La médiation des sages des coordinations régionales et des guides religieux aura contraint finalement le Front national pour la défense de la constitution (Fndc) à ronger son frein. Cette trêve obtenue à l’arrachée, à la veille d’une manifestation de rue redoutée, va permettre sans doute d’éviter un esclandre dans la cité, afin de donner une chance au dialogue. Car d’accalmie et de paix, notre pays en a grand besoin en cette période d’interrègne, pour une remise en selle. Quand on sait qu’une gestion manichéenne de la transition ne ferait que nous enfoncer davantage dans la mélasse, en lieu et place du saut qualitatif qu’il faut à la Guinée, en termes de refondation de son état
Il aura fallu une partition de
haute volée de missi dominici issus de collèges des sages, des prélats et des
ulémas, pour faire baisser l’adrénaline dans le landerneau. Après de vives escarmouches
entre la junte et le Fndc, qui dénotent une forte montée de tension entre les
deux camps, dans la perspective d’une bataille de titans.
Sur les motifs invoqués par la
coordination pour justifier son envie de ferrailler avec la junte, figure en
bonne place les 36 mois, fixés comme durée de la transition. Un délai que la
coordination juge assez long voire provocateur à l’endroit des Guinéens.
Au regard de toutes ces réserves,
certains observateurs disent comprendre que le Fndc brûle ainsi d’envie d’en
découdre avec les autorités de la transition. In fine, la coordination a levé
le pied, en renonçant à sa marche pacifique de ce jeudi.
Donnant ainsi une chance à la
mise en place d’un cadre de dialogue, censé rabibocher les parties
antagonistes. Cette trêve obtenue à l’arrachée, grâce aux bons offices des
sages et des guides religieux a été accueillie avec circonspection au sein de
l’opinion.
Il conviendrait de noter que
l’Anad de Cellou Dalein Diallo continue pour sa part de freiner des quatre fers
contre le cadre de dialogue dans sa configuration actuelle. C’est du moins ce
que l’un des lieutenants de Dalein a réitéré au lendemain de cette trêve. Dr
Fodé Oussous Fofana qui s’exprimait dans Mirador, au lendemain de cette trêve
bienvenue, a rappelé à qui voulait l’entendre que son alliance n’avait rien
avoir avec le troisième round de concertation prévu pour ce vendredi. Auquel le
ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory
Condé convie pourtant les partis politiques, sous l’égide du Premier ministre.
Le refus de cette main tendue
pourrait accentuer la pression sur le gouvernement, dans le but de le
contraindre à revoir le cadre de dialogue au goût de l’Anad, une alliance qui
serait d’intelligence avec le Fndc. De quoi conforter les détracteurs de la
plateforme, qui l’accusent de jouer les seconds couteaux, au service de
certains Ayatollahs de la classe politique.
En tout état de cause, bien des
gens s’accordent pour dire qu’il ne servait à rien de gérer la transition de
manière manichéenne. Une pratique qui, on se souvient a mené le pouvoir déchu
droit dans un trou noir. Pour éviter donc les erreurs du passé, le chef de la
junte doit descendre de son Olympe pour prêter une oreille attentive aux
revendications des forces vives. Des forces vives qui devraient éviter aussi de
saper le processus de transition, dans le seul but de préserver leurs intérêts
égoïstes. Aucun retour en arrière n’est désormais souhaitable pour ce pays qui
cherche ses marques depuis la nuit des temps.