays.
Et je veux le souligner : cette
sensibilité sociale nous anime dans toutes nos actions. Pour la réaliser, le
Gouvernement sous le leadership de Monsieur le Président de la République, a
mis en œuvre une série de politiques publiques solides, basées sur des
programmes de redistribution des fruits de la croissance.
Ces programmes dont j’avais
annoncé le lancement à ma prise de fonction, dans ce temple de la démocratie,
ont commencé à produire des résultats.
Le premier de nos grands
chantiers dans ce sens est celui de la réduction de la pauvreté en Guinée, à
travers un meilleur partage de la prospérité économique.
Cette promesse a été tenue.
L’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES) que nous avons
créée pour atteindre cet objectif, a pris son envol, et est aujourd’hui une
véritable source de fierté nationale et aussi un modèle pour d’autres nations
séduites par cette expérience inédite.
Comme je l’ai déjà dit avec
d’autres mots, notre ambition est de faire en sorte que la croissance
économique soit inclusive, c’est-à-dire partagée au plus grand nombre de nos
concitoyens.
Six (6) millions de Guinéens,
soit plus de 40% de la population, seront concernés par notre politique
d’inclusion économique et sociale à l’horizon 2025.
Je suis en mesure de dire,
aujourd’hui, que nous sommes sur la bonne voie.
L’ANIES a commencé à déployer ses
programmes en faveur des ménages les plus vulnérables. En faveur de ceux qui
n’ont rien ou vivent de peu. Nous leur garantissons un minimum vital, un
pouvoir d’achat immédiat, tous les mois.
D’autres axes de notre politique
d’inclusion conduite par l’ANIES concernent le soutien à l’électrification en
milieu rural, à l’agriculture et à l’entreprenariat, notamment des
jeunes.
Nous avons ainsi adopté une
approche globale : nous nous attaquons à plusieurs dimensions et formes de la
pauvreté.
Un autre chantier que le
gouvernement que j’ai l’honneur de conduire a entrepris pour concrétiser notre
vocation sociale concerne l’élargissement de l’accès des Guinéens au logement.
Nous avons créé, l’an dernier, l’Agence guinéenne de financement du logement
(AGUIFIL), outil social par excellence, pour favoriser l’accession à la
propriété immobilière.
Elle commencera, dès cette année,
à livrer ses premiers produits en logements sociaux aussi bien à Conakry qu’à
l’intérieur du pays au bénéfice des fonctionnaires dont le seul salaire
n’aurait jamais permis d’accéder à la propriété.
Nous avons également mis en place
un programme d’appui à l’entreprenariat féminin et à l’autonomisation des
femmes, destiné à offrir des opportunités d’emploi ou de création
d’entreprises aux filles et aux femmes de Guinée à travers les Centres
d’autonomisation des femmes (CAF).
A cet égard, je suis heureux de
mentionner que notre pays a reçu la certification « Gold » du Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD) en matière de promotion des
droits et de l’autonomisation des femmes, parmi les sept (7) pays reconnus au
plan mondial.
Cette distinction dont nous
sommes en droit de nous réjouir, récompense les progrès tangibles accomplis par
la gouvernance Alpha CONDE sur les fronts divers et variés consacrés à la
promotion de la femme et de ses droits.
Dans le but de conforter les
initiatives destinées à financer les activités génératrices de revenus pour les
femmes, la Mutuelle financière des femmes africaines (MUFFA) et la Mutuelle
communautaire de croissance (MC2) ont été mises en place.
Nous avons, par ailleurs,
poursuivi des politiques publiques destinées à appuyer le développement à la
base dans nos collectivités locales qui ont un impact visible sur la réduction
de la pauvreté et des disparités régionales.
Par son approche inclusive,
l’Agence nationale de financement des collectivités locales (ANAFIC) se révèle
être, en effet, un puissant instrument de développement homogène de nos
communes à l’intérieur du pays.
L’ANAFIC représente aujourd’hui
un bon levier de développement d’infrastructures à l’intérieur du pays grâce à
l’affectation décidée par Son Excellence Monsieur le Président de la République
de 15% des revenus fiscaux tirés du secteur minier.
Le premier bilan des activités de
l’ANAFIC, on le sait, ce sont plus de 800 infrastructures réalisées dans tout
le pays.
Notre capitale, Conakry, mérite
une attention particulière. Nous souhaitons offrir aux Conakrykas une ville
propre, sécurisée et où il fait tout simplement bon vivre. Pour opérer cette
transformation, nous avons décidé de mettre en place une structure spécifique.
A l’instar de l’ANAFIC, l’Agence
de financement des communes de Conakry (AFICCON) que nous avons récemment
créée, va assurer la mise en œuvre des projets de développement planifiés dans
les communes de la capitale grâce à l’allocation de 10% des revenus fiscaux
générés notamment par les services publics portuaires et aéroportuaires de
Conakry.
Ainsi, les questions de police
municipale, de salubrité publique et de tranquillité, d’aménagement de voirie,
et plus généralement tout ce qui concourt à l’amélioration du cadre de vie dans
la capitale, sera désormais pris en charge avec aisance par cette Agence.
La dynamique des programmes
sociaux en cours est d’autant plus encourageante que la dernière enquête de
pauvreté réalisée par l’Institut national de la statistique, avec l’appui
technique de la Banque mondiale, révèle que la pauvreté a significativement baissé
en Guinée de plus de 10 points depuis 2012 pour se situer à moins de 44% à fin
2019.
Il y a lieu de se féliciter de
cette remarquable évolution qui traduit ainsi la qualité des politiques
économiques et sociales menées sous le leadership du Président Alpha CONDÉ
depuis une décennie.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Les jalons posés ces dernières
années pour réaffirmer la vocation sociale de la politique gouvernementale ne
doivent pas conduire à tomber dans l’autosatisfaction. Ce serait une
erreur.
Au contraire, il est
indispensable de poursuivre et approfondir la dynamique des réformes, pour
consolider notre trajectoire de croissance et réduire plus significativement la
pauvreté en Guinée, qui reste l’objectif ultime de l’action du Gouvernement que
je dirige.
Mesdames, Messieurs,
Le 18 octobre 2020, les
Guinéennes et les Guinéens ont renouvelé leur confiance au Professeur Alpha
CONDÉ. Ils ont exprimé clairement leur volonté de le voir poursuivre son œuvre
de la décennie écoulée, tout en incarnant une forme de rupture dans la
gouvernance.
L’année 2020, comme vous le
savez, aura été particulièrement riche en évènements politiques :
l’organisation de trois scrutins majeurs en une seule année a démontré la
maturité politique du peuple de Guinée.
La nouvelle Constitution
approuvée, par voie référendaire, expression ultime de la volonté populaire,
est une Loi fondamentale moderne, vecteur de progrès social et de rénovation de
l’architecture institutionnelle de notre pays.
L’équité entre les hommes et les
femmes, la protection de l’environnement, le renforcement de la solidarité
nationale, la prise en compte des personnes vulnérables sont d’incontestables
avancées consacrées dans cette nouvelle charte.
En même temps que le scrutin
référendaire, les élections législatives ont été organisées pour renouveler
notre Parlement.
Permettez-moi de me réjouir tout
particulièrement de ce scrutin, très important pour la stabilité politique et
la vitalité démocratique.
Ma conviction de démocrate me
conduit à penser que c’est le Parlement, et non la rue, qui est le lieu le plus
indiqué pour le débat politique.
Je voudrais vous féliciter très
chaleureusement pour votre élection et vous assurer de la pleine et entière
disponibilité du Gouvernement à entretenir avec sa majorité, ainsi que
l’ensemble des députés, des relations de franche et loyale collaboration.
Mesdames, Messieurs,
Distingués invités,
Ma déclaration de politique
générale du Gouvernement intervient dans un contexte sanitaire inédit, non
seulement en Guinée, mais aussi dans le monde.
Nous sommes, à l’instar des
autres pays, confrontés à la crise sanitaire liée au coronavirus
(COVID-19).
Dès l’apparition du premier cas
sur notre territoire, en mars 2020, le Gouvernement a fait preuve d’une grande
réactivité en adoptant une série de mesures vigoureuses pour protéger les
populations et garantir la poursuite de l’activité économique.
Pour mobiliser et coordonner les
réponses sanitaire, sociale et économique, un Plan de riposte a été adopté
suivant les orientations de Monsieur le Président de la République. Ce plan
s’est révélé pertinent au regard des résultats à date.
Doté d’un montant d’environ 3 500
milliards de francs guinéens et couplé à l’expérience acquise avec la crise
sanitaire Ebola en 2014, le plan de riposte a permis à notre pays de contenir
les effets néfastes de la pandémie du coronavirus.
C’est le lieu de saluer le
professionnalisme et l’engagement patriotique du personnel soignant, qui se
retrouve en première ligne dans la mobilisation générale contre la
pandémie.
Je voudrais dire la
reconnaissance de la République entière au corps médical, à ces femmes et ces
hommes patriotes, imprégnés de leur devoir et pétris de qualité qui, parfois au
péril de leur propre vie, ont sauvé de nombreuses vies.
C’est aussi l’occasion d’exprimer
la gratitude de la Guinée à l’ensemble des Partenaires au développement pour
leur soutien et leur solidarité dans ces moments d’épreuves.
Je saisis l’opportunité de cette
tribune pour en appeler davantage au
‘‘civisme sanitaire’’ de nos
braves populations, en particulier celles de Conakry, épicentre de l’épidémie,
pour continuer à observer les restrictions édictées par les autorités
compétentes et rendues nécessaires pour vaincre l’épidémie.
La recrudescence actuelle des cas
de contamination est absolument un sujet de préoccupation. Elle nous rappelle
que le virus est toujours là, toujours présent, plus menaçant et encore plus
mortel.
Mon message aux populations est,
de ce fait, sans ambiguïté : la situation sanitaire reste toujours tendue, même
si la disponibilité de vaccins fait naitre l’espoir d’une fin prochaine de
l’épidémie, possiblement pour l’an prochain.
Au nom de Son Excellence Monsieur
le Président de la République, je prends l’engagement devant vous que plusieurs
millions de nos compatriotes auront été vaccinés avant la fin du second
semestre 2022.
Mesdames, Messieurs,
Comme une loi des séries, notre
pays a connu, il y a quelques semaines, la résurgence de la maladie à virus
Ébola. Nous sommes cependant rassurés parce que contrairement à 2014, nous
sommes, cette fois, bien mieux préparés.
Mieux préparés parce que nous
avons construit, dans l’intervalle, une douzaine de laboratoires de recherche
et des centaines de centres de santé.
Mieux préparés parce que nous
avons acquis une solide expérience dans la gestion des épidémies avec la mise
en place de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS).
Mieux préparés, par ailleurs,
parce que le personnel soignant est plus nombreux, mieux formé et fait preuve
d’un total dévouement.
C’est pourquoi, dès l’alerte des
premiers cas, le Gouvernement a activé très rapidement le dispositif de
surveillance et de prévention. Plus de dix (10) mille vaccins ont été rendus
disponibles dans les zones exposées, et nous attendons d’autres livraisons.
Je puis vous assurer de la totale
détermination du Gouvernement, avec l’appui de ses partenaires, à éradiquer très
rapidement cette maladie.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Mesdames, Messieurs,
Entamée en décembre 2020, la
IVe République, est sans doute le point de départ d’une nouvelle ère de
gouvernance caractérisée par la « révolution culturelle » que Monsieur le
Président de la République appelle de tous ses vœux et est engagé aussi à
réussir pour changer notre société et façonner le Guinéen nouveau.
Nous sommes entrés, et il faut
s’en réjouir, dans l'ère de la redevabilité, de la transparence et de la
solidarité, bref l’ère d’une gestion vertueuse de la chose publique sous le
signe du « Gouverner autrement ».
Gouverner autrement n’est pas un
simple slogan, Monsieur le Président de la République en a fixé, de manière
claire et précise, les contours et ne ménage ni sa peine, ni son temps, pour
que nous y adhérions tous.
Il s’agit d’une nouvelle
dynamique de gouvernance, celle de l’exigence de résultats, en particulier pour
ce qui concerne la conduite des affaires publiques.
Ainsi, le Chef de l’Etat
engage-t-il le Gouvernement à lutter de façon vigoureuse contre la corruption
dans l’administration pour « impulser une gestion plus vertueuse des ressources
publiques et promouvoir une croissance économique encore plus forte et plus
inclusive ».
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués invités,
Les perspectives à court, moyen
et long termes de l’action gouvernementale sont axées sur la vision nationale
du développement dite « Vision Guinée 2040 ».
Elle est destinée à bâtir un pays
émergent et prospère, maître de son destin, assurant un niveau élevé de
bien-être à ses populations et garantissant un avenir de prospérité à nos
enfants.
Notre démarche qui se veut
cohérente repose sur la conception et la mise en œuvre de politiques publiques
déclinées dans un Plan national de développement économique et social
(PNDES).
La première génération de ce Plan
qui couvrait la période de 2016 à 2020 a mis notre économie sur une trajectoire
de forte croissance.
Permettez-moi de m’attarder un
peu sur les résultats préliminaires de cette 1ère phase du PNDES en cours
d’évaluation. Nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir des progrès constatés.
Le produit intérieur brut (PIB),
mesure de la création de richesse nationale, a progressé d’environ 10,4% entre
2016 et 2017, avant de se stabiliser autour de 6% les années suivantes.
Les inégalités économiques et
sociales ont également marqué un recul, avec un indice de Gini passé de 0,32 en
2012 à 0,28 en 2019, ce qui traduit ainsi l’impact positif des politiques
publiques menées sur la récente décennie.
Les indicateurs sociaux sont
également en progression :
• le
pourcentage de ménages s’éclairant à l’électricité est passé de 18,5% en 2012 à
42% en 2019 ;
• le
taux d’alphabétisation (chez les 15 ans et plus) est passé de 34% en 2012 à 40%
en 2019 ;
• enfin,
le taux de scolarisation au primaire est passé de 58% en 2012 à 65% en
2019.
Ces éléments très encourageants
confirment la nécessité d’une planification de l’action gouvernementale, pour
conduire les affaires publiques dans un cadre structuré et cohérent, mieux à
même de conférer à l’action politique l’efficacité qu’en attendent les
populations.
La deuxième génération du Plan
national de développement économique et social (ou PNDES II), couvrant la
période 2021-2025, est actuellement en cours d’élaboration.
J’esquissais, il y a seulement
quelques jours, les principales orientations de ce futur plan, alignées sur les
agendas internationaux pertinents, notamment la vision post-2020 de la CEDEAO,
l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les objectifs de développement durable
(ODD) définis par le système des Nations unies.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Je voudrais maintenant développer
ce que nous croyons être nos forces, ce sur quoi nous comptons nous appuyer
pour aller vite et loin dans la réalisation de nos objectifs économiques et
sociaux.
Il s’agit de nos principaux
avantages comparatifs naturels que sont le secteur minier, l’agriculture et le
capital humain. Le secteur minier, au moyen de son industrialisation, le
secteur agricole à travers sa transformation, et le capital humain, grâce à sa
valorisation.
Les points d’appui que je viens
d’évoquer sont au cœur de nos priorités de développement. Il en est de même des
opportunités offertes de nos jours par l’économie numérique.
Mesdames, Messieurs,
Le secteur minier guinéen a
enregistré un afflux d’investissements qui dépasse 6 milliards de dollars sur
la décennie écoulée, et qui devrait atteindre 25 milliards de dollars d’ici
2026.
La Guinée est aujourd’hui le
deuxième producteur mondial de bauxite, avec une production de plus de 80
millions de tonnes. L’industrie aurifère, soit 25% de la production minière,
pourrait, quant à elle, voir sa production doubler d’ici à quelques
années.
Malgré cette redynamisation
des industries extractives dont nous ne saurions nous satisfaire,
il nous faut créer de nouvelles valeurs ajoutées à travers la transformation
locale des ressources minières et, ce faisant, favoriser la création d’emplois
et de nouveaux métiers dans l’industrie minière.
Dans ce sens, nous sommes en
train de mettre en place une filière de transformation industrielle de la
bauxite, pour produire l’alumine et l’aluminium. Une dizaine de projets de
raffinerie sont en cours d’études, dont trois (3) sont aujourd’hui en stade de
maturité avancée.
C’est aussi tout le sens de la
politique du contenu local que nous sommes résolument engagés à promouvoir.
Nous pensons que c’est par le biais de cette politique de contenu local que les
Guinéens pourront véritablement prendre part au développement du secteur
minier, s’approprier l’expertise nécessaire, s’enrichir et, à terme, prendre en
main le destin économique du pays.
Nous avons déjà mis en place un
cadre légal approprié sur le contenu local. L’enjeu est désormais de
l’appliquer et de se doter de mécanismes de contrôle pour en garantir les
effets escomptés.
Notre démarche à cet égard n’est
pas une option. C’est une nécessité impérieuse car la solide performance du
secteur minier guinéen ne rend que plus visible le contraste entre le dynamisme
de l’exploitation de nos ressources naturelles et le niveau de pauvreté des
populations guinéennes.
Je voudrais confirmer ici à
l’ensemble des parties prenantes, que le secteur minier continuera de jouer un
rôle majeur dans le système productif guinéen. Il est au cœur de la volonté
présidentielle de partage de la prospérité.
J’ai écouté et entendu, avec
beaucoup d’intérêt, les inquiétudes exprimées par les entreprises minières, à
la suite des préoccupations souvent soulevées à propos des exonérations
fiscales de manière générale.
Nul ne saurait par ailleurs
ignorer que le coût élevé des infrastructures nécessaires au développement des
projets miniers, en particulier pour ce qui concerne la production bauxitique,
justifie qu’une articulation optimale soit trouvée entre l’impératif
d’accroissement des recettes fiscales et le nécessaire renforcement de
l’attractivité du secteur des mines.
La Guinée respectera ses
engagements, car la confiance est un élément fondamental en économie. Mais,
cela ne doit pas éviter, pour autant, de mener par le dialogue et la
concertation, une réflexion sur la meilleure façon de trouver un équilibre
entre le dynamisme du secteur minier et son impact économique sur la vie des
populations.
La question du contenu local
demeurera au cœur de ce dialogue, pour que le secteur minier soit à la hauteur
de sa promesse de prospérité partagée, en termes de création d’emplois et
d’entreprises pour les jeunes et les femmes des localités concernées et de
retombées économiques pour la Nation toute entière.
Je voudrais donc exhorter le
secteur minier à inscrire la problématique d’un plus grand partage de la
prospérité dans son modèle économique et financier.
Nous veillerons à ce que les
actions entreprises dans cette perspective ne se fassent pas de manière isolée
au niveau des entreprises, mais plutôt dans une démarche structurée et
cohérente, menée en parfait partenariat avec l’État.
De même, je dois souligner que
nos ambitions de développement du secteur minier doivent s’accompagner d’une
prise en compte des enjeux environnementaux.
A ce titre, je salue l’initiative
des 6 compagnies minières majeures évoluant dans la région de Boké qui ont créé
le Réseau Environnement Bauxite (REB) pour réduire les impacts cumulatifs du
développement minier sur la biodiversité et sur les populations riveraines.
Au-delà de ces efforts, un
mécanisme de compensation financière sera mis en place pour veiller à la
conservation de la biodiversité. La création en cours du parc national du Moyen
Bafing s’inscrit dans ce cadre.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Un autre volet important de la
transformation structurelle de notre système productif concerne le décollage de
l’agriculture.
Notre conviction est que les
secteurs de l’agriculture et de l’élevage doivent apporter des réponses
durables à la résorption de la pauvreté en milieu rural et participer à la
diversification de notre économie et à notre développement industriel.
À moyen terme, les politiques
publiques en cours visent à assurer l’autosuffisance et la sécurité
alimentaires de la Guinée, en réduisant, en particulier, la dépendance aux
importations.
Monsieur le Président de la
République souhaite que la Guinée se dote d’une véritable stratégie de
redynamisation de l’agriculture, à travers des appuis conséquents en intrants
agricoles et produits phytosanitaires, ainsi qu’un accompagnement technique
destinés à améliorer la productivité agricole.
L’accès au financement, en particulier
pour les petites exploitations familiales, et la nécessité d’une organisation
par filières, sont des approches de solutions à promouvoir afin de donner au
développement rural ses lettres de noblesses.
Concernant le secteur de
l’élevage, tout comme celui de la pêche, des actions concrètes sont envisagées
pour accroître notre production animale et mettre aux normes les filières de
production, de conservation et de distribution.
Tout ceci se fera en tenant
compte de la vulnérabilité de l’agriculture au changement climatique.
Le Gouvernement encouragera une
agriculture et un élevage durables avec des systèmes d’irrigation innovants et
des semences adaptées au climat, et qui préservent davantage les ressources en
eau.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Il est aussi important de mettre
l’accent sur la transformation de nos productions locales grâce à la
démultiplication des industries et le développement de chaines de valeurs.
A cet égard, depuis l’accession
du Professeur Alpha CONDE à la magistrature suprême, notre pays a accompli des
progrès notables avec des perspectives prometteuses pour le développement de
notre tissu industriel.
C’est la reprise et la relance de
certaines unités industrielles phares, mais aussi la création d’une
cinquantaine d’entreprises industrielles et de PME dans les secteurs de
l’agro-industrie, l’agroalimentaire, l’industrie plastique, l’industrie du bois
et des matériaux de construction.
Il en est aussi du développement
des zones industrielles qui permettront de booster les investissements dans
l’industrie et d’améliorer la compétitivité à l’orée de l’avènement de la Zone
de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Apres les mines, l’agriculture et
l’industrie, je souhaite évoquer le capital humain qui est à la fois un défi et
un atout dans notre quête du développement.
Nous avons conscience qu’aucun
progrès notable ne peut avoir lieu en l’absence de ressources humaines capables
de porter le développement. Il y a urgence, si nous voulons transformer en
profondeur notre pays, à agir pour apporter des améliorations significatives au
système éducatif et de formation de nos enfants.
Pour mener à bien les réformes
requises à cet effet, il nous faut investir dans la formation des
formateurs, entreprendre la réalisation des infrastructures et des équipements
éducatifs, et revisiter les programmes d’enseignement.
La mise en œuvre des actions à
entreprendre sur ces différents chantiers de réformes permettra d’améliorer la
quantité et la qualité de l’offre éducative et équilibrer la carte scolaire.
C’est une priorité absolue de
garantir à tous nos enfants l’accès à une éducation préscolaire, primaire et
secondaire.
Dans la réforme du système
éducatif, un accent particulier sera mis sur la formation technique et
professionnelle pour une meilleure adéquation entre l’apprentissage des métiers
et les besoins en termes d’emplois.
C’est tout le bénéfice que nous
escomptons des 4 Ecoles Régionales des Arts et Métiers (ERAM) récemment
ouvertes. Les ERAM sont essentielles pour la promotion de l’emploi, notamment
celui des jeunes. D’autres ERAM vont suivre pour couvrir toute la Guinée.
L’enseignement supérieur et la
recherche scientifique devront favoriser le développement de la science et
l’innovation technologique.
Nos universités et instituts
supérieurs de formation devront être la vitrine de notre système
éducatif.
Dans cette optique, le
Gouvernement mettra tout en œuvre pour améliorer la qualité des programmes et
le niveau de qualification du corps professoral en favorisant notamment
l’octroi de bourses post universitaires.
Je souhaiterais rappeler que
conformément à ma lettre de cadrage pour le budget 2021, les crédits alloués au
secteur éducatif ont augmenté de 20%.
A moyen terme, c’est-à-dire sur
la période du PNDES II, l’objectif est de garantir 20% du budget national à
l’Éducation.
C’est la combinaison de tous ces
efforts dans l’éducation qui permettra d’améliorer l’employabilité de la
jeunesse pour préparer et faciliter son insertion dans le marché du travail.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Mesdames, Messieurs,
La valorisation du capital humain
se traduira aussi par le développement des secteurs sportif et culturel.
La performance de notre Syli
local au dernier Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN) est une
preuve éloquente du renouveau du football guinéen.
Je renouvelle ici les
félicitations du peuple de Guinée à l’endroit de l’équipe pour la médaille de
bronze obtenue
Par ailleurs, notre pays a
l’honneur d’organiser en 2025 la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN).
Ceci représente un défi majeur pour la construction d’infrastructures sportives
et hôtelières modernes à travers le pays.
La CAN 2025 en Guinée, c’est
également une opportunité pour le rayonnement de notre patrimoine culturel et
la mise en exergue de notre patrimoine naturel. Le tourisme et l’artisanat
constituent, à ce titre, un potentiel économique à promouvoir.
Je profite de cette tribune, pour
appeler à la mobilisation générale de tous les acteurs pour le succès de ce
grand rendez-vous sportif continental.
La promotion du sport ne se
limite pas seulement au football. Les autres disciplines figurent bien dans
l’agenda du Gouvernement à travers la lettre de mission adressée à Monsieur le
Ministre d’Etat en charge des Sports.
Au dynamique secteur de la
culture, je voudrais dire que le Gouvernement est à son écoute, comme nous
l’avons fait dans le cadre de la riposte économique à la COVID-19.
Le Gouvernement a conscience des
difficultés du secteur de la culture.
Nombre d’acteurs ont subi de
plein fouet le ralentissement des activités, avec l’annulation d’évènements
culturels d’importance.
Nous avons essayé d’y apporter
une réponse, avec un soutien aux promoteurs qui ont vu leurs événements annulés
en raison de la crise sanitaire.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
A présent, je souhaite évoquer
les Nouvelles technologies de l’Information, sur lesquelles nous fondons
beaucoup d’espoir pour accélérer le développement du pays.
La quatrième révolution
industrielle est à présent au cœur même des politiques publiques.
La numérisation est une dimension
irréversible dans les économies contemporaines. Le numérique fait désormais
partie de nos vies, de notre quotidien.
En Guinée, sur la décennie
écoulée, beaucoup de progrès ont été faits : le taux de pénétration de l’internet
mobile a été porté à 65% et nous possédons un des meilleurs maillages en
matière de connexion fiable grâce au réseau de câbles à fibre optique dont
l’opérationnalisation et la commercialisation ont été lancées en septembre
dernier.
Il s’agit de 4.425 kilomètres de
fibre optique qui permettent un accès à internet à très haut débit pour les
populations et les entreprises sur tout le territoire national.
De même, le projet
d’interconnexion régionale à travers l’Alliance Smart Africa est un
atout pour relever le défi de l’intégration régionale et continentale.
Ces progrès sont significatifs.
Le Gouvernement doit, toutefois, continuer à favoriser les investissements dans
les infrastructures digitales.
A cet égard, dans le prolongement
de la construction prochaine d’un data center dans notre pays, le Gouvernement
doit acquérir un deuxième câble sous-marin pour rendre les technologies de
l’information plus largement accessibles.
C’est véritablement notre
souveraineté numérique que le Gouvernement vise à assurer en dotant notre pays
d’infrastructures autonomes et modernes.
Nombreux sont les secteurs
d’activités économiques qui vont pouvoir exploiter davantage les opportunités
des nouvelles technologies du numérique.
C’est sur cet atout que le Gouvernement
entend s’appuyer aussi pour répondre à la problématique de l’emploi des jeunes
et des femmes, et favoriser la création de start-ups.
C’est pourquoi, j’engage le
Gouvernement à porter la contribution de l’économie numérique à 3 voire 5% du
PIB à l’horizon 2025.
Dans la même dynamique, la
digitalisation des procédures administratives entamée au cours des dernières
années sera poursuivie pour accroître l’efficacité de notre administration et
l’adapter aux attentes des usagers du service public.
Il s’agit notamment des
procédures fiscales et douanières. De même, la poursuite du projet
d’identification numérique de toutes les personnes vivant sur notre territoire
participe aussi bien de la modernisation de notre administration que du service
qu’il délivre au public.
Pour exploiter les opportunités
offertes par les Nouvelles technologies de l’information, Monsieur le Président
de la République a décidé d’articuler les interventions publiques autour de la
promotion de l'éducation numérique universelle et du développement d’un
écosystème d’inventeurs et d’entrepreneurs dans le domaine du numérique.
A ce titre, un effort budgétaire
de la part de l’État, de l’ordre de 1% du budget national, sera dédié à la
création d’entreprises, à l’innovation et à la recherche dans le domaine du
numérique.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Chers invités,
Un véritable défi pour notre
développement concerne ce que j’ai appelé « l’équation difficile »
des infrastructures, en particulier énergétiques et routières.
Notre pays est doté d’un
potentiel hydroélectrique de plus de 6,000 mégawatts.
Il me plaît de rappeler que
depuis son accession au pouvoir, Monsieur le Président de la République a
entrepris de valoriser cet énorme potentiel.
Les barrages de Kaléta et de
Souapiti, ainsi que celui d’Amaria dotent notre pays d’une capacité énergétique
additionnelle de plus de 1 000 mégawatts.
Rien de tel n’avait jamais été
fait auparavant dans ce pays !
Cette politique illustre notre
volonté de développer les infrastructures pour soutenir l’industrialisation de
la Guinée. Elle explique pourquoi des ressources considérables sont dégagées
pour apporter une réponse appropriée à la question du développement des
infrastructures, en particulier routières et énergétiques.
C’est tout le sens de ce qui a
été fait depuis une décennie.
En Guinée, comme ailleurs en
Afrique subsaharienne, le manque d’accès à l’énergie cause une perte annuelle
de richesse estimée entre 2 et 4 points de PIB. Il produit par ailleurs un
effet néfaste sur l’attractivité économique et la création d’emplois.
Dès lors, accroitre la capacité
énergétique de notre pays est un impératif majeur de politique publique pour
accompagner le développement des activités économiques, et assurer le bien-être
des populations.
Conscient que l’accès limité à
l’énergie est un frein incontestable au progrès socioéconomique, le
Gouvernement poursuivra les efforts entrepris dans le cadre de l’amélioration
de l’approvisionnement des ménages en énergie en vue de porter le taux d’accès à
l’électricité à environ 70% à l’horizon 2025.
L’accès universel à l’énergie
reste au cœur de la politique du Gouvernement. Chaque foyer, chaque ménage, où
qu’il soit sur le territoire national, est en droit d’accéder à l’électricité
pour améliorer les conditions de son existence.
C’est pourquoi les projets de
lignes de transport et de distribution énergétiques seront développés partout
en Guinée pour assurer l’équité territoriale dans l’accès aux sources
énergétiques.
Dans le même temps, la politique
d’électrification rurale permettra aux petites localités dont le raccordement
au réseau national n’est pas encore envisagé d’accéder à l’électricité.
Le Gouvernement consentira
d’importants investissements pour réaliser des projets d’énergie renouvelable
en milieu rural.
Cette politique contribuera à
réduire notre dépendance des sources thermiques et à diversifier le
mix-énergétique en faveur des énergies propres, en phase avec l’Initiative
africaine sur le réchauffement climatique et les énergies renouvelables pour
laquelle notre Président a été désigné Champion par ses pairs
africains.
Toutes ces réalisations, Mesdames
et Messieurs, contribueront à abaisser le coût moyen de la production
énergétique, pour le situer en dessous de 10 centimes de dollars américains et
favoriser ainsi, à terme, une rationalisation de la subvention au secteur de
l’énergie et accélérer le mouvement vers l’équilibre financier de la société
nationale Électricité de Guinée (EDG).
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale, Honorables Députés, Mesdames, Messieurs,
La problématique du développement
des infrastructures concerne aussi la question des routes.
Un vaste programme d’urgence est
en exécution pour y apporter des solutions appropriées. C’est un
enjeu majeur pour favoriser la mobilité des personnes et des biens. C’est même
un impératif économique.
Le Gouvernement entend poursuivre
le vaste programme de réhabilitation et de construction des routes, en vue
d’améliorer la desserte intérieure et l’accès aux pays voisins.
Les travaux entrepris et à
entreprendre vont privilégier le désenclavement des zones de production et de
forte concentration humaine.
Plus concrètement, le
Gouvernement envisage, notamment dans son programme d’aménagement infrastructurel,
le revêtement en bitume de 1.500 km de routes nationales et préfectorales et de
825 km de voiries urbaines.
Plusieurs chantiers sont déjà en
cours : les travaux de reconstruction et d’élargissement de l’axe Coyah-Dabola,
Dabola-Kouroussa, CoyahForécariah.
Dans les grandes agglomérations
comme Conakry, la construction d’échangeurs aux grands carrefours permettra, à
moyen terme, de décongestionner le trafic urbain.
Nous envisageons également le
développement du transport fluvial ainsi que du transport ferroviaire.
La mise aux normes du Port
autonome de Conakry et son extension en feront un des principaux ports de la
sous-région. Il sera prolongé avec la création d’une plateforme de logistique à
Kagbélèn.
Au plan aéroportuaire,
l’extension de l’Aéroport international de Gbessia, à Conakry, permettra une
mise aux normes internationales.
De même, les 11 plateformes
aéroportuaires que compte notre pays vont être réhabilitées et modernisées pour
relancer le transport aérien intérieur.
Pour renforcer le système de
mobilité urbaine, le Gouvernement s’engage à mettre en œuvre les
recommandations du Plan de déplacement urbain (PDU).
La gestion des transports publics
de Conakry va notamment être confiée à une société publique ad hoc en lieu et
place du ministère des Transports qui assure actuellement l’exploitation du
réseau d’autobus.
Le parc national en moyens de
transports urbains et interurbains sera bientôt renouvelé grâce au système de
crédit qui est sur le point d’être mis en place en faveur de nos concitoyens du
secteur des transports.
Quant à l’enjeu non moins crucial
de l’assainissement et de la salubrité publique, nous avons engagé le pays dans
un véritable processus de refonte du secteur, dont les résultats se font
remarquer déjà dans la cité.
Mesdames, Messieurs,
La Guinée a la vocation naturelle
d’être le dépositaire des principales sources d’eau de la sous-région.
Paradoxalement, l’accès à l’eau potable y est encore limité, même dans la
capitale Conakry.
Pour améliorer
l’approvisionnement des populations en eau potable, le Gouvernement investira
dans les infrastructures de la société des eaux de Guinée.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais mettre l’accent sur
la paix et la cohésion sociale sans lesquelles il ne saurait y avoir de
développement. C’est véritablement le socle du vivreensemble.
Je me dois d’évoquer aussi la
sécurité sans laquelle aucun progrès n’est possible. Il me plaît également de
souligner le rôle de la Justice qui constitue la sève nourricière de la
démocratie, elle-même vecteur de développement durable.
En évoquant la paix et la
cohésion sociale, il y a lieu de relever que les trois rendez-vous électoraux
qui ont ponctué la vie politique de notre pays en 2020 ont mis à rude épreuve
notre vivre-ensemble.
Il est vrai, l’enracinement de la
démocratie est une entreprise de longue haleine et n’est jamais une œuvre
achevée. C’est un long chemin parsemé d’écueils et jalonné de péripéties. Mais
le plus important, je le crois profondément, c’est de savoir ensemble les
transcender en tant que fils d’une même nation liés par un destin commun.
C’est pourquoi nous devons œuvrer
collectivement pour surmonter les rancœurs et consolider notre tissu social
afin de construire la Guinée de nos rêves et la porter vers les hautes cimes de
la prospérité.
C’est dans cette optique que le Chef
de l’Etat a bien voulu instituer un Cadre permanent de dialogue politique et
social dont il m’a confié la direction.
J’ai déjà engagé la réflexion et
des consultations sur un canevas devant assurer l’opérationnalisation de cette
plateforme destinée à organiser la concertation entre les Guinéens sur les
questions d’intérêt national. Nous comptons mener le processus de dialogue
politique et social avec tous les acteurs de la vie nationale.
Défense et sécurité
Nous resterons attentifs à la
question de la sécurité qui demeure un impératif pour garantir la paix, la
stabilité et le développement sur l’ensemble du territoire national.
Nous le savons tous, la Guinée,
comme nombre de pays, fait face à des menaces sécuritaires multiformes,
notamment la criminalité, le trafic de drogue et des armes, le terrorisme et la
cybercriminalité.
Pour y faire face, les efforts
seront poursuivis en vue d’améliorer les capacités opérationnelles des forces
de défense et de sécurité, aussi bien en moyens humains qu’en équipements.
Au regard de la nature
transnationale des défis sécuritaires, le Gouvernement œuvrera au renforcement
de la coopération internationale pour le partage des renseignements, les
surveillances conjointes et la définition des stratégies communes en matière de
prévention et de riposte.
C’est le lieu pour moi de saluer
vivement nos forces de défense et de sécurité, tous corps confondus, qui
assurent l’intégrité de notre territoire et rendent fière la nation guinéenne
chaque fois qu’elles sont appelées sur les terrains de maintien de la paix.
Mesdames, Messieurs,
L’une des conditions essentielles
de réussite de la politique gouvernementale, c’est une bonne Justice,
c’est-à-dire une justice indépendante et accessible à tous.
Pour répondre à cette exigence,
le Gouvernement poursuivra les réformes entreprises pour bâtir une Justice à
même de garantir les droits humains, renforcer l’Etat de droit, consolider les
acquis démocratiques et améliorer le climat des affaires en Guinée.
Parlant de l’environnement des
affaires, la mise en place, l’an dernier, du Tribunal de commerce, est une
étape importante en la matière, tout comme l’achèvement du dispositif
législatif sur la Justice commerciale.
Néanmoins, les réformes doivent
se poursuivre et porter notamment sur l’institution d’une juridiction d’appel
en matière commerciale pour renforcer l’arsenal institutionnel destiné à
procurer une plus grande confiance aux investisseurs.
Il y a lieu de souligner que ces
efforts de protection et de promotion des investissements privés appellent à un
renforcement du dialogue public-privé.
La récente réunion du Guinea
Business Forum a marqué le point de départ de l’opérationnalisation
du dialogue public-privé ambitionné.
Nous encourageons les acteurs du
secteur privé à continuer à mieux s’organiser pour parler d’une même voix et
faciliter ainsi la prise en compte de leurs préoccupations par le
Gouvernement.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Les priorités de politique
publique que je viens d’évoquer et qui sont vecteurs de progrès économique et
social pour notre pays, ne seront réalisables que si nous opérons un changement
de paradigme dans la gouvernance des affaires publiques.
Cette mutation concerne en
premier lieu la conduite d’une transformation profonde de notre administration.
Il s’agit de l’adapter aux exigences d’un service public moderne, efficient et
résolument tourné vers la satisfaction des attentes des citoyens et du secteur
privé.
Des lettres de mission assorties
de feuilles de route ont été adressées aux différents départements
ministériels. Un dispositif de suivi mensuel de la mise en œuvre des actions
vérifiera l’atteinte des objectifs fixés.
Vous l’aurez compris, il s’agit là
d'une transformation profonde du fonctionnement même des services de
l’Etat. Les agents publics sont les premiers acteurs de cette
modernisation.
Vous conviendrez avec moi que
pour être efficace, cette entreprise de transformation structurelle de notre
Administration suppose qu’un combat déterminé soit mené contre la corruption.
Comme l’a déclaré le Chef de
l’Etat dans son allocution de janvier dernier, il s’agit de faire de la
nouvelle dynamique du « Gouverner autrement, une option politique ferme et
irréversible ».
Autres temps, autres mœurs !
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais relever que la
récompense est au bout de l’effort et de nombreux sacrifices qu’il faudrait
parfois consentir. Vous vous souviendrez que lorsque le peuple Britannique,
assiégé par l’armée nazie, était en proie au découragement, le Premier Ministre
d’alors, William Churchill, s’est adressé à lui, en ces termes : ‘’Je vous
promets du sang et des larmes et au bout de cela il y aura la victoire’’.
Sur le chemin de la victoire, il
y aura toujours des épreuves à surmonter et des étapes souvent périlleuses à
franchir. Tenons bon, dans toutes les circonstances car la vie est loin d’être
un long fleuve tranquille.
Nous avons aussi parfaitement
conscience que les niveaux de rémunération des agents de l’État sont à
améliorer. Nous avons besoin d’une administration qui fonctionne avec des
cadres compétents et mieux rémunérés pour atteindre nos objectifs.
Ainsi, l’évaluation envisagée des
cadres des administrations, en particulier économiques et financières, devrait
s’accompagner d’une révision du système de rémunération, qui favorise des
primes de performance aux agents, notamment lorsqu’ils sont directement
impliqués dans la mobilisation des ressources internes ou la valorisation du
capital humain.
Tout cela ne sera possible que si
nous réussissons ce que Monsieur le Président de la République appelle notre
révolution culturelle, c’est-à-dire lutter sans merci contre la corruption, la
fraude, l’évasion fiscale et toutes sortes de détournements des deniers
publics.
Seuls, le doublement des
ressources internes et une administration plus performante et plus vertueuse
permettront de résoudre la question du niveau des rémunérations. C’est pourquoi
cette bataille doit être celle de chacun et de tous.
En attendant, les grilles des
primes ont été revues pour le secteur de l’éducation. La révision va se
poursuivre cette année dans le secteur de la Santé et, par la suite, dans les
autres secteurs de l’Administration publique.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Pour garantir le financement des
programmes de développement ainsi évoqués, nous devons compter avant tout sur
nos propres forces. Ainsi, la mobilisation et la sécurisation des ressources
internes demeurent un levier indispensable.
Nous devons nous donner les
moyens de notre politique. Monsieur le Président de la République et moi-même y
attachons du prix.
Des contrats de performance
viennent d’être conclus avec les principales régies financières de l’Etat que
sont la Direction générale des douanes, la Direction nationale des impôts et la
Direction nationale du Trésor.
L’objectif assigné à ces
différentes régies est de doubler d’ici deux ans le niveau actuel des recettes
internes.
Des engagements similaires vont
être pris très prochainement par l’ensemble des entités publiques impliquées
dans l’effort de mobilisation des recettes, y compris certains établissements
publics à caractère administratif (EPA).
Il convient de saluer et soutenir
la détermination de Monsieur le Président de la République sur cette
problématique car le niveau de mobilisation des ressources internes est faible
en Guinée.
Représentant environ 13% du PIB,
ce niveau est en deçà de la moyenne sous-régionale de 18% du PIB.
C’est également moins que le
niveau de 15% du PIB considéré par l’Organisation pour la coopération et le
développement économique (OCDE) comme étant indispensable pour qu’un État
puisse faire face à ses besoins primaires de fonctionnement.
Il est encore en dessous du
niveau de 20% recommandé par la conférence d’Addis-Abeba pour le financement du
développement en Afrique.
Je voudrais souligner en
particulier l’ardeur de la détermination présidentielle.
Le Fonds monétaire international
estime qu’il est possible d’accroitre d’environ cinq (5) points de PIB, à court
et moyen termes, le niveau des ressources internes en Guinée.
Dans un rapport de 2019, la
Banque mondiale estime que la seule ressource TVA, la taxe sur la valeur
ajoutée, serait susceptible de rapporter à la Guinée entre 3 et 4 points de
PIB.
Un tel effort représenterait une
manne financière de plus de 700 millions de dollars américains par an, qui
viendrait ainsi accroitre très significativement les marges de manœuvre de
l’État.
Il procurerait à la décision politique
une autonomie confortable pour mieux faire face à nos priorités, notamment
l’éducation et la santé, mais aussi pour résoudre la question du financement
des infrastructures.
Dans la perspective de
mobilisation accrue des ressources, une attention particulière sera portée sur
la régulation de la pratique des prix de transferts qui ont pour effet de faire
échapper à l’impôt une part significative de la base taxable des entreprises,
notamment les multinationales.
À la demande de Monsieur le
Président de la République et sur financement de la Banque africaine de
développement (BAD), un audit fiscal des grandes entreprises, notamment dans
les secteurs des mines, des télécommunications, et des banques et assurances,
sera lancé prochainement pour évaluer le potentiel fiscal véritable des
secteurs concernés.
Le Gouvernement veillera à
l’application effective des directives du Chef de l’État dans ce sens.
Mesdames, Messieurs,
Distingués invités,
Je veillerai à ce que la
réflexion sur la mobilisation des ressources internes soit approfondie, tout en
préservant le dialogue constructif avec nos interlocuteurs du secteur
privé.
Je voudrais profiter de la
présente occasion qui m’est offerte aujourd’hui pour lever toute ambiguïté
quant à la démarche de mobilisation des ressources internes.
Faudrait-il parler de ressources
ou plutôt de recettes internes ?
Nous avons fait le choix de
parler de ressources internes pour bien signifier que la problématique qui se
pose va bien au-delà des seules considérations fiscales.
Mobiliser les ressources
internes, c’est rendre disponibles les ressources considérées. La mobilisation
des ressources internes ne saurait donc être réduite à la seule question
fiscale.
La mobilisation des ressources
internes, c’est également la sécurisation de l’argent public. C’est la manière
dont l’État dépense son argent. Le budget de l’État, comme vous le savez, est
un acte politique. Ce n’est pas seulement des chiffres renseignés dans un
tableau.
La mobilisation des ressources
internes est, à ce titre, aussi, la lutte contre la corruption. Les indicateurs
internationaux, tant au niveau de Transparency International que
du Global Competitiveness Report du Forum économique mondial sont des
alertes utiles.
La corruption annihile nos
efforts de développement, accentue les inégalités et les frustrations sociales
et prive les générations futures d’un avenir prometteur.
Elle abime, par ailleurs, l’image
du pays et affaiblit la parole et l’action publiques.
Il y a trois ans, je partageais
avec vous une observation lumineuse du regretté essayiste français, Claude
LEFORT. Je cite : « Lorsque, dans une société l’ordre social se dérobe,
lorsque les acquis ne portent plus le sceau de la pleine légitimité, lorsque
les différences de statut cessent d’être irrécusables, la possibilité d’un
dérèglement de la logique démocratique reste ouverte ». Fin de citation.
Il est de notre responsabilité de
gouvernants et de responsables politiques de prévenir un tel péril.
Le discours de Monsieur le
Président de la République, le 30 janvier dernier, est très clair. « Le
temps du laisser-aller, laisser-faire est révolu ».
C’est pourquoi, il faut mettre un
accent très fort sur la qualité de la dépense publique. La ligne directrice
doit être de réduire le train de vie de l’État, éliminer les surfacturations et
autres dépenses improductives pour pouvoir investir efficacement dans l’avenir.
Cette approche se retrouve en
filigrane dans toutes les lettres de cadrage budgétaire que j’ai adressées aux
départements ministériels compétents depuis 2018.
Les secteurs de l’Education et de
la Santé, le financement des infrastructures et le renforcement de l’État de
droit, y compris les secteurs de la Défense et de la Sécurité, doivent demeurer
les priorités de notre politique budgétaire.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Les mesures que je viens
d’évoquer pour mobiliser et sécuriser les ressources intérieures indispensables
au financement de notre PNDES II doivent être, bien entendu, complétées par les
appuis provenant de l’extérieur, en particulier de nos partenaires techniques
et financiers bi et multilatéraux, d’investisseurs étrangers, mais aussi de la
diaspora guinéenne.
III.6 Politique étrangère
Et c’est là que notre politique
étrangère devra jouer un rôle déterminant.
Il convient, à ce propos, de
rappeler que des réformes profondes ont été entreprises depuis la Conférence
diplomatique de 2019 qui avait permis, dans une approche inclusive et
concertée, de revisiter toutes les dimensions de notre appareil diplomatique
pour recentrer sa mission et l’adapter aux grands enjeux de développement.
Guidé par les orientations du
Chef de l’Etat et les recommandations des assises de cette Conférence, le
Gouvernement s’attelle déjà à déployer une diplomatie proactive et plus
efficiente au service de la promotion et l’émergence de la Guinée.
A cet égard, chaque mission
diplomatique devra, dans sa sphère d’accréditation, identifier et faire
profiter à notre pays toutes les opportunités de partenariat économique et
commercial, aussi bien sur le plan bilatéral et multilatéral qu’avec le secteur
privé international.
Il est tout aussi attendu que
notre action diplomatique favorise une participation plus massive et plus
soutenue de la diaspora guinéenne au développement national, tout en assurant
sa protection et ses droits partout dans le monde.
A cet effet, le Gouvernement
entend créer des instruments adaptés pour répondre aux besoins spécifiques de
nos compatriotes à l’étranger, valoriser leur expertise et leur expérience,
faciliter les transferts de fonds, accompagner leurs initiatives d’investissements
et favoriser leur retour au bercail.
L’une des mesures que nous avons
récemment prises pour répondre à une demande pressante liée aux conditions de
séjour de nos compatriotes à l’étranger est la possibilité de délivrer
dorénavant les passeports biométriques dans les pays d’accueil.
Nous avons bien conscience que la
matérialisation de la nouvelle marche que nous voulons imprimer à notre
politique extérieure requiert des moyens d’accompagnement, en particulier des
conditions de vie et de travail décentes pour nos diplomates.
C’est pourquoi, depuis l’année
dernière, le Gouvernement a procédé à la revalorisation substantielle des
salaires et primes de nos fonctionnaires diplomatiques.
Il n’est pas superflu de rappeler
que ces revenus n’avaient pas connu d’ajustement depuis plus de deux décennies
en dépit de l’augmentation constante du coût de la vie dans les pays
d’accréditation.
Mesdames, Messieurs,
Fidèle à sa tradition
diplomatique, la Guinée continuera à œuvrer pour préserver et consolider ses
relations de bon voisinage, à renforcer et diversifier ses liens d’amitié et de
coopération avec tous les pays qui partagent ses idéaux de paix, de liberté, de
dialogue, de sécurité et de développement solidaire.
En même temps, notre pays poursuivra
résolument sa contribution aux initiatives d’intégration sous régionale et
continentale, de même qu’au renforcement du multilatéralisme.
Parlant de l’engagement de notre
pays en faveur du multilatéralisme, comment ne pas être fier de l’honneur fait
à la Guinée de présider cette année le Groupe des 77 plus la Chine, l’un des
plus importants organes consultatifs des Nations unies ?
En prenant le flambeau de ce
Groupe, nous avons affirmé notre détermination résolue à porter haut la voix
des pays en développement et à prôner le renforcement de la coopération et de
la solidarité internationale, à l’heure où l’humanité fait face à de multiples
défis qu’aucun Etat, si grand et si puissant soit-il, ne peut prétendre relever
en vase clos.
Pourrais-je alors trouver une
meilleure occasion que cette tribune pour reconnaitre le grand mérite du
Président Alpha CONDE dont l’aura et l’audience sur la scène internationale ont
permis à notre pays d’être audible et sa voix prise en compte dans le concert
des Nations.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale, Honorables Députés, Distingués invités,
Voici donc les éléments que je
souhaitais partager avec vous aujourd’hui.
La conduite des affaires
publiques, lorsqu’il s’agit de la réforme en particulier, est un processus
complexe.
Monsieur le Président de la
République et moi-même n’ignorons rien des aspirations de nos populations à de
meilleures conditions de vie.
Ces aspirations, nous les
entendons s’exprimer quotidiennement, au sein de l’opinion publique et dans les
familles.
Certes, on ne gouverne pas un
pays avec les clameurs populaires. Mais il est tout de même de notre
responsabilité de gouvernants et de responsables politiques d’être en phase
avec les préoccupations de nos concitoyens et d’y apporter les solutions
appropriées.
Mon intime conviction, c’est que
l’aspiration profonde des Guinéens, c’est de voir le Président Alpha CONDÉ
inscrire la Guinée dans une nouvelle dynamique de gouvernance économique,
politique et sociale. L’aspiration profonde des Guinéens, c’est de voir la
Guinée « gouvernée autrement ».
Nous avons le devoir patriotique
et la responsabilité historique de laisser à nos enfants et petits-enfants une
Guinée unie, solidaire et prospère.
Au nom de Monsieur le Président
de la République, en mon nom personnel et en celui de l’ensemble du
Gouvernement, j’en prends devant vous l’engagement solennel.
Monsieur le Président de
l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Pour réaliser l’idéal que nous
partageons pour notre Guinée et répondre aux aspirations profondes des Guinéens
qui ont soif de progrès, je ne doute pas de notre union sacrée et d’un
véritable sursaut patriotique.
Gouverner demande du courage et
de la détermination face à la difficulté d’agir et de décider. C’est pourquoi,
nous sollicitons votre soutien et l’adhésion de nos compatriotes. C’est
ensemble en tant qu’acteurs et citoyens que nous allons réussir ou échouer face
à notre avenir à tous et le destin de notre pays.
Il y a l’engagement du
gouvernement, il y a la responsabilité des Guinéens, individuellement et
collectivement !
La responsabilité dont il s’agit
pour les dirigeants, est la faculté à dire toute la vérité sur toute la
situation de notre pays et à se montrer le plus sincère possible avec notre
peuple qui a le droit de savoir pour mieux comprendre.
La responsabilité qui revient aux
Guinéens est d’accepter la vérité telle qu’elle est. Nous ne devons pas nous
laisser tromper par des discours démagogiques et les fausses promesses. Nous ne
devons pas nous laisser bercer d’illusions : chacun le voit, le sait, le
constate, le sent, l’économie mondiale est éprouvée, celles de tous les pays
sont fragilisées et exposées à de nombreuses incertitudes.
Nous ne devons donc pas nous
cacher des réalités auxquelles tous les peuples sont confrontés depuis
l’apparition de la covid-19.
En effet, en plus de ses
conséquences sanitaires, cette pandémie a entrainé une crise économique et
financière que le monde a rarement connue.
La rareté des denrées
alimentaires et d’autres produits, surtout industriels et agricoles, provoque
une très grande augmentation des prix dans le pays. C’est ce qui explique que
les prix des denrées de première nécessité comme le riz, la farine, le blé, le
sucre, le lait subissent le coût élevé des transports qui a doublé pour les
containers.
Donc tous les pays connaissent
une crise profonde qui affecte considérablement les conditions de vie des
populations et leur pouvoir d’achat.
La Guinée malheureusement
n’échappe pas non plus à la crise économique et financière mondiale et ses
conséquences sociales dramatiques.
Le Gouvernement doit donc avoir
le courage de dire la vérité au peuple. L’année 2021 ne sera pas une année
facile. Nous devons donc nous préparer à des difficultés dans nos conditions de
vie habituelles.
Le Gouvernement fera de son mieux
pour en limiter les effets et les conséquences. Mais cela ne sera pas suffisant
pour faire face à toutes les difficultés et à tous les défis actuels.
Le Gouvernement est déterminé à
lutter contre les spéculateurs qui veulent saboter l’économie par des
augmentations abusives des prix des denrées alimentaires.
C’est pourquoi nous venons de
vous déposer un projet de loi dont l’adoption va permettre de donner au
Gouvernement des moyens juridiques pour neutraliser et sanctionner les
spéculateurs.