Le rapt d’Etienne Soropogui le samedi dernier, au sortir de l’émission Mirador, suivi le lendemain de l’interpellation de l’ancien édile de Kindia, Abdoulaye Bah du côté de Koundara, préfecture située à l’extrême nord-ouest de la Guinée ne pourraient qu’en rajouter à la psychose, qui s’est emparée de tous ceux qui n’emboucheraient pas la même trompette que la junte. Même si Abdoulaye Bah n'aura fait que sentir le vent du boulet. Cette atmosphère de plomb vient raviver des souvenirs de la face hideuse de l’ancien régime, où on se croyait dans un univers orwellien. Avec le spectre de Big Brother qui planait sur tout le monde.
Interpellé par une escouade de gendarmes le samedi dernier,
alors qu’il venait à peine de quitter les locaux du Groupe Fréquences Infos
Médias, dont il était l’un des invités de l’émission Mirador, M. Etienne
Soropogui, président de nos Valeurs communes pourrait de nouveau grossir les
rangs des militants pro-démocratie, détenus à la maison centrale de Conakry. Si
ce n’est déjà le cas. Cet activiste de la société civile, à la critique facile,
rejoint ainsi le purgatoire, dont il avait été extrait par les tombeurs d’Alpha
Condé, au lendemain du putsch du 05 septembre 2021. Tout comme M. Abdoulaye
Bah, l’un des lieutenants de Cellou Dalein Diallo, réputé pour sa faconde. Cet
autre ancien taulard serait aussi dans l’œil du cyclone. Bloqué à la frontière
guinéo sénégalaise, alors qu’il était en partance pour Dakar, en compagnie de
son père malade, tout porterait à croire que l’ex maire de Kindia n’en n’a pas
fini avec les « délices » de la prison de Coronthie. A moins que Saint Jacques
ne répande sa grâce sur lui. Et ça a été bien le cas à la dernière minute,
puisque le conseiller politique de Dalein a pu finalement franchir la
frontière. Il y a eu plus de peur que de mal.
En attendant de savoir le pourquoi du comment de
l’interpellation du leader de nos Valeurs communes, certains observateurs
pensent que son appartenance à l’aile dure des forces vives y serait pour
quelque chose. Il s’agit en effet de cette frange regroupant le FNDC et l’ANAD,
qui ne voit plus le gouvernement de transition en peinture. Accusant celui-ci à
tort ou à raison, d’avoir trahi son serment en devenant au fil du temps, la
mauvaise conscience de la transition.
Du coup l’idylle entre les deux parties s’est transformé en
mano à mano dans lequel chacun y va de ses arguments. Ainsi dans ce bras de
fer, le FNDC et ses alliés ne se sont pas trituré les méninges pour trouver la
potion magique susceptible de faire plier la junte. Cette arme fatale, qu’est
la rue, ils l’avaient à portée de main. Des manifestations qui n’auront fait
que rendre le pouvoir plus ombrageux. D’où le recours à ces arrestations
extrajudiciaires des frondeurs. Pour un oui ou pour un non. Une autre vieille
recette bien ancrée dans les mœurs de nos gouvernants. Étienne Soropogui et
l’aura appris à ses dépens. Il pourrait rejoindre Foniké Mengué et compagnie,
d’autres bons clients du mitard, à leurs corps défendant.
Ce rapt aura provoqué toutefois une vague d’indignations au
sein de l’opinion.
Mamadou Dian Baldé