Le Premier ministre
Mohamed Béavogui a animé un point de presse hier. La communication intervient
pendant que le FNDC et des partis politiques décident de partir dans la rue
pour exiger entre autres la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif. Il
en appelle à la responsabilité de tous les acteurs et se porte adjuvant à la crise.
Pour quelle marge de manœuvre ?
Le Premier ministre a justement fait allusion à l’impérieuse
nécessité ; comme il sait souvent l’exhorter, que les Guinéennes se
parlent. Que leur divergence soit le moteur d’un dialogue. Là-dessus, Mohamed
Béavogui s’engage à entamer avec l’appui du ministre de l’administration du
territoire, « un véritable dialogue ». Est-ce que le Premier ministre
a finalement donc compris qu’il lui importait l’impulsion du dialogue social et
politique ? Donc qu’il ait su convaincre en ce moment, le colonel Mamadi
qu’il ne fallait pas aller dans un bras de fer, qu’il ne fallait pas se cogner
dedans surtout pas lorsque le spectre des sanctions de la Cédéao plane. Entamer
un véritable et inclusif dialogue en vue notamment d’examiner la durée de la
transition avec l’ensemble du corps social et du personnel politique, reportera
la prise des sanctions et évitera au pays une crise sociopolitique interne.
Le Premier ministre dans sa communication sollicite
également le concours de l’organisation ouest-africaine. Ce qui sonne comme une
acceptation tacite du médiateur Chambas qui n’est pas encore arrivé à Conakry
alors que son homologue désigné dans la crise au Burkina lui a déjà pris le
pouls de la situation. Faudra-t-il également supposer de ce point de vue que le
CNRD est en fin disposé à ouvrir un cadre de dialogue conformément aux
exigences des organisations opposées à la marche actuelle de la
transition ? Si cela arrivait le colonel ne devrait pas se percevoir en
tension puisqu’il avait laissé entrevoir lors de son discours annonçant les 39
mois médians, la possibilité du compromis.
Aussi vrai que le Premier ministre ait fait siennes les
revendications du FNDC, est-ce que son engagement ferait fléchir le front
sachant bien évidemment que le CNRD avait alors relativisé l’engagement de
Mohamed Béavogui qui promit à la Cédéao la rapide mise en place du CNT ? En
ce moment ils exigeront parce que désormais en position de force, d’échanger
directement avec le CNRD. Dans l’autre sens, le FNDC se verrait un peu taxé de
prétention démesurée s’il ne considérait pas cet appel de Béavogui comme une
main tendue. Une vraie ! Répondre néanmoins à l’appel du PM passerait
comme une preuve de bonne foi de la part du FNDC qui se verrait en ce moment
davantage renforcé dans l’opinion.
Mamadou Dian