Nous sommes dans un état violent ! Il y a un sentiment d’élimination des
meilleurs… Ces propos sont de Dr Sékou Koureissy Condé. Invité de Mirador, ce
jeudi, le leader de l’ARENA et ancien médiateur de la république s’est exprimés
sur l’incarcération des anciens dignitaires du régime déchu.
« La plateforme UPP a exprimé sa compassion pour les cadres
des partis politiques en privation de leur liberté », explique le porte-parole
de la plateforme. Selon Dr Condé la classe politique se sent pourchassé et
sent une logique de décapitation. A partir de ce moment-là, soutien-t-il, il y a un sentiment de solidarité qui se
dégage : « être indifférent au sort d’un autre journaliste n’est pas
bon journaliste ».
Parlant de la justice il explique
qu’il n’y en a pas trois dans le monde : « il y a la justice
accusatoire, c’est la justice anglo-saxonne, où l’accusé mène ses enquête et le procureur mène
ses enquêtes, donc des deux côtés. Il y a aussi la justice inquisitoire que nous avons en France et ailleurs, où c’est
le procureur et la police qui mènent les enquêtes. Le droit est classique c’est connu. »
Pour lui, l’Etat ne regrette pas, l’Etat
répare. Mais, poursuit-il, nous sommes dans un état violent ! Il y a un sentiment d’élimination des
meilleurs. Ce qui ne peut pas progresser la société. « Lorsque vous parlez de Kassory Fofana,
vous parlez de quelqu’un qui a été premier de sa classe, qui a été Premier
ministre de ce pays, qui a été ministre de l’économie et des finances, qui a
été ministre dans d’autres départements, qui a mené des négociations et des
négociations. Combien de millions et de milliards de dollars il a rapporté à la
Guinée ? Vous parlez de Cellou Dallein Diallo, les réalisations infrastructurelles,
les ponts dans le pays…Chacun de nous a un passé dans ce pays ».
Ainsi, poursuit-il, lorsque vous
n’avez pas les preuves palpables -c’est la justice qui a les preuves palpables-
aucun d’entre nous ne peut revendiquer une preuve. « Ça sera une dénonciation
calomnieuse. C’est la preuve de la justice qui est la véritable preuve. Donc
moi je dis encore une fois, la justice pénale doit prendre soin de son image et de sa santé
pour montrer aux Guinéens que notre société ne doit pas être violente. Il faut
réparer les tors. Aujourd’hui, j’ai un
sentiment de révolte et de peur pour ce pays-là. De génération en génération, nous
continuons de nous abattre. On a mis des Guinéens dans des fausses communes
dans ce pays-là, pendu des Guinéens
dance pays-là, on a fusillés des gens dans ce pays-là. Qu’on arrête ça !
Il y a des familles victime du camp Boiro, des familles victime du 4 juillet, des
familles victimes du 28 septembre, il y a des victimes et des victimes. N’augmentons
pas le nombre de victimes ».
A propos des malversations
financières pour lesquelles les anciens ministres en détention sont accusés, l’ancien
ministre de la sécurité indique : « je suis fondamentalement contre
la corruption, parce que partout où il y a la corrompus, il y a les
corrupteurs. Moi je me suis donné comme model, je ne suis pas riche. J’ai quitté
le gouvernement de la république le 26 mars 2001, je suis allé aux Etats-Unis,
j’avais 120 dollars, c’est pitoyable pour un ancien ministre de la sécurité.
Moi je ne connais pas la richesse pour
le moment, mais je n’aime pas l’injustice.
Je dis qu’il faut un procès en bonne et due
forme. Il y a un schéma, une structure d’Etat
qui est chargé de dire qui a raison et qui a tort. La justice a pour mission de
déterminer la culpabilité des hommes et des femmes. Mais, j’ai un sentiment d’improvisation et de
précipitation et je pense que l’Etat peut corriger çà. S’il s’agit de récupérer
l’argent, la prison ne fait pas récupérer l’argent. S’il s’agit d’établir les culpabilités,
ce n’est pas la privation de liberté qui va le faire, c’est la procédure
judiciaire et les enquêtes qui vont le faire. Pour le
moment, on a le sentiment qu’on élimine les meilleurs, qu’on s’acharne sur les
meilleurs d’entre nous. »
GMC